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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 1.djvu/616

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Cette peinture étoit fort d’usage autrefois, principalement pour les grands vitraux d’église, où l’on employoit, dit M. de la Hire, Mém. de l’Académie, tom. IX. pour des couleurs vives & fortes des verres colorés dans le fourneau, sur lesquels on mettoit des ombres pour leur donner le relief ; ce qui ne s’entend guere. Mais voyez à l’article Peinture le détail de la maniere de peindre d’apprêt ou sur le verre.

APPRÊTER, v. act. chez les Fondeurs de caracteres d’Imprimerie, c’est donner aux caracteres la derniere façon, qui consiste à polir avec un couteau fait exprès les deux côtés des lettres, qui forment le corps, pour fixer & arrêter ce corps suivant les modeles qu’on aura donné à suivre, ou suivant la proportion qui lui est propre ; ce qui se fait à deux, trois, ou quatre cens lettres à la fois, qui sont arrangées les unes à côté des autres sur un morceau de bois long qu’on appelle composteur. Etant ainsi arrangées, on les ratisse avec le couteau, plus ou moins, jusqu’à ce qu’elles soient polies & arrivées au degré précis d’épaisseur qu’elles doivent avoir. Voyez Composteur, Fonderie & caracteres.

Apprêter l’étain. Toutes les gouttes étant reverchées, voyez Revercher, on les apprête, ainsi que les endroits des jets qu’on a épilés, voyez Épiler. Apprêter, c’est écouaner, ou raper, ou limer la piece, pour la rendre unie & facile à tourner : on dit écouaner, parce qu’on se sert d’une écouane ou écoine, ou d’une rape, outil de fer, dont les dents sont plus grosses que celles des limes. Pour appréter aisément, il faut avoir devant soi une selle de bois à quatre piés, de trois piés de long sur environ un pié de large, de la hauteur du genou, au milieu de laquelle il y ait une planche en travers d’environ 18 pouces de long & de 10 ou 12 de large ; on arrête cette selle, que l’on appelle établi ou apprêtoir, avec une perche ou morceau de bois posé sur le milieu, & portant roide contre le plancher, pour tenir l’apprêtoir en arrêt. En tenant sa piece du genou gauche, si c’est de la poterie, & appuyant contre l’apprêtoir, on a les deux mains libres, & avec l’écouane on rape les gouttes en faisant aller cet outil à deux mains. Si c’est de la vaisselle, on tient plusieurs pieces ensemble l’une sur l’autre, sur ses genoux, en les appuyant à l’apprêtoir, soit pour raper les jets, soit pour raper les gouttes. L’écouane ou la rape doit être courbe lorsqu’il faut aller sur les endroits plats, comme les fonds ; puis on rape les bavures d’autour du bord avec une rape plus petite que l’écouane, ou un gratoir sous bras ; & si les gouttes sont un peu grosses par-dedans, on les unit avec le gratoir ou un ciseau.

On dit encore apprêter pour tourner, de ce qui se tourne avant de souder, comme les bouches des pots-à-vin, les bas des pots-à-l’eau, &c.

On peut encore dire apprêter pour tourner de ce qui se répare à la main avant de tourner la piece, comme les oreilles d’écuelle, les cocardes ou becs d’aiguiere, &c. Voyez Reparer.

Apprêter, en terme de Vergettier, c’est mettre ensemble les plumes & les soies de même grosseur, de même grandeur, & de même qualité.

Apprêter au fourneau (en terme de Vergettier,) c’est passer le bois d’une raquette au feu pour le rendre plus pliant, & lui faire prendre la forme qu’il doit avoir, & qu’il ne pourroit acquérir sans cette précaution.

APPRÊTEUR, s. m. c’est le nom qu’on donne aux peintres sur verre. Voyez Apprêt & Peinture.

