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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/300

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en ne croyant qu’effleurer, vous frappez comme un sourd.

Me renvoyer ma lettre ! Vous ? assez ! Cette fantaisie-là a pu vous passer par la tête dans le premier moment, lorsque l’âme était gonflée ; mais le moment suivant, vous avez senti que j’avais le droit de vous dire tout ce qui me plaît. Ce qui m’est venu sur M. de la Fermière et vous est donc bien déraisonnable ? À la bonne heure, ne crains rien, ils ne me gâteront pas. Ils risquent peut-être plus de devenir bons avec moi que moi de devenir méchant avec eux. La vertu est bien aussi un peu contagieuse.

Je serai fâché, un peu fâché, si peu que rien, de m’être trompé. Pour en rougir, je ne saurais. le beau préjugé que celui de regarder la vérité, la vertu, le talent, le vrai talent comme les seules choses de ce monde à l’abri des efforts de la méchanceté ! Je ne sais si cela changera, mais jusqu’à présent, l’expérience des siècles les a montrés comme des rochers élevant leurs sommets au-dessus des mers, également inébranlables à la fureur des flots et au souffle des vents.

Je ne sais si j’ai parlé de mon dessinateur au général. Je lui ai certainement écrit exprès du cabinet Gaignat. On a dû lui remettre le catalogue manuscrit des livres du comte de Lauraguais. Informez-en, je vous prie, M. de la Fermière.

Mlle Collot aura été encouragée, récompensée, tout comme il vous plaira. Sa Majesté Impériale n’y regarde sûrement pas de si près, et je suis sûr qu’elle sent comme j’ai dit. Quoi qu’il en soit, la terre cuite est l’affaire du génie. Le marbre est la fin de l’ouvrage.

On a fait toutes les perquisitions imaginables, et, jusqu’à présent, elles n’ont rien produit. Dans l’incertitude que cet homme soit mort, il est prudent d’agir comme s’il vivait.

Le sieur Poirson, qui m’a tout à fait l’air d’un honnête homme, m’a demandé six francs pour ses perquisitions, deux louis pour avances faites à la grand’maman de Mlle Collot, et soixante et douze livres pour l’entretien d’un de ses frères, en attendant qu’on le mette en métier, si elle y consent.

Cochin vous répondra en son nom, et au nom de l’Académie ; l’ami Cochin est un négligent, et puis c’est tout.

Si la saison n’est pas trop avancée, vous recevrez bientôt les deux volumes de planches qui vous manquent.