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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, I.djvu/69

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placé sous une des dalles de la chapelle comme cela se pratiquait le plus communément. On ne s’expliquerait pas, en effet, qu’on eût agi à l’égard de Diderot et de d’Holbach autrement qu’à l’égard de cette jeune Mme de la Live-Jully, dont on a conservé le médaillon tout près de celui de Maupertuis, et dont on connaît le mot rappelé dans les Mémoires de Mme d’Épinay : « Pour moi, je vous déclare que je ne crois rien, pas même en Dieu. — Si votre mari vous entendait ? — Qu’est-ce que cela fait donc ? C’est à son amant qu’il ne faut jamais dire qu’on ne croit pas en Dieu, mais à son mari, cela est bien égal. »


NOTE 3.


M. Léon Godard, dans son livre plein de documents précieux, Pétersbourg et Moscou, souvenirs du couronnement d’un tzar, Paris, Dentu, 1858, a décrit en détail le palais de l’Ermitage et ses collections. Nous lui empruntons, en les résumant, quelques-uns des renseignements qui se rattachent le plus directement à notre sujet.

On sait que l’Ermitage ou l’Hermitage, comme on écrivait alors et comme on écrit encore en Russie, était la résidence favorite de l’impératrice Catherine II. C’est là qu’elle vit le plus souvent Diderot pendant son séjour à Saint-Pétersbourg. Nous reparlerons de ces entrevues ; mais il est bon de dire dès maintenant à ceux qui ont accusé Diderot de s’y être parfois mis trop à son aise qu’il ne faisait en cela que suivre le règlement formulé par l’impératrice elle-même en ces quelques lignes dont on conserve la pancarte autographe : « Asseyé-vous si vous voulès et cela ou vous plaira, sans qu’on vous le répète cent fois, la maîtresse de la maison n’aime pas les cérémonies ; que chacun soit donc ici comme chez soi. »

Le rez-de-chaussée du palais contient les collections, fort riches, de sculptures, de peintures, d’antiquités, et la bibliothèque.

Cette bibliothèque, qui n’était formée d’abord que des livres de Catherine, s’est enrichie sous son règne des bibliothèques de Voltaire, de Diderot et de d’Alembert. Elle avait fini par atteindre un total de plus de cent mille volumes. Elle a été diminuée depuis, tous les doubles et presque tous les livres techniques ayant été transportés à la bibliothèque impériale publique, mais on y voyait encore, en 1856, les deux salles dites de Voltaire et de Diderot. Il n’est guère de livres ayant appartenu à ces deux hommes qui ne soient chargés de notes marginales intéressantes et on ne peut plus curieuses au point de vue biographique et bibliographique. Mais ces notes demanderaient pour être recueillies un labeur assidu de plusieurs années, et, détachées des ouvrages auxquels elles sont jointes, elles deviendraient sans aucun doute d’une lecture difficile.

Ces notes ne sont pas les seules choses dignes d’attirer l’attention d’un Français ami de la littérature de son pays et des grands hommes