Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/487

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MADAME BEVERLEY.

Nous abandonnez-vous toujours ? Quittez-vous toujours ce pays ? C’est un parti dont le motif ne m’est pas tout à fait inconnu, et je plains votre infortune.

STUKELY.

C’est votre excessive indulgence qui vous a perdue. Comment Beverley a-t-il osé… ? La lettre qu’il vous a montrée…

MADAME BEVERLEY.

Eh bien, monsieur, cette lettre ?

STUKELY.

Puisqu’il faut vous le dire, n’était point de moi. C’est un piège qu’on vous a tendu, une malheureuse petite finesse pour vous arracher vos diamants… D’honneur, madame, je n’ai point écrit.

MADAME BEVERLEY.

Vous n’avez point écrit la lettre ?… Cela se peut… Et d’où viendrait-elle donc ?

STUKELY.

Je voudrais pouvoir me taire ; mais, compromis comme je le suis dans une intrigue odieuse et vile, il faut que je m’explique.

MADAME BEVERLEY.

Expliquez-vous ; hâtez-vous de me soulager. Vos discours m’ont beaucoup troublée. On en tient d’autres, dites-vous. Il a des bruits. Qu’est-ce que ces bruits ? Vous avez souhaité que je ne les crusse pas : qu’est-ce qu’il ne faut pas que je croie ?

STUKELY.

Je prenais tout cela pour des calomnies. Je me rendais garant auprès de vous pour mon ami. Je craignais que quelque langue méchamment officieuse ne le desservit et n’aggravât ses torts.

MADAME BEVERLEY.

Allez, monsieur.

STUKELY.

Je le dois pour vous et pour moi. Nous sommes offensés tous les deux.

MADAME BEVERLEY.

Offensés ! comment ? pourquoi ? par qui ?

STUKELY.

Moi. par mon ami ; vous, par votre époux.