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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/520

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Songez à cela, et retenez bien vos instructions… Vous, Bates, allez à la prison sur-le-champ. Je vous y précéderai de quelques instants. Dauson me suivra peu de temps après… nous paraîtrons ainsi divisés… Mais, dites-moi, votre parti est-il bien pris ? Avez-vous résolu de finir bravement cette affaire ?

BATES.

Nous sommes des infâmes ; mais vous pouvez compter sur nous.

STUKELY.

Eh bien, Dauson, à présent, que sens-tu ? Tu ne me dis rien… De la compassion ? tu n’en as plus, j’espère… Allons, soyons ce que nous sommes.

DAUSON.

C’est fait. Je me suis endurci, et je vous dirai comme Bates, nous sommes des infâmes…

STUKELY.

Il est vrai.

DAUSON.

Mais vous pouvez compter sur nous.

STUKELY.

Considère la récompense qui t’attend, la richesse et la sécurité. Partage égal de tout. Je l’ai promis, et cela sera. Mais il importe qu’on ne nous aperçoive point ensemble. Séparons-nous ; nous nous rejoindrons à la prison. Vous avez vos instructions. Qu’on se les rappelle et qu’on soit des hommes.


Scène V.

La scène change ; le théâtre représente la prison. (On voit Beverley assis ; après un moment de silence et de repos, il se lève brusquement, et marche.)
BEVERLEY.

Si j’y ai bien réfléchi, mon sort est arrêté ; il faut cesser de vivre. Mais quel avenir attend celui qui porte les mains sur lui-même ? je l’ignore… oui, je l’ignore ; mais je sens le fardeau de la vie et j’en suis écrasé… Mon âme est devenue le séjour de l’horreur, et je n’ai qu’un moyen de l’en bannir. (Il se met à