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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XX.djvu/96

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vais faire ce que vous feriez à ma place. On ne saurait avoir tous les bonheurs en même temps. Présentez mes respects à madame la comtesse. Témoignez-lui mon regret. Je vous charge de me dégager auprès d’elle. Parlez-lui littérature, philosophie, honneur, vertu, et quand elle vous aura écouté, elle sera bien dédommagée de ce que j’aurais pu lui dire. Continuez, monsieur et cher confrère, à faire des ouvrages qui nous rendent meilleurs, qui redressent nos têtes tantôt frivoles, tantôt fausses et méchantes, et qui exercent nos amis à la sensibilité qui conduit toujours à la bienfaisance, et soyez sûr d’être toujours heureux vous-même par l’utile emploi de votre temps et de vos talents. Je vous salue et vous embrasse de tout mon cœur.


LXXVIII

À MADAME NECKER[1]


La jeune personne qui aura l’honneur de présenter ce billet à Mme Necker mérite tous les sentiments d’humanité par ses mœurs, son courage et son infortune. Elle m’a été recommandée par deux femmes très-honnêtes qui n’accordent pas légèrement leur suffrage. Elle a un nom et des parents. Elle est tombée tout à coup dans la misère, et la ferme résolution de n’en sortir que par des moyens dont elle n’ait pas à rougir la déterminera à tout. Conserver ses mœurs et remplir ses devoirs quels qu’ils soient, voilà son projet. Il n’y a de honteux pour elle que le vice. Cette manière de penser est bien propre à intéresser en sa faveur Mme Necker, que je supplie d’agréer mon respect.

  1. Inédite. Communiquée par M. Étienne Charavay.