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À S. A. S. MADAME LA PRINCESSE


DE


NASSAU-SAARBRUCK[1]



Madame,


En soumettant le Père de famille au jugement de Votre Altesse Sérénissime, je ne me suis point dissimulé ce qu’il en avait à redouter. Femme éclairée, mère tendre, quel est le sentiment que vous n’eussiez exprimé avec plus de délicatesse que lui ? Quelle est l’idée que vous n’eussiez rendue d’une manière plus touchante ? Cependant ma témérité ne se bornera pas, madame, à vous offrir un si faible hommage. Quelque distance qu’il y ait de l’âme d’un poëte à celle d’une mère, j’oserai descendre dans la vôtre, y lire, si je le sais, et révéler quelques-unes des pensées qui l’occupent. Puissiez-vous les reconnaître et les avouer.

Lorsque le ciel vous eut accordé des enfants, ce fut ainsi que vous vous parlâtes ; voici ce que vous vous êtes dit.

  1. « Sans avoir jamais vu M. Diderot, sans trouver le Père de famille plaisant, j’ai toujours respecté ses profondes connaissances ; et, à la tête de ce Père de famille, il y a une épître à Mme la princesse de Nassau qui m’a paru le chef-d’œuvre de l’éloquence et le triomphe de l’humanité. » Lettre de Voltaire à Palissot du 4 juin 1760. — Ce morceau a été plusieurs fois réimprimé dans des recueils, entre autres dans le Choix littéraire, Genève et Copenhague, 16 vol. in-8o, t. XVI (1758). En enlevant les premières et les dernières lignes on a obtenu une suite de conseils qui portent ce titre qui pourrait tromper : Résolutions d’une mère.