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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/427

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de cette œuvre diamétralement opposée à sa destination religieuse. L’école moderne peut avantageusement revendiquer le S. de Bourgault-Ducoudray, œuvre d’une très belle tenue, pour soli, chœur, orgue, violoncelles, contrebasses, harpe et trombone (édité en 1894) et dans la forme a cappella la très remarquable composition de Diepenbroek, d’Amsterdam (1895). Depuis que le S. est entré dans la liturgie au xvie s., on en a composé diverses mélodies liturgiques en forme de séquence : elles sont différentes suivant les éditions.

Staccato. Suite de notes très brèves articulées séparément. Au violon, elles se font sous un même coup d’archet. Le S. était pratiqué sur le violon en 1680. On en trouve des passages notés dans les Sonates de Henri Biber, en 1681. J.-J. Walther les multiplie dans ses Pièces publiées en 1688. Geminiani, en 1749, le marque par l’accent aigu placé verticalement. (Voy. Détaché.) Dans le jeu du violon, on appelle S. volant une sorte de coup d’archet produit par rebondissement, en passant, pour les notes successives, d’une division de l’archet à la division suivante. Il se fait dans les mouvements rapides et les intensités moyennes et produit un effet analogue à celui du sautillé. Le S. sans accents consiste à reprendre les notes suivantes sans faire sentir leur séparation par des différences d’intensité. — Le S. mordant, qui est le S. commun, est un coup d’archet brillant, qui se fait à la corde, en séparant et marquant fortement chaque note, mais d’un seul coup d’archet.

Stance, n. f. * De l’ital. stanza = chambre, peut être comparé à l’oikos = maison, de la poésie chantée byzantine ; désigne un modèle de strophe composé par le poète, et dont toutes les autres suivent étroitement le rythme. Les S. sont originairement faites pour être chantées. La musique de S. de Pétrarque par Dufay est restée fameuse. De nos jours, les S. sont déclamées, mais au théâtre on les accompagne volontiers d’une musique de scène : ex., les S. de Polyeucte.

Stentor. Nom d’un guerrier grec au siège de Troie, « dont la voix était si éclatante, qu’elle faisait plus de bruit que celle de 50 hommes » (Littré). La locution une voix de Stentor, est restée proverbiale pour une voix retentissante. Un livre publié par D. G. Morhof, de Kiel, en 1672, en latin, parle d’un homme à la voix de S., dont le son brisait le verre. Ce Nicolas Petter avait brisé 25 verres en une demi-heure devant une nombreuse assemblée. Le livre écrit à ce sujet a 250 pages. Bartoli, dans son livre Del Suono (1685), admet le fait et l’explique. L’homme était une sorte de ventriloque. Il brisait les verres à boire du modèle dit aujourd’hui Romer, verre vert à vin du Rhin, en prolongeant le son de manière à faire vibrer le verre fortement et trembler dans la main qui le tenait, jusqu’à le faire éclater. C’était un jeu de charlatan. || Jeu d’orgue moderne du type gambe ou diapason, à pression d’air renforcée.

Strambotto, n. m. ital., plur. i. Genre de poésie italienne, à l’époque de la Renaissance, divisée en couplets de 8 vers sur 4 paires de rimes pareilles. On les mettait en musique dans le style des frottoles. Les recueils de Petrucci en contiennent un certain nombre.

Strascino, t. ital. Ornement de l’ancien chant italien décrit et vanté par Tosi (1723) ; et qui consistait à « traîner » la voix en descendant de degré en degré et sur un rythme légèrement saccadé.

Cet effet vocal n’a point de signe spécial : Tosi, décrivant « la beauté du strascino » dit que « son explication serait plus facile à comprendre par la musique ». Il a lieu « quand, sur un mouvement égal de la basse cheminant lentement de noire en noire, un chanteur, vocalisant, prend le premier son d’en haut en traînant doucement au grave avec forte, puis avec piano, par degré, en déséquilibrant le mouvement, s’arrêtant plutôt sur le son moyen qui commence ou finit le strascino. ». En résumé, il est formé d’une sorte de « portamento de la voix sur le temps » et c’est un ornement instable « vago ornamento ». Les commentateurs semblent ne pas bien saisir la définition et entrent à ce sujet dans des explications longues et obscures. (Voir Port de voix.)

Stretto, n. m. ital., du lat. strictum, serré. || 1. Partie finale d’une fugue dans laquelle les réponses sont plus rapprochées. || 2. Partie finale d’un ensemble vocal, dans la musique dramatique, lorsque le mouvement y est accéléré, et les combinaisons de voix plus serrées. Le S. de la fugue s’établit sur les mêmes entrées de sujet et de réponse que l’exposition, mais à des distances plus rapprochées, et souvent en se bornant à détacher la seule tête du sujet et celle de la réponse, à l’exception toutefois de la dernière entrée, où le thème doit être entendu intégralement. L’emploi de la diminution de valeur est fréquent dans le S. où il permet de faire des entrées