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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/146

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Étiquette, n. f. Terme de lutherie. Petite bande de papier collée à l’intérieur de la caisse du violon et des instruments de la même famille, et portant le nom et l’adresse du luthier qui les a fabriqués, avec, quelquefois, la date du travail. Les É. sont d’un grand intérêt pour l’histoire de la lutherie. Vidal, Gallay, Grillet, Jacquot en ont reproduit de longues séries dans leurs ouvrages sur le violon.

Étoffe, n. f. Alliage de 2/3 d’étain pour 1/3 de plomb, ou mélange à parties égales de ces deux métaux, servant à la fabrication des tuyaux d’orgues.

Étoile, n. f. Ancien ornement de quelques buffets d’orgues au moyen âge, consistant en une roue en forme d’étoile, ou de soleil, dont les rayons supportaient des clochettes et qui tournait sur son axe au commandement d’un mécanisme spécial.

Étouffoir, n. m. Partie du mécanisme du piano et de l’ancien clavecin à marteau, faite de petits tampons de drap, qui retombent d’eux-mêmes sur les cordes et en étouffent le son, aussitôt que les doigts du pianiste cessent de presser la touche correspondante. L’invention revendiquée en faveur d’un nommé Lemper, de Rudolstadt, a été restituée à son véritable auteur, Cristofori, qui l’appliqua en 1711 et fut suivi par Schrœter (1721) et Séb. Érard (1823). C’est par l’action des É. que s’obtiennent les effets de sourdine au piano. (Voy. Pédale, Sourdine.)

Étude, n. f. Pièce de musique vocale ou instrumentale composée en vue de l’enseignement et dans laquelle un exercice d’exécution se trouve présenté sous un aspect artistique. Les É. destinées au chant sont le plus souvent intitulées Solfèges ou Vocalises (voy. ces mots). Hormis quelques morceaux isolés qui sont intitulés Studio dans les œuvres de Durante († 1755) ou de D. Scarlatti (1685-1757), pour le clavecin, le nom d’É. est rarement donné par les maîtres anciens aux pièces mêmes qu’ils écrivaient dans une intention pédagogique. C’est par le mot « Exercices » que Clementi a modestement désigné les cent grandes É. qui forment son recueil célèbre, le Gradus ad Parnassum (1817). Rode appelle Caprices ses jolies É. pour violon, et Boëly, celles qu’il compose, vers 1810, pour le piano. À cette époque, cependant, le genre É. commençait à prendre une place considérable dans la production instrumentale. Bien qu’aucune forme particulière ne répondît à ce nom, le plan généralement suivi était celui de l’aria avec da capo, ou du premier mouvement de sonate, avec partie centrale peu développée. On s’attachait à traiter dans chaque morceau une formule technique spéciale, et l’on disposait un recueil de manière à passer en revue les éléments essentiels de la virtuosité. Ce dessein, inhérent au but de l’É., y est resté traditionnel. Depuis le commencement du xixe s., il n’est guère de virtuose ou de professeur qui n’ait publié des É. pour son instrument. Plusieurs maîtres de piano renommés, comme le trop abondant Czerny († 1857) ou Henri Bertini (1798-1876), en ont fait paraître des séries nombreuses, formant un cours progressif. Les É. de Cramer (1771-1858), qui comptent parmi les plus anciennes, sont restées classiques. Celles de Steibelt, Kalkbrenner, Hummel, Moschelès, Thalberg, Alkan, Stamaty, Henselt, Stephen Heller, Le Couppey, Marmontel ont été jouées par deux ou trois générations de pianistes et font encore partie du programme d’enseignement de certains professeurs. Du milieu de ce répertoire trop souvent dénué de valeur proprement musicale se détachent les étincelantes É. de Chopin, op. 10 et 25 (1833 et 1837), véritables poèmes sonores, en même temps que précieux « exercices » techniques. Les É de Schumann, d’après les Caprices de Paganini, s’élèvent également au-dessus du niveau habituel. Les É. d’exécution transcendante, de Liszt, sont, comme leur titre le laisse deviner, de grands morceaux de concert où la virtuosité pianistique poussée à son paroxysme n’annule pas l’intérêt d’un style musical plein de fougue romantique. Les É. purement pédagogiques sont tombées de nos jours dans un discrédit relatif. D’éminents musiciens désavouent la méthode des longs exercices vides de sens musical, et mettent l’élève pianiste, presque dès ses débuts, au régime de Bach. Les œuvres qui paraissent de nos jours sous le titre d’É. pour le piano sont souvent isolées. Si vieux que vive un pianiste, il n’atteint plus, comme Czerny, son op. 798, et la qualité de ses ouvrages lui tient plus à cœur que leur nombre. Pour mesurer l’espace parcouru en un siècle par l’habileté technique dans le jeu du piano, et la transformation du style de l’É. instrumentale, accomplie dans le même temps, il suffit de comparer les 50 É. spéciales du professeur