Aller au contenu

Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/508

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

-pect souvenir de vos bontés, par l’innocence de votre pauvre petit abandonné, sans appui, par les peines de ma chère maîtresse, revenez à vous ; luttez une fois contre vos angoisses, et montrez-vous homme.

BEVERLEY.

Bonhomme, homme de bien, vertueux vieillard, ta prière et tes larmes ont passé jusqu’à mon cœur, à travers les ténèbres de la misère qui l’enveloppent… Elles ont franchi l’obstacle… Ah ! que n’ai-je suivi tes sages conseils !… De la multitude infinie de bénédictions que le ciel a départies aux hommes, quelle est celle qu’il m’avait refusée !… J’étais si heureux, qu’il ne me restait pas un souhait raisonnable à faire… Mais je me suis révolté ; je me suis retiré moi-même de dessous la main qui me bénissait ; et j’ai été condamné au supplice de l’enfer, que je mérite et que j’éprouve.

JARVIS.

Acceptez votre destinée, et vous reverrez encore le bonheur.

BEVERLEY.

Jarvis, ne cesse pas d’être honnête et vrai… Je suis un misérable qu’il ne faut pas tromper… Pourquoi me flatter ?

JARVIS.

Je ne flatte pas… Mais j’entends des voix… On vient de ce côté… venez de celui-ci… regagnons la maison… nous pouvons y rentrer sans être aperçus.

BEVERLEY.

Soit. Conduis-moi… Sans être aperçus, dis-tu ? Et quels autres regards ai-je à redouter que les regards de ceux qui sont là, et qui pleurent sur le malheur que je leur ai fait ? (Ils sortent.)


Scène IX.

La scène change ; le théâtre représente l’appartement de Stukely.
STUKELY, DAUSON.
STUKELY.

Approche, Dauson… je suis à la torture… mon âme se retire et frissonne… Ce supplice durera toute la nuit, jusqu’à ce que