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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/76

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de leur provenance, de leur texte, et, sous le rapport musical, de la modalité, du rythme, de la coupe et de l’ornementation des mélodies. Comme la musique de l’antiquité et le chant grégorien, le chant populaire ne comporte en général aucune harmonie ; à cette règle existent cependant des exceptions, et l’on a recueilli en Russie, ainsi que dans les Alpes du Tyrol, des chants à deux voix ayant pour interprètes des chanteurs d’instinct, ignorants de toute notation et de toute théorie. Ces exemples ont été proposés pour illustrer l’histoire des débuts de l’art harmonique. En d’autres régions, se pratique l’accompagnement de quelque instrument primitif. Quoique les mélodies populaires soient presque invariablement anonymes, toute idée de « génération spontanée » doit à leur égard être repoussée. Comme toute œuvre d’art, grande ou petite, chacune d’elles est le produit volontaire de l’imagination d’un musicien ; celles qui ont survécu aux circonstances de leur apparition ont dû peut-être à l’habileté d’un chanteur ambulant, peut-être au simple effet du hasard, d’obtenir un succès durable qui en a étendu la connaissance et perpétué le souvenir. Hormis chez les peuples qui vivent éloignés des échanges sociaux, les anciens chants traditionnels tendent aujourd’hui à disparaître sous l’afflux d’une production qui les déborde. L’atelier, la rue, la caserne puisent leur aliment musical au théâtre, au music-hall, et le transmettent au village. Le gramophone posé sur le comptoir du cabaretier remplace le ménétrier et propage les couplets du jour. L’écolier range parmi ses livres de classe des recueils de chants scolaires où sont transplantés, taillés, greffés et privés de leur idiome provincial des airs de toutes provenances. Ainsi va se perdant le chant populaire, dont on déplore en tous pays la disparition. Comme pour y remédier, certains musiciens allemands du xviiie et du xixe s. ont créé le lied « en style populaire », genre factice où ont excellé Hiller, Neefe, Schumann et dont les productions ont en effet pénétré dans les milieux populaires. Ailleurs, au contraire, profitant des travaux documentaires des folk-loristes ou du fruit de leurs enquêtes personnelles, des compositeurs avisés ont trouvé dans les traditions musicales de leur patrie une mine abondante de thèmes favorables aux plus riches développements. Les mélodies populaires ont inspiré souvent les maîtres russes. C’est sur un thème entendu dans le Vivarais que V. d’Indy a établi sa Symphonie avec piano « sur un air montagnard français ». Tout le charme fugitif des œuvres de Grieg réside dans l’emploi, d’ailleurs très simple, qu’il a constamment fait des mélodies norvégiennes. Considérés du point de vue scientifique, les chants populaires, notés ou recueillis à l’aide du phonographe, apportent un secours direct à l’ethnographie, ainsi qu’à l’histoire de la littérature, de l’art et des mœurs. (Voy. Chanson, Lied.)

Chantable, adj. 2 g. Qui peut être chanté.

Chantant, adj. 2 g. Se dit d’une musique où se distingue aisément une mélodie prédominante. || Se dit également d’une manière de parler ou de lire en donnant à la voix des inflexions qui dépassent celles de la parole.

Chanter, v. intr. Former des sons musicaux par l’usage de la voix. Exécuter un morceau de musique vocale, une partie de chœur, un rôle d’opéra. || Dans l’exécution instrumentale, mettre en relief la mélodie.

Chanterelle, n. f. La corde la plus aiguë d’un instrument à cordes et à manche.

Chanteresse, anc. n. f., forme primitive du n. f. chanteuse, ou cantatrice. Marie d’Arras, « chanteresse » récompensée pour avoir chanté devant Charles vi (1383), est la plus ancienne cantatrice française dont l’histoire ait retenu le nom.

Chanteur, n. m., fém. chanteuse. Celui, celle qui cultivent l’art du chant par goût ou par profession. Le terme cantatrice a prévalu pour les artistes femmes. Cependant, les tableaux de troupes théâtrales de province appellent encore « première ch., forte ch., ch. légère », les différents emplois féminins dans l’opéra.

Chantonner, v. intr. Chanter à demi-voix. Chanter pour soi des bribes de morceaux.

Chantre, n. m. Anciennement synon. de chanteur. Aujourd’hui, chanteur attaché à une église, pour l’exécution du chant liturgique. || Dignitaire ecclésiastique dans les chapitres des églises cathédrales ou collégiales, présidant aux fonctions du chœur, dont la direction musicale apparient au maître de chapelle, ou maître de musique. Comme signe de son autorité, le Ch. portait le bâton cantoral. Les chapitres importants ont un préchantre (præcentor) et un sous-chantre (succentor). (Voy. Cantor, Chapelle, Maîtrise.)