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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/429

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touche, on effectue un changement de doigt. (Voy. Doigté.)

Subductio, n. f. lat.  *La subduction, dans la langue des théoriciens du xe au xiie s., s’entend de ce que nous nommons sensible ou broderie inférieure, d’un demi-ton. Alors que, dans les chants ecclésiastiques de style grégorien, les échelles modales avaient conservé la pureté antique, les chants populaires admettaient déjà, sous la finale du 1er ton et du 2e, cette subduction d’un demi-ton ré ut  ; la sol la. De même sous celle du 7e et du 8e, sol fa sol. L’usage s’en établit dans la musique polyphonique dès les xiie-xiiie s. et amena l’emploi des feintes (musica ficta), non écrites jusqu’au cours du xvie s., et qu’il est parfois difficile, et toujours délicat de fixer avec précision. (Voy. Sensible.)

Successif. Voy. Mouvement.

Suffoqué, part. passé du v. intr. suffoquer. Se dit d’un tuyau d’orgue que l’excès de vent empêche de parler.

Suite, n. f. Série d’objets se succédant dans un certain ordre. En musique, ce nom désigne une succession de morceaux, tous du même ton, ordinairement apparentés aux airs ou aux mouvements de danses, qui fut en usage principalement aux xvie, xviie et xviiie s. Cette ordonnance fut dictée par les coutumes de la danse (et non adoptée pour des raisons musicales), qui faisaient succéder aux xve et xvie s., à une danse marchée, d’allure modérée ; en mesure binaire, une danse sautée, un peu plus rapide, en mesure ternaire ; en Italie, le passe-mezzo suivi du saltarello ; en France, la pavane suivie de sa gaillarde, les 2 morceaux dans le même ton, et souvent sur le même thème ou un thème analogue. Le 4e livre de Tablature de luth (anonyme), publié par Petrucci (1508), ajoute à la pavana suivie du saltarello un 3e morceau appelé Piva. Rapidement les danses se compliquent. Le livre de Tablature de luth de Casteliono (1536) place à la suite l’une de l’autre 4 danses dans le même ton et un morceau final non dansé, c’est-à-dire 1 pavane, 3 saltarellos et 1 Tochata da sonare nel fine del ballo. Le 1er saltarello est une transformation de la pavane précédente. Entre les pièces sont introduits des morceaux appelés Riprese qui ne sont pas des « reprises » au sens moderne de ce mot, mais des pièces nouvelles (acception du terme de manège, où « reprises » désigne chaque partie d’une leçon d’équitation, d’un exercice de manège). Les tables des morceaux contenus dans les livres de luth de Casteliono, PP. Borrono, Fr. da Milano (1536, 1546), justifient cette explication. Chez Borrono les pièces sont numérotées, Pavana e suo Saltarello primo, secundo, terzo. Le 1er continue la pavane, les autres sont libres. Il n’y a plus de toccata. La liaison entre les morceaux d’une suite, tant sous le point de vue tonal que sous celui des formes mélodiques, est frappante dans le Livre de luth d’Ant. Rotta (1546). Dans des ouvrages postérieurs, les pièces changent de titre, sans que soient rompues l’opposition et la symétrie dans la succession des formes rythmiques. Au début du xviie s., le passemezzo et le saltarello deviennent très rares. La pavane à 3 temps disparaît. On voit surgir l’intrada à 4 temps, d’allure paisible, et la courante, à 3 temps, animée. L’allemande, avec son nom français, s’établit depuis 1587 environ, comme liée à la courante, qu’elle précède. Un flottement se fait remarquer dans le choix et l’ordre des pièces d’un recueil à l’autre. La gigue anglaise apparaît en Angleterre dans les Suites de Robinson et de Ford, en 1603 et 1607. Puis arrive en France la sarabande espagnole, vite accueillie. À cette époque se placent les Suites des Allemands Peurl (1611) et Schein (1617), où se succèdent jusqu’à 5 pièces, par ex. pavane, gaillarde, courante, allemande et tripla. L’unité de ton dans la suite a son explication naturelle dans la difficulté de l’accord du luth. Les luthistes français du xviie s., qui héritaient de la suite, d’airs de danse, en continuèrent les traditions en l’élargissant, lors même qu’ils ne la destinaient plus à la danse. Ils adoptèrent le Prélude libre comme forme de virtuosité. Ensuite ils plaçaient l’allemande, la courante, la sarabande, entre lesquelles ils intercalaient d’une façon variable les autres danses, gavotte, passacaille, bourrée, rigaudon, chacone, gigue. La disposition générale de la suite passa sans se modifier sensiblement de la musique de luth à la musique pour instrument à clavier. Le livre de Pavanes, Intrade, Danses et Gaillardes, que Paul Peurl composa vers 1611 et publia en 1620 à Munich, présente pour la première ou pour l’une des premières fois des groupements de pièces reposant sur la variation d’un même thème. Voy. à la page suiv. le début des 4 pièces qui composent la 2e suite. Riemann dit avoir découvert » en 1893, en publiant le Banchetto musicale de Schein (1617), ce genre de suite, en tant que succession de pièces sur un même thème. Il cite un grand nombre de suites de com-