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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/474

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MADAME BEVERLEY.

Suspendez au moins votre jugement jusqu’à demain. Il est si dur d’avoir des soupçons injustes.

CHARLOTTE.

J’en conviens ; dans des circonstances aussi graves, il faut conviction. Parlons d’autre chose. Chère sœur, nous touchons à des jours moins fâcheux. Mon oncle est infirme et d’un âge où l’on s’éteint en un moment. Mais quand le ciel lui accorderait toutes les années que je lui souhaite, vous ne l’avez point offensé, vous, et il y a apparence qu’il regardera d’un œil de commisération des malheurs aussi peu mérités que les vôtres.

MADAME BEVERLEY.

Je l’ai pensé comme vous, et cela m’a rassurée ; il ne nous reste rien. Mais si nous avons acquis la prudence au prix de la fortune, peut-être aurons-nous gagné au change.

CHARLOTTE.

Et puis mon Leuson ne vous manquera pas. Vous partagerez notre sort tant que nous vivrons… Mais le voilà.


Scène IV.

MADAME BEVERLEY, CHARLOTTE, LEUSON.
CHARLOTTE.

Nous parlions de vous.

LEUSON.

J’arrive donc à propos pour vous interrompre. Il y a peu de caractères qui puissent soutenir un examen impartial ; et quand il y a plus de bon que de mauvais, il est heureux d’être oublié. Vous disiez, madame ?

CHARLOTTE.

Qu’il me déplaît d’entendre médire, quoique femme ; et que je vous conseille de parler peu de vous.

MADAME BEVERLEY.

Ou, pour être plus vraie peut-être, qu’elle aime à entendre