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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/236

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que la raison n’a plus d’accès auprès de vous, et que le moyen dont je craignis toujours d’user est le seul qui me reste : j’en userai, puisque vous m’y forcez. Quittez vos projets ; je le veux, et je vous l’ordonne par toute l’autorité qu’un père a sur ses enfants.

Saint-Albin, avec un emportement sourd.

L’autorité ! l’autorité ! Ils n’ont que ce mot.

Le Père de famille.[1]

Respectez-le.

Saint-Albin, allant et venant.

Voilà comme ils sont tous. C’est ainsi qu’ils nous aiment. S’ils étaient nos ennemis, que feraient-ils de plus ?

Le Père de famille.

Que dites-vous ? que murmurez-vous ?

Saint-Albin, toujours de même.

Ils se croient sages, parce qu’ils ont d’autres passions que les nôtres.

Le Père de famille.

Taisez-vous.

Saint-Albin.

Ils ne nous ont donné la vie, que pour en disposer.

Le Père de famille.

Taisez-vous.

Saint-Albin.

Ils la remplissent d’amertume ; et comment seraient-ils touchés de nos peines ? ils y sont faits.

Le Père de famille.

Vous oubliez qui je suis, et à qui vous parlez. Taisez-vous, ou craignez d’attirer sur vous la marque la plus terrible du courroux des pères.

Saint-Albin.

Des pères ! des pères ! il n’y en a point… Il n’y a que des tyrans.

Le Père de famille.

Ô ciel !

Saint-Albin.

Oui, des tyrans.

  1. On supprimait à la représentation jusqu’à : Vous oubliez qui je suis.