Aller au contenu

Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en la mutilant. Il y a tant d’adresse à cela, que celui qui ne lirait que votre réponse n’aurait presque aucune idée de mon objection[1].

Je vous ai dit que la figure d’Echœax portant une urne d’airain entre ses bras était une figure élégante, noble, et liant bien la composition : c’est ainsi que je l’ai vu, et je défie un artiste qui n’est pas entièrement dépourvu d’imagination et de goût de le voir autrement[2].

Vous ne voulez pas que le serviteur d’un roi de Lacédémone ait de la noblesse et de l’élégance ; c’est votre affaire et non la mienne.

Je sais qu’Amphialus ne fait pas masse avec Polîtes, Strophius, Alphius et les autres ; parce que Pausanias en fait un groupe séparé.

Je ne suppose là ni ustensiles, ni ballots qui fassent liaison, parce qu’il n’en est pas parlé, et que, si j’en avais supposé, vous me l’eussiez bien su reprocher[3].

Tout ce que vous m’objectez sur Hélène n’a pas l’ombre de vérité. Hélène était adorée dans la famille de Priam : le bon vieillard l’appelait sa fille. Il ne tenait qu’aux Troyens d’éviter leur perte en la renvoyant ; et les infortunés qui survécurent à la ruine de leur patrie étaient et devaient être occupés du sort divers qui les attendait. Et pourquoi auraient-ils regardé avec indignation la seule protectrice qu’ils eussent dans ce moment[4] ?

  1. « Si j’ai mal dit, j’ai eu tort ; si j’ai bien raisonné, je m’y tiens. »
  2. « Tous les esprits ne sont pas dans une même tête. Rubens, qui n’était pas entièrement dépourvu de goût et d’imagination, quand il plaçait un porteur d’urne auprès d’un roi, ne donnait pas de noblesse au porte-faix. Vous voulez aussi qu’Écbœax liât bien la composition ; vous l’avez vu : il n’y a rien à vous répondre. »
  3. « Eh, non vraiment ! Ce n’est pas vous, c’est moi qui les suppose. Vous allez voir qu’à mon tour, il ne me sera pas permis d’imaginer trois ou quatre méchants ballots. »
  4. « Avez-vous lu une comédie du comte de Caylus, où une demoiselle dit à Valère : Beau f… consolateur de Job ? Eh bien ! votre Hélène était une belle f… protectrice de Job. Après avoir causé la ruine d’ilion et la perte de tant de milliers d’âmes, qui a-t-elle protégé, je vous prie ? cette poignée de Troyens qui se dispersèrent ? Encore, le bon génie protecteur de Memnon ne laissait-il souffrir que deux frères. Votre protectrice des Troyens les laissa tous égorger en une nuit. Je vous avais dit quelque part qu’Hélène devait être regardée alors avec indignation. Vous