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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/474

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mules ornementales diverses. On revient au système des doubles. C’est ainsi que Hændel, Haydn, Mozart, entendent la variation et que Pleyel, Eckart, Gelinek et autres la réduisent à des formules banales. Sur la fin du xviiie s., rien n’est plus à la mode que les airs variés. Comme variations intéressantes, Wyzewa cite celles de Michel Haydn sur un thème de son ballet Die hochzeit auf der Alm (1770), et celles de Jos. Haydn sur une Arietta en la (1771), 18 variations, tout à fait différentes, par la liberté avec laquelle est traité le thème, de celles que le même Jos. Haydn écrivit ensuite pour tous les instruments. À l’époque moderne, le grand modèle inimitable est constitué par les Trente-trois variations de Beethoven, pour le piano, sur un thème de Diabelli (op : 120, 1823) dont la richesse mélodique, harmonique et rythmique, laisse l’auditeur « confondu ». Parmi les exemples de la musique contemporaine, le 1er morceau de la Sonate pour piano, op. 63, de d’Indy (1907), est construit en variations introduction, thema, variations 1, 2, 3, 4, et thema mutatum, c’est-à-dire dans un autre ton. Les variations sont traitées à la grande manière de la refonte et du développement de tous les éléments. Le 3e morceau de cette Sonate, qui est sur le modèle « cyclique », reprend et varie de nouveau le thème et le fait reparaître en force avant de conclure par un retour aux premiers dessins de l’ouvrage. Il est d’usage presque immuable, et conforme à la logique, d’exposer le thème au début d’un morceau avec variations, et de l’enrichir graduellement. Quelques exemples d’un plan contraire sont remarquables. On doit citer, pour l’époque classique, les variations sur le choral Christ lag in Todesbanden dans la Cantate (pour Pâques) de J.-S. Bach, où le thème nu sert de conclusion. Pour l’époque contemporaine, le poème symphonique Istar, de V. d’Indy où le plan, dicté par le texte littéraire, amène à la fin le thème nu peu à peu dépouillé, dans les variations précédentes, de son riche vêtement musical. || Les traités modernes de composition désignent sous le nom de « variation amplificatrice » le travail de « éveloppement » que subissent, par exemple, les thèmes d’une sonate, ce que d’autres nomment élaboration, terme inspiré de l’anglais work out.

Varié, part. employé adj. Qui est l’objet de variations.

Varier, v. tr. Orner un thème de variations.

Vaudeville, n. m. Mersenne (1636) le définit « le plus simple de tous les airs, et s’applique à toute sorte de poésie que l’on chante note contre note sans mesure réglée (il veut dire, en chant syllabique ?) : cette grande facilité fait appeler les chansons V. parce que les moindres artisans sont capables de les chanter. » L’origine du nom a été discutée et l’on a voulu la tirer du nom d’Olivier Basselin, le foulon normand, du lieu dit les Vaux de Vire, qui versifiait des chansons à boire à une époque mal connue, dans le xve s., et dont les poésies ont été publiées en 1810 et suiv. en quatre éditions sous le titre de Les Vaux-de-Vire. L’étymologie de V. est plus probable par Voix de Ville, qui était une locution commune au xvie s., expliquée pour aller « à vau-de-ville », comme « à vau-l’eau ». On connaît des livres de Voix de Ville et de Vaux de Ville de 1561, 1576, 1579. Tiersot a trouvé dans une moralité intitulée la Condamnation de Bancquet, 1507, les mots : « Icy sont nommez les commencements de plusieurs chansons, tant de musique que de Vaul de ville. » Au xviiie s., le V. gagna le théâtre, où ses timbres servirent aux couplets de comédie, qui prirent de plus en plus d’importance. On avait eu d’abord la comédie mêlée de vaudevilles, on eut ensuite l’opéra-comique en vaudeville, et enfin, avec Pris et Barré, la comédie-vaudeville, qui devint une forme classée et eut son théâtre, le théâtre du V. Les V. du xviiie s. étaient souvent des contredanses, des airs de danse. Ils servaient indéfiniment à des couplets nouveaux, que les rimeurs accoutumés à ce genre de poésie établissaient sur des « patrons » rythmiques fixes. La Clef du Caveau (fondé vers 1730) en est le magasin général.

Veloce, adj. ital., = rapide.

Velocissimo, sup. du précédent. Très rapide.

Vélocité, n. f. Rapidité dans l’exécution. On s’étonnait, vers 1700, de la vitesse des traits chez les violonistes italiens. « Vous ne sauriez croire combien il est effrayant de voir 32 notes en une seule mesure. » (Le Cerf de la Viéville, Comparaison, 1re partie, p. 116) ; mais l’auteur de cette observation néglige de nous faire savoir de quelle mesure il s’agit. Mersenne (1636) se livrait à des calculs basés sur l’audition des meilleurs virtuoses, pour savoir si l’on peut jouer avec une plus grande vitesse sur la viole ou sur l’épinette. Un musicien ne peut toucher plus de 960 fois une ou plusieurs cordes en une minute ou 17 600 dans une heure,