Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/82

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Qu'appelez-vous courage? Je n'en trouve point à cela. Avec une âme sincère, un caractère inflexible, il est trop incertain que j'obtienne de la faveur , la fortune dont j'ai besoin. Celle qu'on fait par l'intrigue prompte, mais vile ; par les armes, glorieuse mais lente ; par les talents , toujours difficiles et médiocres. Il est d'autres états qui mènent rapidement à la richesse; mais le Commerce est presque le seul où les grandes fortunes soient proportionnées au travail, à l'industrie et aux dangers qui les rendent honnêtes. Je commercerai, vous dis-je ; il ne me manque que des lumières et des expédients, et j'espère les trouver en vous.

Dorval : Vous pensez juste. Je vois que l'amour est sans préjugé. Mais ne songez qu'à fléchir Rosalie, et vous n'aurez point à changer d'état. Si le vaisseau qui portait sa fortune est tombé entre les mains des ennemis, il était assuré, et la perte n'est rien. La nouvelle en est dans les papiers publics, et je vous conseille de l'annoncer à Rosalie.

Clairville : J'y cours.



scène VI


Dorval, Charles,


Dorval Il se promène :

Il ne la fléchira point. Non. Mais pourquoi, si je veux ?. Un exemple d'honnêteté, de courage. un dernier effort sur moi-même sur elle.

Charles Entre et reste debout sans mot dire, jusqu’à ce que son maître l'aperçoive. Alors il dit :

Monsieur, j'ai fait remettre à Rosalie.

Dorval : J'entends.

Charles : En voilà la preuve.


Il donne à son maître le refus de Rosalie.


Dorval : Il suffit.


Charles sort. Dorval se promène encore, et après une courte pause, il dit:



==== scène