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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/87

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tesse n’occupent pas plus de place que 24, ce qui lui a parfaitement réussi. Ces marches sont percées & enfilées par un bout dans une broche ou boulon de fer, qui s’attache lui-même sous le pont du métier. Voyez Pont. Par l’autre bout elles portent les tirans des lames, & ces tirans servent à faire baisser les lames. Voyez Lames. Lorsqu’il y a 24, 26 ou plus de marches à un métier, il faut qu’il y ait autant de lames & de hautes-lisses qu’il y a de marches, puisque chaque marche tire sa lame, qui à son tour tire sa haute-lisse. Voyez Haute-lisse. On voit parfaitement tout ceci dans nos Pl. de Soirie & de Passementerie. Il faut, comme la figure le fait voir, que les marches soient d’inégale longueur, les plus longues au centre, comme devant tirer les lames les plus éloignées, cette longueur donnant la facilité d’attacher le tirant perpendiculairement à la lame que la marche doit faire agir ; on sent par ce qui vient d’être dit pourquoi les marches des extrémités doivent être plus courtes ; les marches ne doivent point être non plus suspendues à leurs tirans sur le même niveau, puisque l’on voit dans les figures que celles du centre pendent plus bas que les autres, & s’élevent petit-à-petit à mesure qu’elles approchent de l’extrémité, en voici la raison : lorsque l’ouvrier marche les marches des extrémités, il a les jambes fort écartées, ce qui doit indubitablement leur faire perdre de leur longueur, au lieu qu’en marchant celles du centre il les a dans toute leur longueur & dans toute leur force ; il est donc nécessaire de donner ce plan aux marches, outre que l’ouvrier y trouve encore une facilité pour les marcher. Comme elles sont fort serrées les unes contre les autres, sur-tout quand elles y sont toutes, cette inclinaison lui est favorable pour trouver celles dont il a besoin.

Marches, (Bas au métier) est une partie de cette machine. Voyez l’article Bas au métier.

Marche, (Soirie.) partie du bois de métier d’étoffe de soie. La marche est un litteau de 2 pouces à 3 pouces de largeur, sur 1 pouce d’épaisseur, il est de 5 piés à 6 piés de long, & percé à un bout ; ce trou est nécessaire pour y passer une broche de fer au travers pour les fixer & les rendre solides, lorsque l’ouvrier veut travailler.

Les marches servent à faire lever les lisses, tant de satin, gros-de-tours, que celles de poil.

Marche-basse, (Tapissier.) les ouvriers appellent quelquefois ainsi cette espece de tapisserie, qu’on nomme plus ordinairement basse-lisse. Ils lui donnent ce nom, qui n’est d’usage que dans les manufactures, à cause de deux marches que l’ouvrier a sous ses piés, pour hausser ou baisser les lisses. Voyez Basse-lisse.

Marchis, (Tisserand) partie inférieure du métier des Tisserands, Tissutiers, Rubaniers, &c. ce sont de simples tringles de bois, attachées par un bout à la traverse inférieure du métier, que l’ouvrier a sous ses piés, & suspendues par l’autre bout aux ficelles des lisses.

Les marches sont ainsi nommées parce que l’ouvrier met les piés dessus pour travailler. Les marches font hausser ou baisser les fils de la chaîne, à travers lesquels les fils de la trame doivent passer. Ainsi lorsque l’ouvrier met les piés sur une marche, tous les fils de la chaîne qui y répondent par le moyen des lisses se levent, & lorsqu’il ôte son pié ils retombent dans leur situation par le poids des plombs que les lisses ont à chaque extrémité.

Marche, terme de Tourneur, c’est la piece de bois sur laquelle le tourneur pose son pié, pour donner à la piece qu’il travaille un mouvement circulaire. Cette marche n’est dans les tours communs qu’une tringle de bois soulevée par l’extrémité la plus éloignée de l’ouvrier, par une corde attachée

de l’autre bout à une perche qui pend du haut du plancher. Voyez Tour.

Marche du loup, (Vénerie.) c’est ce qu’on appelle en vrais termes, piste ou voie, faux marché, la biche y est sujette dans le cours de douze à quinze pas.

Marche, terme de Blason. Le P. Menetrier dit qu’il est employé dans les anciens manuscrits pour la corne du pié des vaches.

Marche, (Géog.) ce mot, dans la basse latinité, est exprimé par marca, marchia, & signifie limites, frontieres ; c’est pourquoi M. de Marca a intitulé ses savantes recherches sur les frontieres de l’Espagne & de la France, marca hispanica. Le seigneur qui commandoit aux frontieres étoit nommé marcheus ; de ce mot s’est formé celui de marchis, que nous disons aujourd’hui marquis, & que les Allemands expriment par margrave. Voyez Margrave.

Dans les auteurs de la basse latinité ; marchani & marchiani, sont les habitans de la frontiere. On a aussi nommé marchiones, des soldats employés sur la frontiere, & avec le tems ce mot a été affecté aux nobles, qui aprés avoir eu un gouvernement sur la frontiere qui leur donnoit ce titre, l’ont rendu héréditaire, & ont transmis à leurs enfans mâles ce gouvernement avec le titre. Enfin la qualification de marquis a été prise dans ces derniers tems en France par de simples gentilshommes, & même par des roturiers ennoblis, qui n’ont rien de commun avec le service, ni avec les frontieres de l’état. Voyez Marquis. (D. J.)

Marche, la, (Géog.) Marchia gallica, province de France, avec le titre de comté. Elle est bornée au septentrion par le Berry, à l’orient par l’Auvergne, à l’occident par le Poitou & l’Angoumois, & au midi par le Limousin, dont elle a autrefois fait partie, étant même encore à présent du diocèse de Limoges.

Son nom de Marche lui vient de ce qu’elle est située sur les confins ou marches du Poitou & du Berry. Elle a été réunie à la couronne par François I. l’an 1531.

La Marche a environ 22 lieues de longueur, sur 8 ou 10 de largeur. Elle donne du vin dans quelques endroits & du blé dans d’autres ; son commerce consiste principalement en bestiaux & en tapisseries que l’on fait à Aubusson, Felletin, & autres lieux.

Elle est arrosée par la Vienne, le Cher, la Creuse & la Cartempe.

On la divise en haute & basse, & on lui donne Guéret pour capitale. (D. J.)

Marche, (Géog.) petite ville, ou bourg de France, au duché de Bar, sur les confins de la Champagne, entre les sources de la Meuse & de la Saone, à 13 lieues de Toul. Long. 23. 26. lat. 48. 2. (D. J.)

Marche, (Géog.) petite ville des Pays-bas, au duché. de Luxembourg, aux confins du Liégeois, entre Dinant & la Roche, dans le petit pays de Famène. M. de Lisle ne devoit pas dire comme le peuple, Marche ou Famine. Long. 23. 15. lat. 50. 13. (D. J.)

Marche Trévisane, la, (Géograph.) province d’Italie, dans l’état de la république de Venise, bornée E. par le Frioul, S. par le golfe le Dogat, & le Padouan, O. par le Vicentin, N. par le Feltrin & le Belunese. On appelle cette province Marche trévisane, parce que dans la division de ce pays-là, sous les Lombards, l’état de Venise étoit gouverné par un marquis dont la résidence ordinaire étoit à Trévise (Trevigio). La Marche avoit alors une plus grande étendue qu’aujourd’hui. Sa principale riviere est la Piave ; mais elle est entrecoupée d’un grand nombre de ruisseaux : ses deux seules villes sont Trévise & Ceneda. (D. J.)