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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 1.djvu/360

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d’autres ; & sa longueur de cinq toises avec espérance de continuité.

Au même banc, la mine de S. Martin non exploitée depuis un an, est de plomb ; son exposition est au midi : on y entre par une galerie de vingt toises, au bout de laquelle est un choc ou puits de 18 piés seulement de profondeur. Le filon de cette mine est de quatre à cinq pouces d’épaisseur, & de quatre toises de longueur ; c’est la même qualité de mine qu’à S. Urbain.

La mine de Sainte-Barbe, non exploitée depuis deux ans, est exposée au levant : on y entre par une galerie de la longueur de douze toises, au bout de laquelle est un seul puits de 90 piés de profondeur : elle donnoit argent, cuivre & plomb.

Au même banc, la mine de S. Jacques, non exploitée depuis deux ans, a son exposition au midi ; sans galerie d’abord : elle n’a qu’un puits de 24 piés de profondeur, au bout duquel on trouve une galerie de quatre toises qui conduit à un autre puits de 60. piés, où sont des ouvrages à pouvoir occuper cinquante mineurs coupant mines.

Au même banc, la mine de l’Homme-sauvage, non exploitée, a son exposition au midi par une galerie de trois toises seulement, & travaillée à découvert son exploitation a cessé depuis trois ans. Cette mine est de plomb ; son filon est de deux pouces d’épaisseur.

Au même banc, la mine de la Scherchemite, non exploitée, a son exposition au levant ; elle est de plomb : son filon étoit, à ce que disoient les ouvriers, d’un demi-pié d’épaisseur.

Mine de S. George, non exploitée : elle est de cuivre ; son puits est sans galerie, & n’a que 18 piés de profondeur.

Mines de la Kelchaffe & du Montménard, non exploitées : elles sont argent, cuivre & plomb ; & de vieux mineurs les disent très-riches.

Les mines d’Auxelle-haut sont aussi contiguës les unes aux autres.

Voilà l’etat des principales mines d’Aliace en 1741. voici maintenant les observations qu’elles occasionnerent.

1°. Qu’il faut continuer un percement commencé à la mine de S. Nicolas, banc de Giromagny, jusqu’à la mine de S. Daniel ; parce qu’alors les eaux de S. Daniel s’écouleront dans S. Nicolas, & le transport des décombres se fera plus facilement par le rechangement des manœuvres & l’épargne des machines coûteuses qu’il faut employer aux eaux de Saint-Daniel. On conjecture encore que le percement ne sera pas long, les ouvriers de l’une des mines entendant les coups de marteau qui se frappent dans l’autre.

2°. Que pour relever la mine de Phenigtorne, il faut rétablir l’ancien canal & les deux roues, à cause de la grande quantité d’eau que produit la source qui est au fond de la mine.

3°. Qu’il faudroit déplacer les fourneaux, les fonderies, & tous les établissemens auxquels il faut de l’eau, dont la Phénigtorne a besoin, & qu’elle ne pourroit partager avec ces établissemens sans en manquer dans les tems de sécheresse.

4°. Que la mine de S. François, banc du Puix, peut être reprise à peu de frais.

5°. Que celle de S. Jacques, même banc, est à abandonner, parce que les machines à eau nuiroient à la Phenigtorne, & qu’on ne peut y en établir ni à chevaux ni à bras.

6°. Que l’exploitation des mines d’Auxelle-haut, en même tems que de celles de Puix & de Giromagny, seroient fort avantageuses, parce qu’on tireroit des unes ce qui seroit nécessaire, soit en fondant soit autrement, pour les autres.

7°. Que pour tirer partie de la mine de S. Jean,

au banc d’Etueffont, il faudroit nettoyer trois étangs qui servent de réservoir, afin que dans les tems de sécheresse on en pût tirer l’eau, & suppléer ainsi à la source qui manque.

8°. Que les ouvriers, quand ils ne travaillent qu’à fortfait, ruinent nécessairement les Entrepreneurs, & empêchent la continuation des ouvrages ; les galeries étant mal entretenues, les décombres mal nettoyées, & le filon tout-à-fait abandonné, quand il importeroit d’en chercher la suite.

9°. Que les Entrepreneurs, par le payement à fortfait, payant aux mineurs un sol six deniers par livre de plomb suivant l’essai, les autres métaux qui se trouvent dans la mine de plomb, quoique non perdus, ne sont pas payés.

10°. Que l’essai doit contenir par quintal de mine 45. livres de plomb, & que quand il produit moins, le Directeur ne la recevant pas, le mineur est obligé de la nettoyer pour la faire monter au degré.

11°. Que le Directeur ne la reçoit point à moindre degré, parce que plus la mine est nette, plus elle donne en pareil volume, & moins il faut de charbon pour la fondre. Il importe donc par cette raison que la mine soit mêlée de roc le moins qu’il est possible : mais en voici d’autres qui ne sont pas moins importantes ; c’est que ce roc est une matiere chargée d’arsenic, d’antimoine, & autres poisons qui détruisent le plomb & l’argent, l’emportant en fumée.

12°. Qu’il se trouve dans le pays toutes choses nécessaires, tant en bois qu’en eaux, machines, fondeurs, mineurs, &c. pour l’exploitation des mines ; & qu’il est inutile de recourir à des étrangers, surtout pour les fontes ; l’expérience ayant démontré que celles des Fondeurs du pays réussissent mieux que celles des étrangers.

13°. Que sans nier que les Allemands ne soient de très-bons ouvriers, il ne faut cependant pas imputer à leur habileté, mais à la force de leurs gages, ce qu’ils font de plus que les nôtres, dont la rente est moindre.

14°. Que quant aux bois nécessaires pour les mines de Puix & de Giromagny, tous les bois des montagnes étoient jadis affectés à leur usage ; qu’il seroit à souhaiter que ce privilége leur fût continué, & que les forges de Belfort & les quatorze communautés du val de Rozemont se pourvussent ailleurs.

15°. Que les autres bois des montagnes voisines qui ne sont pas dégradés, s’ils sont bien entretenus, suffiront à l’exploitation.

16°. Que le fortfait empêche les ouvrages ingrats de s’exécuter, quelque profit qu’il puisse en revenir pour la suite ; & par conséquent que cette convention du Directeur au mineur ne devroit jamais avoit lieu.

17°. Que les mines étant presque toûjours engagées dans les rocs, leur exploitation consomme beaucoup de poudre à canon, & qu’il faudroit l’accorder aux Entrepreneurs au prix que le Roi la paye.

18°. Qu’il faut établir le plus qu’on pourra de boccards pour piler les pierres de rebut, tant les anciennes que les nouvelles, parce que l’usage des boccards est de petite dépense, & l’avantage considérable. Voici la preuve de leur avantage ; celle de leur peu de dépense n’est pas nécessaire.

Après l’abandon des mines d’Alsace, les fermiers des domaines de M. le Duc de Mazarin, n’ignorant pas ce qu’ils pourroient retirer des pierres de rebut provenues de l’ancienne exploitation, traiterent pour avoir la permission de cette recherche, avec M. le Duc de Mazarin. Le Seigneur Duc ne manqua pas d’être lésé dans ce premier traité ; il le fit donc résilier ; & il s’obligea par un autre à fournir les bois & les charbons, les fourneaux & les boccards,