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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/323

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ennemis. Brizard fait le père ; Molé, l’amant ; Mlle Doligny, Sophie ; Mme Préville, Cécile ; le Commandeur, je ne sais qui. Ce pauvre Commandeur a du malheur. Je vous jure que je trouve bien mauvais qu’on me traîne ainsi en public, malgré moi. La première fois, je vous instruirai de ma chute ou de mon succès.

Bonjour, mesdames et bonnes amies. La sueur de mes mains mouille mon papier. Vos récoltes sont-elles faites ? Je vous salue, je vous embrasse sur le front, sur les yeux, partout où vous le permettez.


CXXIII


Paris, le 23 août 1769.


Voilà qui est bien, ma tendre amie ; vous m’instruisez de l’emploi de votre temps, de vos amusements, de vos récoltes. Vous supposez que j’y prends intérêt, et vous avez raison. Vos granges et vos greniers sont donc bien pleins ! Vous serez donc bien riches ! Il n’y aura donc point de pauvres cette année, que les paresseux ! Vous ne sauriez croire le plaisir que cela me fait.

Ce pied de maman me chiffonne. Je ne sais comment cela se fait, mais je me soucie moins de vos santés que de la sienne. Je vous aime pourtant toutes également. Si cela n’est pas vrai, maman et sa fille aînée ne le voudraient pas ; lisez-leur, si vous voulez, cela ; et j’espère qu’elles auront le bon esprit de m’entendre et de ne s’en point fâcher. Voilà pourtant un mot doux, et c’est moi qui l’ai dit : il en amènera peut-être d’autres de ma part.

Mes brouillons sont indéchiffrables. Celui qui en fait des copies pour Grimm m’aura l’obligation de la perte de ses yeux ; cependant je verrai : je vous jure que je suis aussi jaloux de vous envoyer les papiers dont je fais quelque cas que vous pouvez l’être de les avoir. Ne voyez-vous pas qu’après le plaisir de servir mon ami, ma récompense la plus douce est d’amuser un moment mes amies ?

Je vais demain jeudi passer la journée au Grandval. Nous