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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/877

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MURRINE, s. m. (Hist. anc.) boisson faite de vin & d’ingrédiens qui échauffoient. La courtisane Glycere la recommandoit à ses amans.

MURSA, (Hist. des Tart.) ou murse ou mirza ; nom du chef de chaque tribu des peuples tartates : ce chef est pris de la tribu même. C’est proprement une espece de majorat qui doit tomber régulierement d’aîné en aîné dans la postérité du premier fondateur d’une telle tribu, à moins que quelque cause violente & étrangere ne trouble cet ordre de succession. Le murse a chaque année la dîme de tous les bestiaux de ceux de sa tribu, & la dime du butin que sa tribu peut faire à la guerre. Toutes les familles tartares qui composent une tribu, campent ordinairement ensemble, & ne s’éloignent point du gros de l’horde sans le communiquer à leur murse, afin qu’il puisse savoir où les prendre lorsqu’il veut les rappeller. Ces murses ne sont considérables au kan qui gouverne, qu’à proportion que leurs hordes ou tribus sont nombreuses ; & les kans ne sont redoutables à leurs voisins, qu’autant qu’ils ont sous leur obéissance beaucoup de tribus, & de tribus composées d’un grand nombre de familles : c’est en quoi consiste toute la puissance, la grandeur & la richesse du kan des tartares. (D. J.)

MURU, (Géog.) ville & port du Japon dans la presqu’île de Niphon, province de Buen, à 31 lieues d’Osacca. Voyez Kœmpfer, hist. du Japon. (D. J.)

MURUCUCA, (Hist. nat. Bot.) plante du Brésil qui comme le lierre monte le long des arbres & s’y attache : elle a un petit fruit rond ou oval, de couleurs variées, qui est d’un goût aigrelet, & qui couvre plusieurs noyaux ; ses feuilles sont vulnéraires.

MURUCUIA, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleurs en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le calice est profondément découpé. Il y a au milieu de cette fleur un tuyau semblable à un cône tronqué, duquel sort le pistil garni du jeune fruit, ou de l’embryon. Les étamines se trouvent en-dessous de cet embryon, qui est surmonté par trois corps ressemblans à trois clous ; il devient, quand la fleur est passée, un fruit oval qui n’a qu’une seule capsule, charnu & rempli de semences enveloppées d’une sorte de coeffe. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

MURUCUGE, (Hist. nat. Bot.) grand arbre du Brésil qui ressemble à un poirier sauvage ; son fruit est soutenu par une longue tige, on le cueille verd pour le laisser mûrir, après quoi il est d’un goût exquis. Le tronc donne par incision une liqueur laiteuse, qui s’épaissit & forme une espece de cire. Cet arbre est devenu rare, parce que les Sauvages en ont détruit beaucoup pour avoir son fruit.

MURZA, (Géog.) lieu fortifié dans la Gaule, à 3 journées de Lyon, selon Socrate dans son histoire ecclésiastique, lib II. c. xxxij. M. de Valois prétend que cet endroit est ce qu’on nomme aujourd’hui la Mure en Dauphiné, à 25 lieues de Lyon. (D. J.)

MUSA, s. f. (Hist. nat. Bot.) en françois bananier ; genre de plante à fleur polypétale, anomale, & qui a le pétale supérieur creusé en forme de nacelle, & découpé à la sommité ; le pétale antérieur est concave, l’interne est fait en forme de bouclier, & il a deux petites feuilles étroites & pointues. Le calice de cette fleur devient dans la suite un fruit mou, charnu & couvert d’une peau : ce fruit a la forme d’un concombre, il se divise en trois loges dans lesquelles on apperçoit quelques linéamens de semences. Plumier, nova plant. amer. gen. Voyez Plante.

Musa aenea, (Médecine.) c’est une espece d’opiate somnifer, qui a pris son nom de Musa son auteur, & son surnom de sa couleur approchante de celle de l’airain. La dose en est depuis un scrupule, jusqu’à un gros.

