Aller au contenu

Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et présentée du côté de la paume, y fait coïncider, selon les formules de la solmisation, les noms des notes de la gamme, inscrits sur chaque phalange. Ainsi se trouve tracé une sorte de tableau tenant lieu de notation pour épeler ou chanter de simples mélodies. Le maître, levant sa main gauche ouverte sous les yeux de ses élèves, y désigne l’emplacement de la note à entonner ; et l’élève, considérant sa propre main, y trouve un moyen mnémonique qui l’aide à retenir les règles arides de la pratique des Muances (voy. ce mot).

Main guidonienne.
Main guidonienne.
Main guidonienne.

Longtemps après que l’adoption de la gamme par octaves eut relégué dans l’oubli le système des hexacordes et la main qui avait longtemps aidé à en enseigner la pratique, des essais nouveaux furent tentés pour utiliser la main dans l’enseignement populaire. Bocquillon-Wilhem imagina (1839) de se servir des deux mains pour indiquer la position de la voix, soit dans la région de la clef de fa, soit dans celle de la clef de sol, des doigts et des espaces qui les séparent pour exprimer les noms des notes, avec cette particularité, que la racine ou la pointe du doigt ont la signification du bémol et du dièse. De nos jours, la méthode proposée sous le nom de Phonomimie est une notation gesticulée où les positions diverses des mains et des doigts représentent les notes musicales à la manière dont la mimique inventée pour les sourds-muets par l’abbé de l’Épée représente les sons du langage.

Maître, n. 2 g. f. maîtresse. Celui qui enseigne la musique, ou une partie quelconque de sa pratique ou de sa théorie. Aux locutions anciennement en usage, M. à chanter, M. pour jouer du clavecin, se sont substituées celles de M. ou plutôt de professeur de chant, de piano, etc. || Celui qui dirige un chœur religieux. Il exerce les fonctions de M. de chœur, ou de M. de chapelle. Les chapelles souveraines et les chœurs des églises cathédrales ou collégiales comptaient autrefois parmi leurs membres toute une hiérarchie de M. et sous-maîtres de chapelle et de M. des enfants. || Celui qui a atteint, soit comme professeur, ou compositeur, soit comme exécutant, un rang éminent dans son art, et dont on dit qu’il « en possède la maîtrise ».

Maître-chanteur, n. m. traduit de l’allemand Meistersinger. * Compositeur de l’école allemande aux xve et xvie s., qui avait satisfait aux épreuves imposées par sa corporation pour mériter le titre de maître. Les M.-C. (Meistersinger avaient succédé aux Minnesinger, dont ils avaient encore exagéré l’étroitesse et la tyrannie des règles de composition ainsi que la sévérité dans l’admission des nouveaux maîtres. Mais leur œuvre n’a dans son ensemble, laissé rien de durable, et il a fallu tout le génie d’un R. Wagner pour placer à un haut rang Hans Sachs et ses confrères de Nuremberg, les derniers des Meistersinger. (Voy. Minnesinger.)

Maîtrise, n. f. École dans laquelle les enfants de chœur d’une église reçoivent leur éducation musicale. Disséminées sur toute l’étendue du territoire, entretenues par des fondations ou par la libéralité des chapitres ou des fidèles, fonctionnant avec une régularité que les exigences du service liturgique ne laissaient point relâcher, recrutées le plus souvent après concours entre enfants doués des meilleures voix, les M. ont tenu dans l’histoire de la musique française sous l’ancien régime un rôle d’une extrême importance et qui était bien loin de se limiter au domaine religieux : car au sortir de ces écoles, les élèves se trouvaient pourvus du plus solide fonds d’instruction artistique qu’ils développaient ensuite dans une direction de leur choix ; en sorte que la plupart, ou presque tous les grands musiciens du xve au xviiie s. étaient sortis de quelque M. Ces institutions ont eu un certain renouveau, au moins pour les cathédrales, grâce aux subventions officielles, d’environ 1850 à 1880, et ont pu servir ainsi encore la cause de l’art. Les conditions de la vie de l’Église depuis cette époque n’ont pas permis de les maintenir au même rang ;