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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 1.djvu/510

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tems une personne joüoit sur la flûte l’air qu’on vouloit mesurer ; un autre battoit la mesure sur le bout du levier qui pointoit le cylindre, & la distance qui se trouvoit entre les points étoit la vraie mesure des airs qu’on vouloit noter ; on subdivisoit ensuite les intervalles en autant de parties que la mesure avoit de tems. (O)

* Combien de finesses dans tout ce détail ! Que de délicatesse dans toutes les parties de ce méchanisme ! Si cet article, au lieu d’être l’exposition d’une machine exécutée, étoit le projet d’une machine à faire, combien de gens ne le traiteroient-ils pas de chimere ? Quant à moi, il me semble qu’il faut avoir bien de la pénétration & un grand fonds de méchanique pour concevoir la possibilité du mouvement des levres de l’automate, de la ponctuation du cylindre, & d’une infinité d’autres particularités de cette description. Si quelqu’un nous propose donc jamais une machine moins compliquée, telle que seroit celle d’un harmonometre, ou d’un cylindre divisé par des lignes droites & des cercles dont les intervalles marqueroient les mesures, & percé sur ces intervalles de petits trous dans lesquels on pourroit insérer des pointes mobiles, qui s’appliquant à discrétion sur telles touches d’un clavier que l’on voudroit, exécuteroit telle piece de Musique qu’on desireroit à une ou plusieurs parties ; alors gardons-nous bien d’accuser cette machine d’être impossible, & celui qui la propose d’ignorer la Musique ; nous risquerions de nous tromper lourdement sur l’un & l’autre cas.

ANDROLEPSIE, s. f. (Hist. anc.) mot formé d’ἀνὴρ, homme, & de λαμϐάνω, je prens. Lorsqu’un Athénien avoit été tué par le citoyen d’une autre ville, si la ville refusoit de livrer le coupable, il étoit permis de saisir trois de ses citoyens ; & de punir en eux le meurtre commis. C’est ce que les Grecs appelloient androlepsie, & les Romains clarigatio. Ce mot signifie aussi dans quelques auteurs des représailles. V. Représailles. (G)

ANDROMEDE, s. f. (Astron.) constellation boréale qui consiste en 27 étoiles. (O)

* ANDROPHONOS, (Myth) nom qui fut donné à Venus après que Laïs eut été tuée dans son temple à coups d’aiguilles, par la jeunesse Thessalienne.

ANDROSACE, s. f. androsace, (Hist. nat. Bot.) herbe à fleur d’une seule feuille, semblable en quelque maniere à une soûcoupe, & découpée ; le pistil perce le fond de cette fleur, & devient dans la suite un fruit rond & enveloppé en partie par le calice ; ce fruit s’ouvre par le haut, & il est rempli de plusieurs semences attachées au placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

* ANDROSEN ou ARDROSEN (Géog. mod.) petite ville d’Ecosse, sur la mer & dans la province de Cuningham.

ANDROTOMIE ou bien ANDRATOMIE, s. f. anatomie ou dissection des corps humains. V. Dissection. On la dénomme ainsi pour la distinguer de la Zootomie, qui est la dissection des animaux. Voyez Zootomie.

L’Anatomie est le genre, & comprend toutes les sortes de dissections, soit d’hommes, de brutes, ou de plantes. L’Androtomie & la Zootomie en sont des especes. (L)

* ANDUXAR (Géog. mod.) ville d’Espagne dans l’Andalousie, sur le Guadalquivir. Long. 14. 17. Lat. 37. 45.

* ANDUZARD, s. m. (Agriculture.) bêche dont on se sert dans le Languedoc pour cultiver les terres où croît le pastel, & dont les reglements sur le commerce permettent l’usage.

* ANDUZE (Géog. mod.) ville de France, dans le bas Languedoc, sur le Gardon. Long. 23. 4. lat. 43. 39.

