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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/266

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quelque gloire qu’il se promît de son ouvrage, le plus honnête, le plus sûr et le meilleur était qu’il le supprimât. »

M. de Rulhières me répondit qu’il ne s’était proposé que de satisfaire la curiosité de quelques amis et que son dessein n’avait jamais été de publier ce morceau ; que d’Alembert, que Mme Geoffrin préféraient cela à toutes les apologies qu’on avait répandues pour Sa Majesté Impériale et que le duc de la Rochefoucauld lui avait dit : « Ce n’est pas une belle confession, mais c’est une belle vie. »

En effet, on y voit notre souveraine comme une maîtresse femme, comme un gran cervello di principessa, mais, mais cet ouvrage ayant à paraître (car il ne faut pas compter sur la parole de Rulhières), soit vanité, soit étourderie, soit infidélité prétendue d’ami, l’ouvrage paraîtra. J’aimerais infiniment mieux qu’il parût de l’aveu que sans l’aveu de l’impératrice. Le point est de savoir comment il faudrait s’y prendre. Je suis là-dessus sans vue. L’affaire est délicate et très-délicate. Premièrement, il est sans vraisemblance et sans espoir que Rulhières communique son manuscrit. Secondement, il y a des anecdotes qui, si elles sont vraies, n’ont pu se savoir que par l’indiscrétion de personnages importants et qui entourent peut-être la souveraine. Ce Rulhières ne demanderait pas mieux que d’aller prendre la place de Rossignol et il irait à Pétersbourg…

Voyez, parlez à l’impératrice, faites-moi passer ses ordres et ne l’assurez pas de mon entier dévouement ; elle en est sûre.

J’ai reçu le diplôme de l’Académie des arts ; je suis flatté de cette grâce autant que je le dois, et je sens tout ce que votre amitié a fait pour moi dans cette occasion, où votre témoignage a suppléé le mérite. Et votre remerciement, direz-vous ? Patience, ce remerciement sera un volume bien conditionné, la description complète des tableaux du Salon : le sujet, la composition, le faite, mon jugement, en un mot. Lequel jugement rectifié, commenté par vous, fournira matière intéressante à cinquante séances au moins. Ah ! si je vous avais eu à côté de moi, comme il y a deux ans ! Vous voyez qu’on n’y perdra ou qu’on n’y gagnera rien, pour avoir attendu. J’ai vu le buste de Sa Majesté par Mlle Collot. Ah ! mon ami, en quel état il m’est parvenu ! La noblesse et les charmes de la personne sont restés, mais toute la