Aller au contenu

Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/472

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

xixe s. ; la V. à danser est restée longtemps une spécialité viennoise : Jos. Lanner, (1801-1843), Joh. Strauss père (1804-1849) et fils, en furent les plus célèbres et les plus féconds représentants. Ils ont publié des V. par centaines, et créèrent ainsi un genre, qu’avec moins d’invention, dans une forme fixée, continuèrent les musiciens viennois des générations suivantes. Ils trouvèrent des rivaux dans le Bohémien Labitzky (1802-1881), le Hongrois Gungl (1810-1889), le Français Olivier Métra (1830-1889), l’Alsacien Émile Waldteufel (1837). La caractéristique de la V. est dans sa basse, qui marque les trois temps, le premier par une note fondamentale, les second et troisième par un même accord plaqué. Au temps déjà de Lanner et de Strauss, la forme primitive est agrandie : la V. destinée à la danse, aussi bien que celle du concert, commencent le plus souvent par une introduction en mouvement lent ou modéré et dans une mesure qui peut être aussi bien binaire que ternaire. Après cette introduction, la V. dansée commence généralement par deux mesures de préparation rythmique, après quoi elle se construit par période de huit ou seize mesures, de manière à former une chaîne de cinq V., quelquefois plus, quelquefois moins, opposées les unes aux autres par la variété des dessins et des tonalités et terminées par une V. finale de même coupe, avec coda, offrant le résumé de toute la chaîne. Là V. a été traitée un nombre incalculable de fois en forme de morceau de salon ou de concert. Tout le monde connaît l’Invitation à la V., de Weber, qui, écrite pour le piano, fut orchestrée par Berlioz pour être introduite dans le Freischütz, à l’Opéra de Paris, en 1841, et réorchestrée de nouveau, par F. Weingartner, avec des intercalations de son cru. Chopin a écrit 10 V. pour le piano. La V.-caprice de Rubinstein a été beaucoup jouée, du temps que l’auteur la répandait lui-même dans ses tournées de concert. La V. a été introduite dans le répertoire symphonique par Berlioz, qui a placé une V. charmante dans sa Symphonie Fantastique (1830) ; Tschaikowsky a placé des mouvements de V. dans sa 4e et sa 5e Symphonies. C’est en partie sur des rythmes de V. que se développe le tableau coloré du Camp de Wallenstein de d’Indy. Dans le répertoire des opéras, la V. de Giselle, ballet d’Ad. Adam (1841) et la V. de Faust, de Gounod (1859) sont au nombre de celles dont la fortune a été la plus brillante. On connaît la V. lente du ballet de Sylvia, de Delibes. Le rythme entraînant de la V. a assuré le succès de quelques V. chantées, qui remplaçaient dans certains opéras l’ancien air « de bravoure », sans se justifier davantage sous le rapport dramatique. On peut citer la V. chantée de Roméo et Juliette, de Gounod (1867). On doit rappeler enfin les V. chantées à plusieurs voix, de Brahms, dites Liebesliederwalzer.

Vapeur, n. f.  *La vapeur a été employée comme moteur de sons musicaux dans l’éolipyle des anciens. Une boule creuse à demi remplie d’eau est percée d’orifices terminés en bec de flûte. La boule étant placée sur un foyer jusqu’à ébullition, la vapeur en sortant fait parler les flûtes de l’instrument, d’où peut sortir un accord agréable. C’est par confusion que certains historiens de la musique ont prétendu qu’il y avait eu, dans l’antiquité ou au moyen âge, des hydraules à vapeur. De nos jours, des moteurs à vapeur sont employés pour mettre en marche les orgues mécaniques utilisées dans les fêtes foraines.

Variante, n. f. Modification plus ou moins importante d’un motif musical, soit laissée au libre choix de l’exécutant, soit introduite par l’effet de quelque fantaisie. Les broderies et les notes de passage fournissent des variantes mélodiques et harmoniques. Le compositeur indique parfois le choix entre deux variantes d’un même passage, choix qui est quelquefois indiqué par le terme italien ossia (ou bien).

Variation, n. f. Modification que l’on fait subir à un thème, à une phrase musicale, pour les présenter sous un aspect différent. L’origine de la variation se trouve dans les compositions du moyen âge, où, dès l’époque grégorienne, les mélodies liturgiques mêmes les jubili des versets vocalisés, se présentent sous des formes différentes, suivant la phrase, le mot qu’elles revêtent, la fête que l’on célèbre, etc. D’autres musicologues en ont cité dans les pièces polyphoniques du premier âge ; en tout cas, les messes de Du Fay, au xve s., offrent le premier emploi d’une forme « cyclique » qui est un des aspects divers de la variation d’un motif, emprunté à un thème préexistant. (Voy. Messe.) Au xvie s., la forme du thème varié, en variations successives formant autant de strophes, est cultivée par les maîtres polyphonistes dans la composition du choral (voy. Choral varié), Claude le Jeune, etc. Les instrumentistes s’emparent de ce principe et l’approprient à la mise en va-