ANE ou ASNE, s. m. asinus. (Hist. nat.) animal quadrupede, bien connu par plusieurs défauts, & par plusieurs bonnes qualités ; desorte qu’il n’y a aucun animal qui soit plus dédaigné & plus employé. Il est du genre des solipedes, c’est-à-dire, qu’il a la corne du pié d’une seule piece. Il est plus petit que le cheval ; il a les oreilles plus longues & plus larges, les levres plus épaisses, la tête plus grosse à proportion du reste du corps, & la queue plus longue : mais elle n’est garnie de poils qu’à l’extrémité, & sa criniere n’est pas si grande que celle du cheval. Les ânes sont de plusieurs couleurs : la plûpart sont gris de souris ; il y en a de gris argenté, de gris marqué de taches obscures ; il y en a de blancs, de bruns, de roux, &c. Ils ont des bandes noires sur le cou & sur les jambes ; il y a deux autres bandes qui se croisent sur le garot ; l’une suit la colonne vertébrale dans toute son étendue, & l’autre passe sur les épaules. Il y a des ânes noirs. Les flancs de cet animal sont blancs ; son poil est dur & roide. Il a six dents incisives ; à deux ans & demi, il perd les premieres : les canines ne sont guere plus longues que les incisives, & en sont eloignées comme dans les chevaux ; desorte que les ânes ont aussi des barres. L’âne a le membre plus grand à proportion du corps que tout autre quadrupede ; il a aussi une très-grande ardeur pour l’accouplement : mais il est peu fécond ; on choisit le printems pour faire saillir les ânesses, surtout le mois de Mai, & l’été est encore plus favorable à leur fécondation. Comme leur terme arrive dans le douzieme mois, elles mettent bas l’année suivante dans la même saison où elles ont été fécondées : le printems & l’été sont aussi plus favorables pour l’ânon ; car le froid est plus contraire à ces animaux qu’aux autres bêtes de nos climats. Les ânes peuvent s’accoupler à deux ans & demi : mais il y en a bien peu qui soient féconds à cet âge ; il faut qu’ils aient trois ans pour être bons étalons, & qu’ils n’en aient pas plus de dix. On croit que les meilleurs sont de couleur grise tirant sur le brun ou le noir ; qu’ils doivent être gros & grands : il faut qu’ils portent bien la tête, qu’ils ayent le cou long, les flancs élevés, la croupe plate, la queue courte, &c. & surtout que les parties essentielles à l’opération à laquelle on les destine soient grosses, charnues & robustes. Si la femelle n’a pas été fécondée avant que de perdre ses dernieres dents, elle est stérile pour toute sa vie, dit Aristote. Il y a des ânesses qui sont en chaleur chaque mois de l’année : mais on a remarqué qu’elles sont moins fécondes que les autres. Aussi-tôt que la femelle a été saillie, on la foûette, & on la fait courir pour empêcher qu’elle ne rende la liqueur séminale qu’elle a reçûe ; elle ne porte ordinairement qu’un petit à la fois, il est très-rare qu’elle ait deux jumeaux. Sept jours après qu’elle a mis bas, elle s’accouple de nouveau avec le mâle ; elle est féconde pendant toute sa vie. On ne doit pas la faire travailler pendant le tems qu’elle porte ; & au contraire, le travail rend les mâles plus propres à l’accouplement. L’âne s’accouple avec la jument, & le cheval avec l’ânesse ; les mulets viennent de ces accouplemens, & surtout de celui de l’âne avec la jument. On choisit pour servir d’étalons les plus grands ânes & les plus vigoureux, ceux qui ont le plus gros membre, comme sont les ânes de Mirebalais ; il y en a eu qui ont valu dans quelques provinces ou royaumes jusqu’à douze & quinze cens livres. Voyez Mulet. L’âne s’accouple aussi avec la vache, & l’ânesse avec le taureau, & ils produisent les jumarts. Voyez Jumart.

L’âne est fort aisé à nourrir ; les plus mauvais pâturages sont bons pour cet animal ; il cherche les chardons ; les feuillages des buissons & des saules lui suffiroient. On lui fait manger des brins de sarment. La paille l’engraisse, il mange le chaume. Le foin