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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/73

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du patriotisme. L’hymne autrichien Gott, erhalte Franz der Kaiser fut composé par Haydn. L’hymne impérial russe, chanté jusqu’à la chute de Nicolas ii, était de Lvoff. L’Allemagne n’a pas de mélodie spéciale pour son chant national, Deutschland über Alles, dont les paroles, composées en 1841 par Hoffmann de Fallersleben, s’adaptent à l’air de l’hymne autrichien, de Haydn. (Voy. Brabançonne, God save the King, Marseillaise.) || Chant romain, voy. ci-après, Chant liturgique. || Chant sur le livre. Contrepoint improvisé, pratiqué au xvie s. dans les chœurs d’église, appelé en Italie contrapunto alla mente. Les chanteurs, groupé autour du lutrin et guidés par la routine, accompagnaient d’une harmonie sommaire et en quelque sorte mécanique le chant liturgique exécuté par quelques-uns d’entre eux à l’unisson. Les théoriciens de la Renaissance ont donné des règles pour l’application de ce procédé, aisé à mettre en œuvre en un temps où les chapelles et les maîtrises étaient peuplées de musiciens accomplis, mais destiné à devenir une « horrible cacophonie » dès que s’affaiblirait l’instruction technique des chantres. La décadence en était complète au xviiie s. et conduisit à son abandon.

Chant liturgique. Nom général de toutes les formes de chant faisant partie intégrante de la liturgie, dans les différents cultes, par opposition au terme « musique religieuse », qui désigne des œuvres surajoutées aux offices et qui leur servent d’ornement, sans leur appartenir absolument. Toutes les religions organisées en un culte public et régulier possèdent une liturgie et un chant liturgique, soit unique et universel, soit spécial à une secte ou à une contrée. Le culte israélite ne possède plus de monuments du chant synagogal, maintes fois mentionné dans les livres saints. Les plus anciennes mélodies notées ne remontent pas au delà du xvie s., et quelques-unes de celles que les fidèles apprécient et tiennent pour vénérables ont été composées dans le xixe s., comme, par exemple, le Halel, qui est de Halévy. Les cultes chrétiens de l’Orient eurent dès les premiers siècles un chant hérité en partie de celui des Juifs et dont on étudie les vestiges chez les Coptes, les Arméniens, les communautés grecques et dans les livres byzantins qui sont parvenus jusqu’à nous. Les chrétiens d’Occident ont connu la diversité du chant ambrosien, du chant mozarabe, du plain-chant, du chant gallican, avant de s’unir dan la pratique du chant grégorien restauré. Le Chant ambrosien, institué, dit-on dans l’église de Milan par saint Ambroise, à la fin du ive s., est toujours employé dans la liturgie particulière de ce diocèse. Le nom de mozarabe fut donné au chant des Espagnols catholiques qui vécurent au moyen âge sous la domination des Musulmans. Ceux-ci leur avaient laissé à Tolède six églises où ils célébraient le culte selon des rites particuliers, abolis par l’adoption de la liturgie romaine, au xie s. Le chant mozarabe possédait une notation neumatique spéciale et des formes mélodiques dont les érudits modernes n’ont pas encore entièrement pénétré la signification. On célèbre encore quelques offices de ce rite à la capilla mosarabica de la cathédrale de Tolède. Le Chant grégorien, qui est proprement celui de l’Église romaine, est appelé ainsi en l’honneur de saint Grégoire le Grand, Pape de 590 à 604, auquel il dut son organisation. Saint Grégoire fonda la Scola cantorum, où le chant liturgique était enseigné et cultivé, et il rédigea ou fit rédiger le recueil des antiennes et répons nécessaires au culte, que l’on a improprement appelé l’Antiphonaire de saint Grégoire et dont l’authenticité, un moment attaquée, a été établie. Une première revision et augmentation en fut faite sous Martin Ier. Au viiie s., Adrien Ier et Charlemagne s’étant mis d’accord pour établir l’unité du chant dans la chrétienté, des chantres munis de copies des livres romains furent envoyés à Metz, Soissons et Saint-Gall pour en répandre l’enseignement. Du fait même de leur talent ou de celui de leurs élèves, le répertoire initial fut rapidement accru. De nouveaux types mélodiques, les versets ornés, les séquences, les proses, les tropes, s’ajoutèrent aux antiennes, aux répons, si bien que, dès le ixe s., une revision parut nécessaire ; il fallut diviser en plusieurs livres le trop grand nombre des pièces et les répartir entre l’Antiphonaire, le Responsorial, le Prosaire, dit aussi Séquentiaire, et le Tropaire, dont l’usage fut de peu de durée. À peu de temps de là commença l’habitude de se servir de mélodies antérieures pour chanter de nouvelles paroles. On eut des timbres grégoriens, comme existaient des timbres de chansons, et cette coutume ne put que nuire à l’unité désirée. Un coup plus dangereux fut porté au chant grégorien par la revision de Pie v. Confiée à Palestrina en 1577, elle ne fut pas opérée par