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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/346

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Les entrées du sel au menu se disent aussi à Bordeaux du sel blanc qui ne passe pas un quart.

La sortie du sel au menu est quand le sel qui sort ne passe pas une mine. Dictionn. de Commerce.

Menu, en terme de Commerce ; signifie quelquefois la même chose que détail. Ce marchand trafique tant en gros qu’en menu. Détail est plus usité. Voyez Détail, Dictionn. de Commerce.

Menu, en terme de pain d’épicier, désigne tous les ouvrages faits de pâte à menu, depuis la valeur d’un liard jusqu’à deux sols.

Menu, en terme de Diamantaire ; ce sont des diamans fort petits, qu’on taille néanmoins en rose ou en brillant comme les autres, avec cette différence qu’on les taille à moins de pans, ce qui fait des roses simples & des brillans simples.

Menus droits, (Chasse.) ce sont les oreilles d’un cerf, les bouts de sa tête quand elle est molle, le mufle, les dintiers, le franc boyau, & les nœuds qui se levent seulement au printems & dans l’été ; c’est le droit du roi.

MENUET, s. m. (Danse.) sorte de danse que l’abbé Brossard prétend nous venir originairement du Poitou. Il dit que cette danse est fort gaie, & que le mouvement en est fort vîte. Ce n’est pas tout-à-fait cela. Le caractere du menuet est une noble & élégante simplicité, le mouvement en est plus modéré que vîte ; & l’on peut dire que le moins gai de tous les genres de danses, usités dans nos bals, est le menuet. C’est autre chose sur le théatre.

La mesure du menuet est à trois tems qu’on marque par le 3 simple, ou par le , ou par le . Le nombre de mesures de l’air, dans chacune de ses reprises, doit être quatre ou un multiple de quatre, parce qu’il en faut autant pour achever le pas du menuet ; & le soin du musicien doit être de faire sentir, par des chûtes ou cadences bien marquées, cette division par quatre, pour aider l’oreille du danseur & le maintenir en cadence. (S)

Le menuet est devenu la danse la plus usitée, tant par la facilité qu’on a à la danser, qu’à cause de la figure aisée que l’on y pratique, & dont on est redevable au nommé Pécour, qui lui a donné toute la grace qu’il a aujourd’hui, en changeant la forme S qui étoit sa principale figure, en celle d’un Z, où les pas comptés pour le figurer, contiennent toûjours les danseurs dans la même régularité.

Le menuet est composé de quatre pas, qui n’en font qu’un par leur liaison. Ce pas a trois mouvemens, & un pas marché sur la pointe du pié. Le premier mouvement, est un demi-coupé du pié droit & un du gauche ; le second, un pas marché du pié droit sur la pointe avec les jambes étendues ; & le troisieme, est qu’à la fin de ce pas on laisse poser doucement le talon droit à terre pour laisser plier son genou, qui, par ce mouvement, fait lever la jambe gauche qu’on passe en-avant, en faisant un demi-coupé échappé, & ce troisieme mouvement fait le quatrieme pas du menuet. Voyez Coupé.

MENUF, s. m. (Écon rustiq.) espece de lin qui croit en Egypte, & qui se vend au Caire. Son prix est de 7 à 8 piastres le quintal de cent-dix rosols. Voyez Rosols.

Il y a des toiles appellées menuf. Elles ont 83 piés de longueur, & se vendent 83 meidens la piece, ou un medin le pic. Voyez Meiden & Pic. Dictionn. de Commerce.

MENUISE, s. f. (Venerie.) c’est la plus petite espece de plomb à giboyer. Elle est au-dessous de la dragée, & ne se tire qu’aux petits oiseaux. La menuise s’appelle aussi cendrée.

MENUISERIE, s. f. (Art. méchan.) De la Menuiserie en général. Sous le nom de Menuiserie, l’on comprend l’art de tailler, polir & assembler avec pro-

preté & délicatesse les bois de différente espece pour

les menus ouvrages ; comme les portes, les croisées, les cloisons, les parquets, plafonds, lambris, & toutes les especes de revêtissement dans l’intérieur des appartemens, faites en bois. Ce mot vient de minutarius ou munitiarius ; parce que l’ouvrier emploie des menus bois, debités[1] par planches, ou autres pieces d’une grosseur médiocre, corroyées & polies avec des rabots (fig. 92, 95.) & autres instrumens, & qu’il travaille en petit en comparaison du charpentier dont les ouvrages sont en gros bois, comme poutres, solives, chevrons, sablieres, &c. charpentés avec la coignée & parés seulement avec la besaiguë. Quelques-uns nomment encore ainsi ceux qui travaillent en petit, comme chez les Orfévres & les Potiers d’étaim, ceux qui font des boucles, anneaux, crochets, &c. opposés aux vaisselles & autres ouvrages qu’ils appellent grosserie. En général on donne plus communément ce nom à ceux qui travaillent aux menus ouvrages en bois.

La Menuiserie se divise en deux classes : l’une où l’on emploie les bois de différentes couleurs, débités par feuilles très-minces, qu’on applique par compartiment sur de la menuiserie ordinaire, & à laquelle on donne plus communément le nom d’ébénisterie ou de marqueterie. L’autre qui a pour objet la décoration & les revêtissemens des appartemens, pour laquelle la connoissance du dessein est nécessaire, se fournit dans les bâtimens par les Menuisiers à la toise courante ou superficielle, selon qu’il est spécifié par les devis & marchés faits avec eux. Les ouvriers qui travaillent à la premiere, se nomment Menuisiers de placage ou Ebénistes ; & ceux qui travaillent à la seconde, se nomment Menuisiers d’assemblage ou seulement Menuisiers.

On divise encore cette derniere en trois différentes especes. La premiere est la connoissance des bois propres à ces sortes d’ouvrages ; la seconde en est l’assemblage ; & la troisieme est l’art de les profiler & de les joindre ensemble, pour en faire des lambris propres à décorer l’intérieur des appartemens.

Des bois propres à la Menuiserie. Les bois dont on se sert pour la menuiserie sont le plus communément le chêne, le sapin, le tilleul, le noyer & quelques autres. On se sert encore quelquefois de bois d’orme, de frêne, d’hêtre, d’aune, de bouleau, de châtaignier, de charme, d’érable, de cormier, de peuplier, de tremble, de pin & d’une infinité d’autres de différente espece ; mais de tous ces bois employés le plus ordinairement par les Tourneurs en bois, les uns sont rares, les autres sont trop durs ou trop tendres ; & d’autres enfin sont trop foibles, trop petits, & n’ont aucune solidité. Il y a encore des bois de couleur fort durs qu’on appelle ébéne, mais ils ne sont employés que pour l’ébénisterie & la marqueterie.

Le chêne est de deux especes : l’une que l’on appelle chêne proprement dit, se trouve dans toutes les terres fraîches, sur-tout lorsqu’elles sont un peu sablonneuses. On l’emploie pour les gros ouvrages, comme portes cocheres, chartieres, d’écurie, de cuisine, &c ; & pour les chassis des autres portes & croisées qui ont besoin de solidité. Ce bois seul a la qualité de se durcir dans l’eau sans se pourrir. L’autre espece de chêne, que l’on nomme bois de Vauge & qui vient du pays de ce nom en Lorraine, est plus tendre que le précédent, & sert pour les lambris, sculptures & autres ouvrages de propreté & de décoration.

Le bois de sapin qui est beaucoup plus leger, plus tendre, plus difficile à travailler & plus cassant que ce dernier, sert aussi quelquefois pour des lambris

  1. Débiter des planches ou pieces de bois, c’est les refendre ou scier sur leur longueur.