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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/132

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Hipparque célebre astronome grec, & l’un des plus savans mathématiciens de l’antiquité, fleurissoit entre la 154 & la 163 olympiade. Il inventa les principaux instrumens servant aux astres, prédit les éclipses, & apprit aux hommes à ne point s’en étonner. Pline le met au nombre des génies sublimes ; il l’appelle le confident de la nature, conciliorum naturæ particeps, lib. II. c. xxvj. Il l’admire d’avoir passé en revue toutes les étoiles, de les avoir comptées & d’avoir marqué la situation & la grandeur de chacune. Il ne nous reste des ouvrages d’Hipparque, que son commentaire sur les Phénomenes d’Aratus. Le pere Pétau l’a traduit en latin, & en a donné une bonne édition.

Dion-Cassius fleurissoit sous Alexandre Sévere. Homme d’état & de grande naissance, il fut gouverneur de Pergame & de Smyrne, commanda en Afrique & en Pannonie, & fut nommé deux fois au consulat. Il composa en grec une histoire romaine, à laquelle il employa 22 ans, & dont nous n’avons plus que quelques ruines. Il en a paru une édition, Hanoviæ en 1606 in-fol. & cette édition a été la meilleure jusqu’à celle de Herman Samuel Reimarus, donnée à Hambourg en 1750 in-fol. grecq. latin. avec des notes.

Dans les quatre-vingt livres de cette histoire, dont fort peu se sont sauvés d’une perte fatale, nous devons sur-tout regretter les 40 dernieres années, dont Dion parloit comme témoin oculaire, & comme ayant eu part au gouvernement de l’état ; car il est peu d’historiens qui nous aient aussi bien revélé ces secrets que Tacite nomme arcana imperii. Dion est tellement exact à décrire l’ordre des comices, l’établissement des magistrats, & l’usage du droit public des Romains, que ces sortes de faits ne s’apprennent point ailleurs plus distinctement.

Pour ce qui concerne la consécration des empereurs & leur apothéose, il n’est point d’historiens qui nous aient peint cet enrôlement au nombre des dieux, sous une plus belle forme. C’est dans le cinquante-sixieme livre où Dion représente la pompe des funérailles d’Auguste, son lit de parade, son effigie en cire, & son oraison funebre que Tibere lut devant le peuple. Il expose ensuite de quelle façon son corps fut brûlé, comment Livie recueillit & mit des os à part ; enfin l’adresse avec laquelle on fit partir l’aigle du haut du bucher, d’où il sembloit que l’oiseau de Jupiter emportoit au ciel l’ame de l’empereur.

Les oraisons funebres de la composition de cet historien, méritent d’être louées pour leur grande beauté. Telles sont celles de Pompée & de Gabinius au peuple romain. On ne lit pas avec moins de plaisir les harangues d’Agrippa & de Mécene, dont le premier parle pour porter Auguste à quitter l’empire, & le second pour l’engager à le retenir.

Pour ce qui regarde les défauts de Dion-Cassius, on peut l’accuser avec justice, d’une partialité honteuse contre le parti de Pompée, contre Cicéron, Séneque & plusieurs autres grands hommes ; mais sur-tout ses propos contre la réputation de l’incomparable orateur de Rome, sont des satyres odieuses, indignes d’un historien.

On pourroit ajoûter aux taches dont nous venons de parler, quelques traits de superstition & de crédulité, qui seroient capables de décréditer son histoire, si l’on ne devoit pas quelqu’indulgence aux foibles de l’humanité.

Parthénius de Nicée fleurissoit sous Auguste. Il est auteur du livre περὶ ἐρωτικῶν παθημάτων, c’est-à-dire des passions d’amour, traduit en latin par Janus Cornarius, & imprimé avec le grec à Bâle, chez Froben en 1531 in-8°. premiere édition. Cet ouvrage est en prose, & contient trente-six chapitres fort

courts. Suidas donne à Parthénius divers autres écrits. Nous apprenons de Macrobe qu’il montra la langue grecque à Virgile. (D. J.)

