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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/468

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parle de la mauvaise conduite des jeunes gens qui se ruinent, du jeu et de ses suites funestes. Prends la physionomie austère ; prêche. Sais-tu que tu as un peu l’air grave et empesé d’un ministre ?

BATES.

Mais il y a dans tout cela un faux grossier qui saute aux yeux. Nous allons trop loin ; c’est moi qui vous le dis. Si le projet tourne mal, souvenez-vous que je vous en aurai prévenu. Mais je vois que le sort en est jeté, et qu’il n’y a pas à reculer. Adieu donc. (Il sort.)

STUKELY.

Ce coquin n’est pas franc du collier ; il est sujet à des transes, il a des terreurs qu’il prend pour de la conscience ; mais il faut tirer parti de sa lâcheté. Il n’y a pas de scélérats plus habiles à voiler leur turpitude que ceux qui craignent le blâme… Ceci demande qu’on y rêve… Autre chose… Ce Leuson m’embarrasse… il y voit trop pour moi… il faudrait s’en défaire… C’est un conte à faire à Beverley… et ce conte ?… le voilà prêt… un peu de vrai parmi beaucoup de faux… Cela suffit… Beverley ne manquera pas de demander raison à Leuson… Voilà qui est à merveille… tout ira bien… ou si cela manque, nous nous retournerons… Mais voici Beverley, composons-nous.


Scène II.

STUKELY, BEVERLEY.
STUKELY, comme effrayé.

À la porte, là, voyez à la porte… Mon ami… j’ai cru les voir… ceux dont j’attends et je crains la visite.

BEVERLEY.

Non, non, rassurez-vous, c’est moi. Je suis seul, et voilà de quoi renvoyer les autres. (Il lui offre des billets.) Tenez, prenez cela. Mon ami, ménagez un peu cette ressource ; c’est la dernière… La vie est bien dure pour nous.

STUKELY.

Mais, mon ami, je ne vous dépouillerai point ; cela serait