APPROBAMUS, terme de Droit canonique : ce mot est purement Latin ; mais les canonistes l’ont introduit en François, pour signifier le visa que donne l’ordinaire à un mandat ou rescrit in formâ dignum. L’ordinaire à qui la commission est adressée pour le

visa, ne doit pas prendre connoissance de la validité du titre, ni différer à raison de ce de donner son approbamus. (H)

APPROBATEUR, en Librairie. Voyez Censeur.

APPROBATION, s. f. en Librairie, est un acte par lequel un censeur nommé pour l’examen d’un livre, déclare l’avoir lû & n’avoir rien trouvé qui puisse ou doive en empêcher l’impression. C’est sur cet acte signé du censeur, qu’est accordée la permission d’imprimer ; & il doit être placé à la tête ou à la fin du livre pour lequel il est donné.

Il est vraissemblable que lors de la naissance des Lettres, les livres n’étoient pas sujets, comme ils le sont à present, à la formalité d’une approbation ; & ce qui nous autorise à le croire, c’est que le bienheureux Autpert, écrivain du VIIIe siecle, pour se mettre à couvert des critiques jaloux qui le persécutoient, pria le pape Etienne III. d’accorder à son commentaire sur l’apocalypse une approbation authentique ; ce que, dit-il, aucun interprete n’a fait avant lui, & qui ne doit préjudicier en rien à la liberté où l’on est de faire usage de son talent pour écrire.

Mais l’Art admirable de l’Imprimerie ayant considérablement multiplié les livres, il a été de la sagesse des différens gouvernemens d’arrêter, par la formalité des approbations, la licence dangereuse des écrivains, & le cours des livres contraires à la religion, aux bonnes mœurs, à la tranquillité publique, &c. A cet effet il a été établi des censeurs chargés du soin d’examiner les livres. Voyez Censeur.

APPROCHE, s. f. (en Géométrie.) La courbe aux approches égales, accessus æquabilis, demandée aux Géometres par M. Leibnitz, est fameuse par la difficulté qu’ils eurent à en trouver l’équation. Voici la question.

Trouver une courbe le long le laquelle un corps descendant par l’action seule de la pesanteur, approche également de l’horison en des tems égaux, c’est-à-dire, trouver la courbe AMP, (fig. 40. Anal.) qui soit telle que si un corps pesant se meut le long de la concavité AMP de cette courbe, & qu’on tire à volonté les lignes horisontales QM, RN, SO, TP, &c. également distantes l’une de l’autre, il parcoure en tems égaux les arcs MN, NO, OP, &c. terminés par ces lignes.

MM. Bernoulli, Varignon, & d’autres ont trouvé que c’étoit la seconde parabole cubique, placée de maniere que son sommet A fût sa partie supérïeure. On doit de plus remarquer que le corps qui la doit décrire, pour s’approcher également de l’horison en tems égaux, ne peut pas la décrire dès le commencement de sa chûte. Il faut qu’il tombe d’abord en ligne droite d’une certaine hauteur VA, que la nature de cette parabole détermine ; & ce n’est qu’avec la vîtesse acquise par cette chûte qu’il peut commencer à s’approcher également de l’horison en tems égaux.

M. Varignon a généralisé la question à son ordinaire, en cherchant la courbe qu’un corps doit décrire dans le vuide pour s’approcher également du point donné en tems égaux, la loi de la pesanteur étant supposée quelconque.

M. de Maupertuis a aussi résolu le même problème, pour le cas où le corps se mouvroit dans un milieu résistant comme le quarré de la vîtesse, ce qui rend la question beaucoup plus difficile que dans le cas où l’on suppose que le corps se meuve dans le vuide. Voyez Hist. Acad. Royale des Scienc. an. 1699. pag. 82. & an. 1730. pag. 129. Mém. p. 333. Voyez aussi Descente, Accélération. (O)

Approche, greffer en approche. Voyez Greffe.

Approche, terme de Fondeur de caracteres d’Imprimerie, par lequel on entend la distance que doivent avoir les lettres d’Imprimerie, à côté les unes des