NICEFFO, (Hist. nat. Botan.) arbre d’Afrique qui croît fort communement dans les royaumes de Congo & d’Angola. Les habitans de ce dernier pays l’appellent maongio-acamburi. Il est ordinairement de 6 piés de haut, & il produit un fruit assez semblable à l’ananas, dont l’écorce renferme jusqu’à 200 petits fruits oblongs, d’un goût délicieux. Il est chargé de ces fruits très-peu de tems après être sorti de terre, & il en produit toute l’année.

NICÉPHORIUM, (Géog. anc.) ville de Mésopotamie sur l’Euphrate. Pline, lib. vj. c. xxxvj. dit que la situation avantageuse du lieu avoit engagé Alexandre à bâtir cette ville. Quelques-uns veulent que ce soit aujourd’hui le bourg nommé Nasivancasi, & d’autres Nephrun.

NICÉTÉRIES, s. f. pl. (Antiq. grecq.) Νικητήρια ; fête athénienne en mémoire de la victoire que Minerve remporta sur Neptune dans la dispute qu’ils eurent ensemble, à qui auroit l’honneur de donner le nom à la ville qui fut depuis nommée Athènes ; les douze grands dieux adjugerent le prix à Minerve. (D. J.)

NICHABOUR, (Géogr.) ou Nischabourg, ou Neischabourg, car on écrit ce mot de plusieurs manieres, ville de Perse dans la province de Khorassan, dont elle passoit pour être la plus grande & la plus riche avant qu’elle eût été désolée d’abord par les Turcomans, & finalement ruinée par les Tartares de Genghizkhan, sous le regne du malheureux Mohamed Kouaresm-Schah.

C’est dans les montagnes de son voisinage qu’on tire les turquoises orientales, qu’on nomme dans le levant pirouzé nischabouri, & que nous appellons en françois turquoises de la vieille roche, pour les distinguer des autres turquoises. Nischabourg est à 15 lieues de Mesched. Long. 74. 52. lat. suivant les Ephémérides de Narsie Eddin, 31. 20. (D. J.)

NICHANGI BACHI, s. m. (Hist. mod.) nom que les Turcs donnent à un officier, dont la fonction est d’imprimer le nom du grand-seigneur sur les lettres qu’il fait expédier. Ce sceau s’applique non au bas de l’écriture, mais au-dessus de la premiere ligne.

NICHE, s. f. (Archit.) c’est un renfoncement pris dans l’épaisseur d’un mur, pour y placer une figure ou une statue. Les grandes niches servent pour les grouppes, & les petites pour les statues. On distingue plusieurs sortes de niches par des noms particuliers que nous allons expliquer.

Niche à cru, niche qui ne portant point sur un massif, prend naissance du rez-de-chaussée. Telles sont les deux niches du porche du Panthéon à Rome.

On appelle aussi niche à cru une niche qui, dans une façade, porte immédiatement sur l’appui continu des croisées sans plinthe. Il y a de ces niches dans quelques palais d’Italie.

Niche angulaire, c’est une niche qui est prise dans une encoignure, & fermée par une trompe sur le coin. Il y a quatre de ces niches occupées par quatre statues de prophetes dans un vestibule au pié du grand escalier de l’abbaye de Ste Génevieve à Paris, du dessein du Sr de Creil, où l’on peut remarquer plusieurs pieces de traits faites avec beaucoup d’art.

Niche d’autel, niche qui sert à la place d’un tableau dans un retable d’autel. Il y a dans l’église de la Sorbonne à Paris une niche à l’autel de la Vierge, du dessein de M. le Brun, dans laquelle est la figure de marbre faite par M. Desjardins, sculpteur du roi.

Niche de buste, petit renfoncement où l’on place