Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/522

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reuses nouvelles. Je vous les apporte. Vous pouvez être heureux… Mais vous me regardez bien froidement… Cher ami, épargnez-moi ce regard froid ; il me tue.

CHARLOTTE.

Mon frère !

MADAME BEVERLEY.

Hélas ! il ne nous entend pas… Mon ami, un mot… Je n’ai pas un cœur qui soit à l’épreuve de la peine où tu le mets.

BEVERLEY.

Ni moi un cœur qui soit à l’épreuve de tant d’ignominie… Où suis-je ? Ce séjour est bien triste… j’en sortirai.

MADAME BEVERLEY.

Nous venons vous en tirer, vous annoncer un avenir plus doux. Le ciel a vu vos peines, et nous a envoyé du secours… Votre oncle n’est plus.

BEVERLEY.

Mon oncle ! qu’avez-vous dit ? Cachez-moi cette nouvelle… Quel mal je sens là !…

MADAME BEVERLEY.

Ce n’était pas mon dessein de vous affliger… je venais vous consoler.

BEVERLEY.

Dites-moi donc que mon oncle est encore… Dieu !

MADAME BEVERLEY.

Quand je vous le dirais, mon ami, je vous tromperais. Eh ! que n’ai-je le pouvoir de le rappeler à la vie. Il n’est plus, d’hier.

BEVERLEY.

Et il m’a laissé son héritier ?

JARVIS.

L’héritier de toute sa fortune. Oui, monsieur, rassurez-vous ; un peu de courage…

BEVERLEY.

Oui, oui… On dit donc que je suis riche.

MADAME BEVERLEY.

On le dit, et vous l’êtes… Mais d’où vient ce trouble dans vos regards ?

BEVERLEY.

Je suis troublé… Oui, je le suis. Je n’espérais pas… Il m’a tout laissé ?…