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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/328

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Chartres, cathédrale, 1513 (et en partie de 1475) ;
Tirlemont, Saint-Germain, vers 1520 ;
Alkmaar (Hollande), vers 1520.
Pour l’époque plus récente, v. Buffet.


Les orgues ont été construites de bonne heure à deux ou trois claviers, placé côte à côte. On signale des positifs (voy. ce mot), placés « dans le dos de l’organiste » au xiiie s., et des orgues avec claviers superposés au xve, bien que rarement encore employés, ainsi que les pédaliers, tout récents, et ne parlant qu’en tirasses (voy. ces termes). L’ensemble des jeux de fonds et de mutation existait dès lors, mais on ne connaissait guère, en jeux d’anche, que le chalumeau et la régale. Au xvie s., on trouve toute une série de jeux nouveaux.

L’orgue de Saint-Godard, à Rouen, en 1632, contenait, d’après le devis établi par J. Titelouze, et publié par A. Pirro, 18 jeux au grand orgue, 7 au positif et 3 au clavier de pédales. Les deux claviers manuels comprenaient chacun 48 touches, le pédalier 28. Les jeux étaient : 1. Montre, 16 pieds ; — 2. Bourdon, 8 pieds ; — 3. Prestant, 4 pieds ; — 4. Doublette, 2 pieds ; — 5. Flûte, 4 ou 8 pieds ; — 6. Petite flûte, 2 ou 4 pieds ; — 7. Sifflet, 1 pied ; — 8. Quinte de flûte, 3 pieds ; — 9. Petite quinte, 1 pied et demi ; — 10. Fourniture à 4 rangs à reprise d’octave ; — 11. Cymbale à 3 rangs à reprise de quarte ; — 12. Cornet à 5 rangs (du milieu du clavier seulement) ; — 13. Trompette, 8 p. ; — 14. Clairon, 4 p. ; — 15. Régale pour servir de voix humaine ; — 16. Tremblant ; — 17. Rossignol ; — 18. Tambour.
Positif : 1. Montre, 8 p. ; — 2. Prestant, 4 p. ; — 3. Doublette, 2 p. ; — 4. Quinte de flûte, 3 p. ; — 5. Fourniture à reprise d’octave ; — 6. Cymbale, id. ; — 7. Cromorne, 8 p. ; — (Accouplement du positif avec le grand orgue).
Pédales : 1. Bourdon, 8 p. ; — 2. Flûte, 4 p. ; — 3. Trompette, 8 p.

L’orgue de Saint-Gervais, à Paris, remontant à la fin du xviie s., restauré et agrandi de 1760 à 1769 par Fr. Henri Clicquot, passa pour le plus bel instrument de son temps. C’est un grand 16 pieds en montre, à 5 claviers et 1 pédalier, comprenant 38 jeux. 6 soufflets correspondent, selon l’usage du temps, chacun à l’un des claviers et au pédalier. L’orgue de Saint-Sulpice, achevé par Clicquot et Dallery en 1781, contenait 52 jeux aux claviers à main et 11 au pédalier, soit 63 en tout. D’après l’Avant-Coureur du 16 mars 1767, aucune église de France ne possédait de jeu d’anches de 32 pieds, lorsque le premier fut posé par Perronard dans l’orgue de la cathédrale de Reims, où l’on trouva qu’il faisait « l’effet le plus noble et le plus majestueux ». Dom Bédos (1765) prévoit la registration à employer dans l’orgue pour l’accompagnement des voix ; cet accompagnement « doit être proportionné à leur volume et à leur éclat ». Le plein jeu pour un chœur bien fourni de voix ; pour une seule voix de récit, faible, un seul petit bourdon, etc. « Une voix qui chante doit toujours dominer ; l’accompagnement n’est que pour l’orner et la soutenir. »

L’usage de l’orgue dans l’église fut longtemps proscrit par la liturgie lyonnaise. Ce fut seulement en 1842 que le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, permit l’installation d’un petit orgue d’accompagnement dans le chœur de la cathédrale, puis l’établissement d’un orgue plus important, qui fut reconstruit par Merklin en 1873-1875 et placé sous un arceau avec un buffet exécuté sur les dessins de Bossan. L’orgue de Saint-Sulpice, à Paris, tel qu’il fut reconstruit par A. Cavaillé-Coll en 1860, demeura longtemps le plus considérable en même temps que le plus parfait des orgues d’église. On y compte 100 jeux, répartis en 5 claviers à mains et 1 clavier de pédales, plus 20 pédales pour les accouplements, appels et transmission de jeux, 126 rangées de tuyaux formant ensemble environ 7 000 tuyaux. Par les jeux de combinaison disposés sur les claviers à mains, un nombre presque illimité de combinaisons est possible. L’orgue de Saint-Eustache, refait par Merklin (1879), compte 4 claviers à mains et 1 clavier de pédales, 72 jeux.

|| En Allemagne, en 1503, on cite l’église d’Innsbrück qui possédait « une orghes, les plus belles et les plus exquises que jamais ie vey. Il n’est instrument du monde quy ny joue, car ils sont tous là-dedans compris. » (Voyages des souverains des Pays-Bas, i, 310). Mais peu d’années après, l’usage de l’orgue dans le culte protestant donna lieu à des controverses (renouvelées presque en tous pays et à diverses époques). Zwingli tenait l’orgue en aversion. Luther, qui aimait, cultivait et encourageait le chant, se montrait peu favorable, et plutôt méfiant à l’égard de l’orgue. Dans l’esprit de beaucoup de protestants du xvie s., l’orgue apparaissait comme de nature catholique. L’orgue de Zurich fut détruit en 1527. Celui de Poitiers, l’un des plus beaux de France, dont le buffet était « tout peint et figuré », fut brisé en