MUSACH, s. m. (Critiq. sacrée.) Les savans sont fort partagés lorsqu’il s’agit de déterminer ce que c’étoit que le musach ou couvert du sabbath. Quelques-uns ont cru que c’étoit un endroit du temple où l’on s’asseyoit les jours de sabbath, pour assister aux sacrifiées, & pour entendre la lecture de la loi. Vatable conjecture que c’étoit une espece de pupitre, environné d’une grille, où étoient assis les prêtres & les lévites lorsqu’ils enseignoient la loi au peuple. Beaucoup de savans, se fondant sur les dernieres parole du texte, entendent ce passage d’une maniere fort différente. Ils prétendent qu’Achaz profana le temple, & qu’il n’y laissa qu’une entrée du côté de son palais, ayant fait fermer les autres, pour se fortifier davantage, & afin que les ennemis ne pussent arriver à son palais qu’après avoir fait le siege du temple ; & qu’il fit démolir le parvis nomme musach, parce qu’il étoit un obstacle à ce dessein.

Théodoret & Lira disent qu’Achaz eut dessein de flatter le roi d’Assyrie par le mépris qu’il témoigna pour le Dieu d’israël, en ôtant toute communication de son palais avec le temple. D’autres enfin croient que le musach étoit une espece d’armoire placée à l’entrée du premier parvis du temple, où le roi mettoit ses aumônes le jour du sabbath quand il alloit au temple. Quoi qu’il en soit, Josephe dit qu’il porta l’impiété jusques à cet horrible excès de ne se contenter pas de dépouiller le temple de tous ses trésors ; il le fit même fermer, afin qu’on ne pût y honorer Dieu par les sacrifices solemnels qu’on avoit accoutumé de lui offrir. (D. J.)

MUSAGETES, (Mythol.) c’est-à-dire le conducteur des Muses. Apollon fut décoré de ce beau nom par les Poëtes, parce qu’en sa qualité de dieu de la lyre & de l’Eloquence, il étoit censé toûjours accompagné des doctes sœurs, & présider à tous leurs concerts.

Hercule eut aussi le surnom de musagetes, & son culte fut apporté de Grece à Rome. L’Hercule musagete est désigné par une lyre qu’il tient d’une main, pendant qu’il s’appuie de l’autre sur sa massue. Voyez Hercule. (D. J.)

MUSARAIGNE, s. f. (Hist. nat.) mus araneus ; animal quadrupede qui a beaucoup de rapport a la souris & à la taupe. En effet il a une sorte de groin de cochon, des yeux très-petits, des oreilles très courtes, & le poil plus fin, plus doux & plus court que celui de la souris ; mais il ressemble à cet animal plus qu’à la taupe, par la forme des jambes & des piés : il est plus petit que la souris. Les chats le chassent, le tuent ; mais ils ne le mangent pas. On soupçonne communément, & même on croit que la musaraigne a du venin, & que sa morsure est dangereuse pour le bétail & sur-tout pour les chevaux ; cependant elle n’est ni venimeuse, ni capable de mordre, parce que l’ouverture de sa bouche n’est pas assez grande pour saisir la double épaisseur de la peau d’un animal : aussi la maladie des chevaux que l’on attribue à la dent de la musaraigne, est une sorte d’anthrax qui n’a aucun rapport avec la morsure, ou si l’on veut, la piquure de ce petit animal. Il habite assez communement, sur-tout pendant l’hiver, dans les écuries, dans les granges, dans les cours à fumier ; il mange du grain, des insectes & des chairs pourries : on le trouve aussi à la campagne ; il se cache sous la mousse, sous les feuilles, sous les trones d’arbres, dans les trous abandonnés par les taupes, ou dans des trous plus petits qu’il se pratique lui-même. Chaque portée de la musaraigne est de cinq ou six petits. Cet animal a un cri plus aigu que celui de la souris : on le prend aisément, parce qu’il court mal : ses yeux ne sont pas bons : il est très commun dans toute l’Europe.