Aller au contenu

Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/388

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

geait que son récitatif fut chanté « tout uni ». Mais il en résulte une grande monotonie, qui tient pour une part à cette sévérité des formes, mais également à la trop grande étendue des scènes disposées en récit, et non moins à la structure des vers de Quinault, où « l’accentuation exagérée de la rime dans les vers courts, de la césure et de la rime dans les vers de douze syllabes », amène forcément une raideur et une monotonie constantes. Le récitatif était exécuté, au temps de Lulli, d’une façon beaucoup plus vive et moins traînante qu’il ne le fut depuis. Le récitatif français de Lulli, maintenu par ses successeurs, est fortement déclamé sur des rythmes libres, les chiffres de mesure changeant sans cesse :


\language "italiano"
basMusic = \relative do'' {
  \key re \major   \once \override Staff.TimeSignature.style = #'single-digit \time 2/2 \autoBeamOff
  \partial 4 fad4 | lad,2 lad8 r fad fad   \once \override Staff.TimeSignature.style = #'single-digit \time 3/4 | \break
  \override Score.Clef.break-visibility = ##(#f #f #f)
  dod'8. dod16 mi4 mi8 re16 dod |
  \time 4/4 \grace dod8 re4 re8 r
}
basWords = \lyricmode {
  Prin -- ces -- se quels ap -- prêts me frap -- pent dans le tem -- ple?
}
\score {
  <<  
      \new Staff = "altos"
      <<
        \new Voice = "altos" { \basMusic }
      >>
      \new Lyrics \lyricsto "altos" { \basWords }
  >>
    \layout {
      \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  } % layout
} % score
\header { tagline = ##f}
(Rameau, Hippolyte et Aricie, acte i, 1733.)

Le récitatif accompagné remonte aux premiers temps de l’opéra vénitien. Mais, à partir de Leonardo da Vinci et de Hasse, aux environs de 1725-1730, les grands monologues dramatiques, récités avec orchestre, se développèrent d’une façon inattendue et magnifique. C’est le récitatif avec orchestre dramatique. Il ne fut pas accepté sans résistance par les poètes, par les vieux musiciens, par le public même. On se plaignait de voir les instruments empiéter sur les voix, de ne plus entendre les paroles (1740). Jommelli, sur ce point, tient tête obstinément à Métastase. Tosi distingue trois sortes de récitatifs, d’église, de théâtre, de chambre, pour lesquels il prescrit trois manières d’exécution : la notation était alors tellement succincte pour le récit, que les chanteurs pouvaient et devaient y collaborer selon leur goût et leur talent par le style d’exécution qui permettait l’usage de formules ornementales. Pour le récitatif d’église, il fallait « une belle mise de voix, des appogiatures fréquentes et une continuelle noblesse de style ». Le récitatif de théâtre était inséparable de l’action scénique, mais devait conserver « ce ton noble et élevé qui sied aux princes et à leur entourage ». Le récitatif de chambre exigeait plus d’expression et laissait plus de libertés. Les critiques très vives que fait Tosi de la manière de chanter les différents récitatifs montre que l’initiative des chanteurs s’y donnait carrière, souvent au détriment de l’art. Il blâme aussi la monotonie qui résulte de « l’ennuyeuse cantilène » et de l’abus des « cadences rompues ».

|| Le récitatif liturgique, dans le chant romain, héritier de la cantillation juive, est une lecture chantée, des prières liturgiques, ou des extraits de la Bible et du Nouveau Testament. On a distingué trois sortes de récitatif liturgique : 1. Le chant recto tono, sur une seule note, sans inflexion d’aucune sorte : manière devenue assez commune, mais qui ne paraît pas avoir été pratiquée par les anciens, et qui est antinaturelle, puisqu’elle supprime les accents de la parole. (Voy. Recto tono.) 2. Le récitatif sur une seule note, mais avec séparation des principales divisions du texte par des formules qui le ponctuent, en reposant la voix sur la médiante à chaque division et en amenant le repos final par une terminaison conclusive. 3. Le récitatif varié par des inflexions multiples qui suivent et amplifient celles de la parole. Tous ces récitatifs se meuvent autour de la corde récitante, ou son central pris dans le médium de la voix. Des formes analogues ont été constatées dans le chant ambrosien et le chant mozarabe, ainsi que dans ceux des diverses communautés chrétiennes orientales.

Réclame, n. f. Synonyme de reprise, dans la psalmodie.

Recorder, n. m. anglais. L’un des jeux d’orgue de la facture anglaise, sorte de flûte d’un caractère spécial.

Recoupe, n. f. Nom donné dans le Livre de Luth anonyme publié par Attaingnant en 1529 à des pièces de musique de danse : 18 basses dances garnies de recoupes et tordions. Je suppose ce terme analogue à la « Reprise » des livres de luth italiens du même temps.

Recto tono, t. lat., = ton uniforme. Dans le chant liturgique, manière de chanter les récitatifs sur une seule note, sans inflexion d’aucune sorte. « Ce chant, dont les anciens n’avaient pas soupçonné même la possibilité, ne se distingue de la lecture toute de convention qui lui sert de type, que par ce quelque chose de plus soutenu dans la voix qui caractérise la voix chantée… » (Dom Pothier, Mélodies grégoriennes).

Redoublement, n. m. Transport d’un intervalle à l’octave ou à plus d’une octave de distance. Dans l’har-