Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/443

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MADAME BEVERLEY.

Aucune. Je n’ai de peine à présent que celle que je donne à mes amis. Quand on m’oblige, je voudrais bien pouvoir me flatter d’être un jour en revanche.

LEUSON.

Soyez sûre, madame, que vous aurez aussi votre tour. Mais j’ai une voiture à la porte. Mademoiselle aura-t-elle la bonté de nous accompagner ?

CHARLOTTE.

Non, monsieur. Mon frère peut revenir au moment où nous l’attendons le moins ; je resterai pour le recevoir.

MADAME BEVERLEY.

Hélas ! peut-être aura-t-il besoin de quelqu’un qui le console. Charlotte, chère amie, tâchez de le ménager. Je ne tarderai pas à rentrer. Allons, monsieur, allons, puisque le sort m’a condamnée à recevoir de tout le monde.

LEUSON.

C’est moi seul que vous obligez. Il ne nous faut qu’une heure au plus. Nous pouvons espérer, au moins, de vous retrouver ici, mademoiselle ?

CHARLOTTE.

Assurément, je n’ai rien qui me presse de me montrer, Ô frère, malheureux frère ! quel mal tu nous as fait !


Scène VIII.

La scène change, et l’on voit l’appartement de Stukely.
STUKELY, seul.

Ce Leuson me soupçonne ; cela est évident. Mais pourquoi me soupçonne-t-il ? Ne me suis-je pas montré l’ami de Beverley autant et plus que lui ?… La fortune m’a favorisé ; j’ai gagné, je suis riche… d’accord… Qu’est-ce que cela signifie ?… Que j’ai trouvé un sot, et que je ne l’ai pas été… Pourquoi Dieu fit-il le sot, sinon pour être la proie de l’homme sage ?… Beverley