Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/510

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STUKELY.

Qu’ai-je dit ? De la promptitude et point de répliques. Qu’il soit au fond d’un cachot avant la fin du jour. Il n’y a pas d’apparence qu’il soit rentré. Attends à cette porte, et ne reparais devant moi que pour m’apprendre que tout est fait.

DAUSON.

Mais le moyen qu’il vous paye ? il est à l’aumône.

STUKELY.

Stupide ! Si Leuson est assassiné, ce sera par quelqu’un apparemment. Par qui donc ? Sur qui le soupçon tombera-t-il ? Qui est-ce qui a pris querelle avec lui ? J’aurai différé ma déposition ; il aura été arrêté un peu tard ; mais on ne verra là dedans que le conseil de l’amitié qui parlait au fond de mon cœur ; on me louera de cette négligence. À présent, Dauson conçoit-il ?

DAUSON.

À merveille ; et je vais vous seconder de mon côté.

STUKELY.

Hâte-toi. Sois témoin du succès, et viens m’en instruire.

DAUSON.

J’obéis. Adieu. (Il sort.)

STUKELY.

Après cela, femme scrupuleuse et sotte, recommence ta plainte tant qu’il te plaira. Leuson, je tombe à tes pieds, et je te reconnais pour mon maître, s’il t’arrive de m’insulter davantage. Ce n’est plus l’intérêt, c’est le ressentiment qui m’entraîne. Je suis, dans un moment, heureux sans bornes, ou malheureux sans ressource. Voyons.