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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/865

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les sultans le consultoient sur toutes les affaires ecclésiastiques ou civiles, sur-tout lorsqu’il s’agissoit de faire la guerre ou la paix, à son abord il se levoit par respect & avançoit quelques pas vers lui ; mais le prince & ses ministres agissent assez souvent sans sa participation, & lorsqu’il n’est pas agréable à la cour, on le dépose & on l’exile. Le grand seigneur en nomme un autre : on ne regarde pas même sa personne comme tellement sacrée, qu’on ne le mette quelquefois à mort. Ainsi en 1703, Achmet III. fit étrangler le muphti Omar-Albouki & son fils, & Amurat IV. fit broyer vif un autre mupthi dans un mortier de marbre qu’on conserve encore au château des sept tours, en disant que les têtes que leur dignité exempte du tranchant de l’épée, devoient être brisées par le pilon.

Lorsque le grand sultan nomme un muphti, il l’installe lui-même dans sa nouvelle dignité, en le revétant d’une pelisse de marte zibeline & lui donnant mille écus d’or, il lui assigne aussi une pension pour son entretien que le muphti grossit par les sommes qu’il tire de la vente de certains offices dans les mosquées royales. Au reste, il est chef de tous les gens de loi, comme kadileskers, mollaks, imans, dervis, &c. Il rend des decrets & des ordonnances qu’on nomme fetfa, & sont extrèmement respectées. Voyez Fetfa.

Tous les particuliers ont droit de consulter le muphti, & de lui demander son sentiment dans toutes les occurrences sur-tout dans les matieres criminelles. Pour cet effet, on lui remet un écrit dans lequel le cas est exposé sous des noms empruntés ; par exemple, si l’on peut convaincre N. par bons témoins qu’il a contrevenu aux commandemens du sultan ou qu’il n’a pas obéi avec soumission à ses ordres, doit-il être puni ou non. Après avoir examiné la question, le muphti écrit au bas du papier olul, c’est-à-dire, il doit être puni ou bien olniaz qui signifie il ne le sera pas. Que si on laisse à sa disposition le choix du supplice, il écrit au bas de la consultation, qu’il reçoive la bastonnade ou telle autre peine qu’il prononce.

Le muphti interprete quelquefois lui-même l’alcoran au peuple, & prêche en présence du grand seigneur à la fête du bairam, il n’est point distingué des autres turcs dans son extérieur, si ce n’est par la grosseur de son turban. Guer, mœurs des Turcs, tom. I. & II. Ricaut, de l’Emp. ottom.

MUQUEUSES, (Anatom.) on appelle de la sorte trois glandes qui déchargent leur liqueur dans l’uretre. Cowper, qui les découvrit le premier, les nomma ainsi, à cause de la viscosité de l’humeur qu’elles séparent. Voyez nos Pl. d’Anatomie & leur explic. voyez aussi Mucosité.

Les deux premieres de ces glandes qui furent découvertes, sont de la grosseur environ d’une feve, de figure ovale & applatie, & d’une couleur jaunâtre comme les prostates : elles sont placées de chaque côté du bulbe de l’uretre, un peu au-dessus.

Leurs conduits excrétoires viennent de leur surface interne, près la membrane interne de l’uretre, dans laquelle ils s’ouvrent un peu plus bas par deux orifices distincts, précisément au-dessous de l’endroit où l’uretre se courbe sous les os pubis, dans la région du périnée, & ils déchargent dans ce canal une liqueur visqueuse & transparente.

La troisieme glande muqueuse est une petite glande conglobée, jaunâtre comme les deux premieres, mais un peu moins, située dans le périnée, près de l’anus, au-dessus de l’angle que forme la courbure de l’uretre sous les os pubis ; elle a deux conduits excrétoires qui pénetrent obliquement dans l’uretre trois lignes au dessous des deux premieres, & verse une liqueur qui est semblable à celle des deux pre-

mieres glandes en couleur & en consistance. Voyez Uretre.

MUQUEUX, corps, (Chimie.) Les Chimistes classent sous ce nom générique plusieurs sujets ou substances chimiques du regne végétal & du regne animal ; savoir du regne végétal le corps doux, le corps farineux, le corps émulsif, le mucilage, la gomme, & la substance gélatineuse des plantes cruciferes de Tournefort ; & du regne animat, la mucosité ou gelée. Voyez Doux, Chimie, Farine, Farineux, Chimie ; Semences émulsives, Gomme, Mucilage & Substances animales

La composition chimique de ces différentes substances, n’est pas encore bien connue, parce qu’on n’a pas procédé à leur examen par l’analyse menstruelle : elles ont cependant assez de propriétés communes manifestes, pour qu’on soit en droit de les considérer comme une division naturelle de substances chimiques. Ces propriétés communes sont leur solubilité par l’eau, leur legere glutinosité, la qualité que les Medecins qui ont dès long-tems observé le corps muqueux, ont appellée molle, égale, tendre ; & Galien en particulier douce ; expression qui, expliquée selon la doctrine d’Hippocrate, ne designe autre chose qu’un état tempéré, que la constitution intérieure d’une substance dans laquelle aucun principe irritant médicamenteux ou nuisible ne domine. Trois qualités communes plus intérieures ou plus essentielles encore, c’est, 1o. la disposition qu’ont tous ces corps à fournir la nourriture propre & immédiate des animaux, voyez Nourrissant ; 2o. d’être le sujet spécial de la fermentation, voyez Fermentation ; 3o. d’être principalement, peut-être entierement formés d’un amas de molecules organiques, voyez Molecules organiques. L’analyse par la distillation à la violence du feu, tout imparfait qu’est ce moyen chimique, découvre aussi plusieurs caracteres d’identité dans ces différens corps : tous donnent une quantité considérable d’eau, & plus ou moins de matiere phosphorique : toutes les especes de corps muqueux végétal (à l’exception du corps gélatineux des cruciferes) fournissent absolument les mêmes principes, & presque même quant à la quantité absolue & à la quantité proportionnelle de chacun, savoir outre les deux principes très-communs dont nous avons déja parlé, une huile empyreumatique & un esprit acide assez fort, empreints l’un & l’autre d’une odeur particuliere que tout le monde connoît dans le sucre brûlé, & un charbon très-leger, très-spongieux, qui étant brulé à l’air libre ne donne qu’une petite quantité d’alkali fixe.

D’ailleurs l’analogie de toutes les especes de corps muqueux est démontrée de la maniere la plus frappante, par l’échelle ou gradation naturelle, selon laquelle ces substances sont ordonnées entr’elles. La substance gélatineuse des cruciferes est tellement intermédiaire entre les autres especes de corps muqueux végétaux & les sucs gélatineux animaux, qu’il n’est pas facile de définir si elle approche plus par ses qualités chimiques des premiers que des derniers. Voyez analyse végétale au mot Végétal et substances animales. (b)

MUR, adj. voyez Maturité.

Mur, en A-chilrecture, voyez Muraille.

Mur, (Hydraul. & Jardinage.) Il y en a de différentes sortes ; mur de terrasse, de meloniere ; mur de clôture. Dans les fontaines on appelle le mur qui soutient la poussée des terres, le mur de terre, & celui contre lequel bat l’eau d’un bassin, le mur de douve ou mur flortant. Voyez Douve. (K)

Mur ou Muraille, tirer à la, parer à la (Escrime.) terme de salle & exercice que les écoliers pratiquent pour apprendre à tirer & à parer quarte & tierce.