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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/711

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violent, dont le premier effet est de jetter dans la fureur les sujets qu’il affecte.

On trouve dans le Recueil périodique de Médecine, &c. Août 1759, une observation remarquable à ce sujet ; la voici : en 1743, deux filles, l’une d’environ sept ans, l’autre de huit, furent frappées d’une manie, dont les symptomes furieux firent soupçonner le poison au médecin, auteur de cette observation. Il leur fit donner quelques verres de tisane stibiée. Elles vomirent, l’une deux baies, l’autre trois de morelle furieuse entieres, aussi pleines, aussi fraîches qu’au moment qu’elles sont détachées de la plante dans leur parfaite maturité ; cependant la manie se soutenoit depuis près de vingt-quatre heures, tous les membres étoient frappés de foibles mouvemens convulsifs, leur geste étoit audacieux, leurs regards exprimoient la fureur, le ris sardonique immodéré succédoit & faisoit place aux larmes ameres ; elles bégayoient des paroles hardies, & cherchoient à mordre & déchirer tout ce qui se présentoit devant elles. L’anus, le sphincter de la vessie étoient relâchés, les extrémités inférieures étoient engourdies par une atonie paralytique ; l’effroi s’empara du peuple, on cria au sortilege sur ces créatures innocentes, on les crut possédées. L’exorcisme donné sans connoissance fut aussi sans succès. L’émétique en lavage réussit : demi-heure après l’opération du remede, le public surpris vit jouer en pleine rue nos convalescentes avec leurs compagnes. Aujourd’hui elles jouissent d’une santé ferme & vigoureuse ; elles n’ont jamais ressenti aucune impression fâcheuse du poison, dès l’instant qu’il fut rejetté au-dehors. (b)

Morelle à grappes, (Botan.) nom vulgaire d’une espece de phitolacca. Voyez Phitolacca. Botan. (D. J.)

Morelle à grappes, (Mat. méd.) phitolacca, grande morelle des Indes. Les feuilles de cette plante entrent dans la composition du baume tranquile. On n’en fait aucun autre usage en Médecine. On croit qu’elle est moins dangereuse que les autres especes de morelle avec lesquelles on la range. (b)

MORENA, (Géog. anc.) contrée d’Asie qui faisoit partie de la Mysie. (D. J.)

MORESQUES, en Architecture, voyez Arabesques.

Moresques & Arabesques, (Ciseleur.) ce sont de certains rinceaux d’où sortent des feuillages qui sont faits de caprice & d’une maniere qui n’a rien de naturel ; on s’en sert d’ordinaire dans les ouvrages de damasquinerie, & dans les ornemens de peinture & de broderie.

MORET, (Pharmacie.) voyez la fin de l’article Mûrier & Julep.

Moret, (Géog.) en latin du moyen-âge Moretum ou Muritum ; ancienne ville de l’Ille-de-France, avec un château qui n’est qu’un donjon sur le Loin, à une lieue de l’endroit où cette petite riviere se jette dans la Seine. Moret a depuis long-tems le titre de comté. Henri IV. en fit présent à Jacqueline de Beuil, son amie. La seigneurie & le château de Fontainebleau, entr’autres fiefs, relevent du comté de Moret. Long. 21. 34. lat. 48. 20. (D. J.)

MORFIL, s. m. (Coutel.) c’est une petite lisiere très-mince, très-flexible, & très-coupante, qui se forme tout le long d’un instrument tranchant, & lorsqu’on l’émout sur la pierre à aiguiser, & lorsqu’on le passe sur la polissoire. Il faut enlever le morfil sur la pierre à repasser, ou sur la pierre à l’huile ; sans cette précaution le morfil se renversera, le tranchant s’ébréchera, & l’instrument ne coupera plus. Cette lisiere mince qui se fait par l’usure ou le frottement de la piece contre la meule ou la polissoire, ne peut être détachée du tranchant, parce qu’elle

est trop flexible & trop mince. On peut sans se blesser, appuyer son doigt sur le tranchant d’un instrument, quand le morfil en est enlevé ; mais on se blesseroit sûrement, si le morfil y étoit. Rien ne rend mieux la nature du morfil, & n’explique plus nettement sa formation, que de l’appeller ce qu’on nomme bavure dans d’autres Arts.

MORFONDU, adj. (Maréchal.) cheval attaqué du mal appellé morfondure. Voyez Morfondure.

MORFONDURE, s. f. (Maréchal.) maladie du cheval, qui consiste dans un écoulement de matiere par les naseaux, différent de la morve. C’est proprement ce qu’on appelle rhume dans l’homme. Elle fait plus ou moins tousser le cheval, & lui cause des battemens de flanc, accompagnés d’un grand dégoût.

MORGAGNI, trou de Morgagni. Morgagni est de tous les Italiens celui qui s’est acquis le plus de réputation dans notre siecle ; il a publié successivement six traités sur l’Anatomie. Il a fait différentes découvertes, entre autres d’un trou de la langue, lequel porte son nom. Il a donné aussi le nom de arigos morgagni à un muscle de la luette. Ses ouvrages sont J. B. Morgagni adversaria anatomica sex. Patav. 4°. Les mêmes, auxquels on a ajouté plusieurs planches & une dissertation intitulée, Nova institutionum medicarum idea, medicum perfectissimum adumbrans. Lugduni Batavorum, 1741. in 4°. ses lettres insérées dans la nouvelle édition de Valsava. Voyez cet article.

MORGANATIQUE, mariage, matrimonium ad morganaticum, (Jurisp.) C’est ainsi qu’on nomme dans le Droit public germanique les mariages entre personnes d’une condition inégale, ou les mesalliances. Suivant les usages de l’Empire, les enfans qui naissent de ces sortes de mariages, sont déchûs des états ou des biens féodaux de leur pere, & ces biens passent au plus proche des agnats. Un grand nombre d’exemples prouve que cette loi gothique & vraiment barbare, a encore lieu, & elle a souvent privé des héritiers légitimes de la succession à laquelle les appelloit la nature, dont la voix devroit être plus forte que celle d’un préjugé absurde, ridicule & inhumain. (—)

MORGANTIUM, (Géog. anc.) ville de Sicile dans la partie orientale de cette île, au midi de Catane, assez près de l’embouchure du fleuve Simœthus.

C’est une ville très-ancienne, dont le nom se trouve écrit différemment par les auteurs. Silius Italicus écrit Morgentia ; Strabon, Morgantium ; Tite-Live, Morgantia ; Etienne le géographe met tantôt Morgentia, & tantôt Morgentium ; enfin Diodore de Sicile écrit Μοργαντινα, Morgantina. Il ne faut pas confondre cette ville avec la ville Murgantia en Italie, dans le Samnium.

MORGELINE, alsine, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales ; ces pétales sont découpés dans quelques especes, & entiers dans d’autres. Le calice est formé de cinq feuilles ; le pistil sort de ce calice, & devient, quand la fleur est passée, un fruit membraneux qui n’a qu’une seule capsule, arrondi ou conique. Ce fruit s’ouvre par la pointe, & contient des semences attachées à un petit placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Ce genre de plante est connu des Botanistes sous le nom d’alsine. Vaillant en compte vingt-deux especes ; la principale que nous allons décrire, est nommée alsine media, alsine vulgaris, alsine minor, par la plûpart des auteurs de Botanique.

Ses racines sont chevelues & fibrées ; elles poussent plusieurs petites tiges couchées & étendues par terre, tendres, velues, rougeâtres, genouillées,