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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/202

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désigne pas un peuple particulier, mais le genre de vie de ce peuple ; c’est ce qui fait que les anciens écrivains parlent de Nomades arabes, numides, scythes, &c. Il est probable que ces peuples furent ainsi appellés à permutandis pabulis, à cause qu’ils changeoient de pâturages, en grec νόμη. A la vérité dans l’édition de Pline faite à Parme, on lit à permutandis papilionibus ; mais cette leçon seroit supportable, car on appelloit anciennement papiliones, des tentes pour se loger à la campagne & à la guerre ; & c’est de-là que les François ont fait leur mot pavillon.

Nomades arabes. Après les déserts palmyréens, dit Pline, l. VI. c. xxxviij. suivent du côté de l’orient les Nomades arabes, & ils s’étendent du côté du midi jusqu’au-delà du lac Asphalite.

Nomades numides. Les Numides furent appellés Nomades par les Grecs, selon Pline, l. V. c. iij. Polybe place dans la Numidie les Nomades masty les & les Nomades mascœsyliens. On ne peut donc nier que dans l’Afrique, & même dans la Numidie, il n’y eut des Nomades, c’est à dire, des peuples qui changeoient de lieu à mesure que les pâturages venoient à leur manquer ; mais il ne seroit pas aisé de décider, si le nom de Numidie a une origine grecque. Il est à croire qu’un pays barbare a eu un nom barbare.

Nomades scythes. Pline, l. IV. c. xij. les place à la gauche de la mer Caspienne, & dit que le fleuve Panticapes les séparoit des Géorgiens. Strabon ajoute qu’ils habitoient sur des chariots. (D. J.)

NOMANCIE, s. f. sorte de divination, ou l’art de deviner la destinée d’une personne par le moyen des lettres de son nom. Voyez Nom.

Ce mot est composé du latin nomen, nom, & du grec μαντεία, divination. Voyez Onomancie.

La nomancie, qu’on pourroit plutôt appeller nominomancie ou onomato mancie, semble n’être autre chose que la gématrie cabalistique. Voyez Cabale.

NOMANIAH, (Géog.) ville de l’Irac arabique ou babylonienne, qui est la Chaldée. Elle a été bâtie par le roi Noman-Ben-Mondic, & est située sur le Tigre, à peu de distance de Bagdad. Long. 63. lat. 33. (D. J.)

NOMANQUE, s. m. (Hist. anc.) nom qu’on donnoit dans l’antiquité au gouverneur ou commandant d’un nome. L’Egypte étoit divisée autrefois en différentes régions ou quartiers, qu’on appelloit nomes, du grec νόμος, prenant ce mot pour signifier division. L’officier à qui le roi donnoit le gouvernement d’un de ces nomes ou nomos, étoit appellé nomarque, du grec νόμος, & ἀρχή, commandement.

NOMAS, (Géog. anc) lieu de la Sicile, selon Diodore, l. I. c. xc. Ses habitans se nommoient nomæ. M. de Lisle les place au nord des monts Nébrodes, à quelques milles de la mer. (D. J.)

NOMBLES, s. m. pl. (Gram. vennerie.) C’est la partie du cerf qui s’éleve entre ses cuisses ; il se dit aussi des bœufs & des vaches.

NOMBRE, sert vulgairement dans l’Arithmétique d’une collection ou assemblage d’unités ou de choses de la même espece.

M. Newton définit plus précisément le nombre, non pas une multitude d’unités, comme Euclide, mais le rapport abstrait d’une quantité à une autre de la même espece, que l’on prend pour l’unité ; d’après cette idée, il divise les nombres en trois especes, savoir, nombres entiers, c’est-à dire, qui contiennent l’unité ou certain nombre de fois exactement & sans reste, comme 2, 3, 4, &c. nombres rompus ou fractions (voyez Fraction.), & nombres sourds ou incommensurables, voyez Incommensurable. V. Sourds & la suite de cet article.

Wolf définit le nombre, ce qui a le même rapport avec l’unité qu’une ligne droite avec une autre ligne droite : ainsi prenant une ligne droite pour

une unité, tout nombre peut être représenté par quelqu’autre ligne droite ; ce qui revient à la définition de M. Newton.

Dans l’école, où l’on a conservé la définition d’Euclide, on ajoute que le nombre est composé de matiere & de forme ; la matiere est la chose nombrée, par exemple, de l’argent ; & la forme est l’idée par laquelle comparant les différentes pieces d’argent, l’on en fait une somme, comme 10 : ainsi le nombre dépend entierement de l’intention de la personne qui nombre, & l’idée en peut être changée à volonté, par exemple cent hommes peuvent être supposés ne faire que 1, 2 ou 4, &c. unités.

Les mêmes philosophes appellent le nombre quantité discrete ; quantité, en tant qu’il est susceptible de plus & de moins ; discrete, en ce que les différentes unités qui le composent ne sont pas unies, mais distinctes les unes des autres. Voyez Quantité & Discret.

A l’égard de la maniere de désigner ou de caractériser les nombres, voyez Notation.

Pour ce qui concerne la maniere d’exprimer ou de lire les nombres, Voyez Numération.

Les mathématiciens considerent le nombre sous différens rapports, ce qui produit chez eux différentes sortes de nombres.

Le nombre déterminé est celui qui se rapporte à quelque unité donnée, comme le nombre ternaire ou trois, on l’appelle proprement nombre.

Le nombre indéterminé, est celui qui se rapporte à une unité en général : on l’appelle aussi quantité. Voyez Quantité.

Les nombres homogenes, sont ceux qui se rapportent à la même unité. Voyez Homogenes.

Les nombres hétérogenes, sont ceux qui se rapportent à différentes unités : car chaque nombre suppose une unité déterminée & fixée par la notion à laquelle nous avons égard en nombrant ; par exemple, c’est une propriété de la sphere d’avoir tous les points de la surface à égale distance de son centre ; si donc cette propriété est prise pour la marque de l’unité, tous les corps où elle se trouvera seront des unités, & seront de plus la même unité, en tant qu’ils sont renfermés dans cette notion : mais si les spheres sont outre cela distinguées par quelque chose, &c. par exemple, par la matiere dont elles sont composées, alors elles commencent à n’être plus la même unité, mais des unités différentes. Ainsi six spheres d’or sont des nombres homogenes entr’eux ; au contraire trois spheres de cuivre, & quatre d’argent, sont des nombres héterogenes. V. Hétérogenes.

Les nombres rompus ou les fractions, sont ceux qui consistent en différentes parties de l’unité, ou qui ont à l’unité le même rapport que la partie au tout. Voyez Fraction.

Les nombres entiers, appellés aussi nombres naturels ou simplement nombres, sont ceux que l’on regarde comme des tous, sans supposer qu’ils soient parties d’autres nombres.

Le nombre rationnel est celui qui a une masse commune avec l’unité. Voyez Commensurable.

Le nombre entier rationnel, est celui dont l’unité est une partie aliquote. Le nombre rationnel rompu, est celui qui représente quelque partie aliquote de l’unité. Le nombre rationnel mixte, est celui qui est composé d’un nombre entier & d’un nombre rompu, ou de l’unité & d’une fraction. Le nombre irrationnel ou sourd, est celui qui est incommensurable avec l’unité. Voyez Incommensurable.

Le nombre pair, est celui qui peut être divisé en deux parties égales exactement, & sans qu’il reste de fraction, comme 4, 6, 8, 10, &c. la somme, la différence & le produit d’un nombre quelconque de nombres pairs, est toujours un nombre pair.