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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/91

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l’époque moderne sont pareillement restées à l’état de curiosités scientifiques. On y range les Cl. de Bosanquet (1848 et 1853), qui divisaient l’octave en 48 ou en 53 sons, celui de Perronet Thompson (1850), en 40 sons. Le Cl. de Winzenhörlein, dit Vincent, excita quelque sensation en Allemagne (1874) ; qualifié de chromatique, il disposait deux rangées égales de touches de manière à fournir chacune une gamme de six tons entiers :

touches noires :
ut   mi   fa   sol   la   si

touches blanches :
ut   ré   mi   fa   la   si   ut.

Le Cl. du facteur hongrois Paul von Jankó (1882) avait pour but, en réduisant la largeur occupée par les touches, de permettre l’exécution des accords plaqués de douzième, treizième, etc. ; il présentait un aspect analogue à celui de la machine à écrire, avec six rangs de courtes touches. Le double Cl. renversé de Mangeot (1878), que jouait le pianiste Zarembski, superposait dans une seule caisse deux mécanismes complets de pianos établis en sens contraire, l’un selon l’ordre habituel, l’autre ayant les sons graves à droite, les sons aigus à gauche du virtuose. Le Cl. transpositeur, dont l’adaptation à l’harmonium est fréquente, consiste en un second Cl. mobile qu’un système de glissières permet de transporter à un ou plusieurs degrés au-dessus ou au-dessous du Cl. normal ; ses touches transmettent à celui-ci la pression exercée par les doigts de l’exécutant, qui joue dans un autre ton sans opérer de transposition mentale ni écrite, comme s’il se servait d’un corps de rechange. Le Cl. muet que l’on fabrique pour soulager les parents et les voisins du bruit des études enfantines est, comme son nom l’indique, une boîte garnie de touches semblables à celles d’un piano, mais qui n’agissent point sur un mécanisme sonore ; il n’est d’aucune utilité pédagogique, puisqu’il néglige l’éducation de l’oreille et celle de la sensibilité tactile. || Le mot Cl. ou Klavier (pron. clafire) désigne dans la langue allemande, depuis le xviie s., tous les instruments à cordes et à Cl. en sorte que la spécification du clavecin ou clavicymbel et du clavicorde reste souvent douteuse. Les méthodes d’Emm. Bach (1753) et de Marpurg (1755) laissent cette spécification dans l’ombre. Sur le frontispice gravé du Claverübung de Kuhnau (1689) on voit une épinette, et sur celui de son Zeitvertreib destiné au même instrument, on aperçoit un grand clavecin. De nos jours, le mot Klavier désigne uniformément le piano.

Clef, n. f., du lat. clavis. 1. Signe placé sur une ligne de la portée pour déterminer la situation des notes dans l’échelle générale des sons. L’usage des clefs remonte aux premiers temps de la notation diastématique, alors que les scribes commençaient de tracer, soit en creux dans le parchemin, soit en couleur, une ligne servant de point de repère pour la lecture et l’écriture des neumes (xie s.). Les lettres C, F et G, par lesquelles on désignait alors les degrés de la gamme appelés depuis lors ut, fa et sol, furent successivement introduites pour servir de clefs, c’est-à-dire pour marquer la ligne destinée à porter invariablement l’une de ces trois notes. Non sans avoir subi peu à peu de complètes transformations d’apparence, les mêmes clefs subsistent dans la notation moderne avec la même acception : L’antipathie qu’éprouvaient les anciens maîtres pour les lignes supplémentaires les a conduits à employer les clefs sur différentes lignes de la portée, en opérant, dans le cours d’une même partie instrumentale ou vocale, de fréquents changements de clefs. À l’époque de la floraison du style polyphonique vocal (xvie s.), les trois clefs en 9 positions différentes correspondaient à autant d’espèces de voix et permettaient de renfermer l’ambitus de chacune d’elles dans une seule portée ; elles étaient dénommées, d’après leur position, clef de fa 5e, 4e et 3e lignes, clefs d’ut 4e, 3e, 2e et 1re lignes, clefs de sol 2e et 1re lignes et répondaient aux 9 voix de basse profonde, basse, baryton, ténor grave ou baryton élevé, contralto, mezzo-soprano, soprano et soprano aigu. On en résume l’effet par la figuration sur la portée d’un même son ut, tel qu’il est situé par l’emploi comparé des 9 clefs :


\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \once \override Staff.TimeSignature.color = #white
  \once \override Staff.TimeSignature.layer = #-1
  \clef subbass 	do1 \bar "||"
  \clef bass 		do \bar "||"
  \clef varbaritone	do \bar "||"
  \clef tenor		do \bar "||"
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  \clef mezzosoprano	do \bar "||"
  \clef soprano		do \bar "||"
  \clef treble 		do \bar "||"
  \clef french 		do \bar "||"
}
\score {
  <<
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  >>
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