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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/456

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XXXIV


Paris, le 5 septembre 1760.


Je ne sais comment cela se fait, mais vous avez encore trois ou quatre de mes lettres à recevoir, et toutes les vôtres me viennent deux à deux. Ce dérangement double mon plaisir quand on me les remet, et mon impatience quand je les attends. Je ne saurai donc jamais exactement comment ce voyage s’est fait ? Dites-moi de votre santé ce qu’il vous plaira, je n’y saurais avoir de foi ; ne lisais-je pas que vous êtes encore enrhumée, et que vous n’avez pas assez de voix pour lire haut ? Ne craignez rien de Damilaville, c’est un homme qui fait tout bien. Continuez de vous servir de cette voie ; mais rassurez-moi sur votre M. Gillet. Je n’ai pas encore été à portée de faire entendre à M. Bucheley qu’il avait été joué par ses collègues ; cela se fera. Je suis charmé que la situation de M. Desmarets ne soit pas aussi mauvaise que je me plaisais à la peindre. J’ai voulu vous faire entendre de M. de Saint-Gény que sa santé était déplorable, et que ses camarades dont il est aimé, et ses supérieurs qui l’estiment, le regrettent comme un sujet excellent qu’ils ont peu de temps à garder. Mon amie, ce sont les bons qui s’en vont et les méchants qui restent. Prenez garde à vous.

Voici un si que je n’entends pas ; il vient à la suite des soins que votre sœur a pris de vous ; achevez-moi cette phrase sans dissimuler.

Il y avait un temps infini que je n’avais vu ni Mme d’Épinay ni M. Grimm, lorsque M. Grimm est venu pour voir Tancrède, et Mme d’Épinay pour se faire arracher une dent. Le hasard a voulu que j’assistasse à l’opération le matin ; et la complaisance m’a conduit au spectacle l’après-midi. Je vous entretiendrai de cela, si j’en ai le temps.

Je n’ai plus d’idée ni des Fastes, ni des Tristes, ni des Héroïdes d’Ovide ; quant à ses Métamorphoses, elles m’ont toujours fait plaisir ; il y a du feu, de l’imagination, de la passion, et de temps en temps des choses sublimes. Voyez la dispute d’Ajax