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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/211

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le trou qui est dans le milieu de la base d’une coquille, à côté de la bouche, & qui en fait à-peu-près le centre. (D. J.)

Nombril marin, coquillage du genre des limas. Voyez Coquille.

Nombril, (Géom.) point de l’axe dans une ligne courbe, qu’on appelle autrement foyer. (D. J.)

Nombril, en terme de Blason, est le point qui est au milieu du dessous de la face, ou le centre même de l’écusson. Voyez Point.

En supposant l’écusson divisé en deux parties égales au-dessous de la face, le premier point de cette division est le nombril, & le dernier ou le plus bas est la base. Voyez Ecusson.

NOME, est un mot, ou plutôt une partie de mot dont on se sert en Algebre pour désigner une quantité jointe avec une autre par quelque ligne ; d’où sont venus les mots de binomes, trinomes, &c.

Ainsi a + b est un binome, dont les deux nomes ou noms sont a & b ; a + b + c est un trinome, dont les trois nomes sont a, b, c. Voyez Binome.

NOME, (Médec.) Νομὴ, de νέμω, je ronge, en latin ulcus depascens, c’est en général tout ulcere phagédénique ; mais en particulier, quand il s’agit de l’œil, nos anciens entendent par ce mot, un ulcere ambulant de la cornée, qui pourrit, corrode, ronge promptement l’œil & les parties voisines, jette un pus puant & en quantité, excite une grande douleur, qui est suivie de fievre, & quelquefois de cours de ventre. Le nome differe de l’ulcere sordide appellé encamma, en ce que ses progrès sont plus prompts, plus violens, & que le mal est accompagné de plus graves symptomes. On doit travailler sans délai à arrêter le progrès de cette pourriture autant qu’on le peut, par des collyres puissamment dessicatifs, qui auront été précédés par les remedes généraux. (D. J.)

Nome, (Géogr. anc.) en grec νόμος, en latin nomus, canton, province, ou plutôt préfecture. Ce terme est employé dans la division de l’Egypte, que l’on partageoit en plusieurs nomes. Il paroit plutôt être de la langue égyptienne que de la langue grecque. L’Egypte, dit Pline, l. V. c. ix. est divisée en préfectures de villes, appellées nomus. S. Cyrile d’Alexandrie dit qu’on appelle nomus chez les Egyptiens, chaque ville avec ses bourgs & villages. Trajan ayant demandé à Pline de quelle préfecture, ex quo nomo, étoit son parfumeur, Pline lui répondit qu’il étoit de la prefecture de Memphis, νομῶ Μεμφιτικῆ. Le nombre de ces préfectures en Egypte, n’étoit réglé, selon les apparences, que d’après le caprice du souverain, qui distribuoit ses états en plus ou moins de préfectures, suivant qu’il le jugeoit à propos. Strabon, par exemple, compte 9 préfectures ou nomes dans la Thébaïde, Pline 11 & Ptolomée 13. Il en étoit ainsi des autres grandes parties de l’Egypte. En général chaque ville un peu considérable formoit un nome avec son territoire, & chaque nome portoit le nom de sa ville capitale. (D. J.)

NOMEN, (Jurisprud. romaine.) Quoique ce mot nomen se trouve dans tous les bons auteurs pour toutes sortes d’engagemens par écrit, soit qu’ils portent intérêt ou non, la jurisprudence romaine en faisoit une différence, & n’employoit proprement ce terme, que pour signifier ce que nous appellons un billet ou une promesse de payer, qui n’est accompagnée ni d’intérêt, ni d’usure. Il y avoit des gens que l’on nommoit pararii ou proxenetæ, qui faisoient profession de procurer des créanciers de bonne volonté à ceux qui cherchoient à emprunter de cette sorte. Ces billets ne laissoient pas de s’insinuer sur des registres publics ; mais différens de ceux où l’on inscrivoit les obligations qui portoient intérêt. Ces derniers registres s’appelloient calendriers, parce

que les intérêts se payoient tous les mois, & même le premier, que l’on nommoit le jour des calendes. (D. J.)

NOMENCLATEUR, s. m. (Hist. nat.) les nomenclateurs dans l’histoire naturelle, sont les savans qui ont employé leurs veilles à établir les vrais noms des plantes, des poissons : des oiseaux, des quadrupedes, des fossiles, leurs synonymes & leurs étymologies. C’est un travail sec & pénible ; mais qui est très-utile pour servir de concordance dans la lecture des naturalistes anciens & modernes. (D. J.)

Nomenclateur, (Usages des Rom.) en latin nomenclator, en grec ὀνοματολογος, diseur de noms. Le nomenclateur étoit celui qui disoit le nom de chaque citoyen au candidat, lorsqu’il venoit solliciter les suffrages du peuple pour la charge qu’il desiroit d’obtenir.

Il faut savoir que dès que le magistrat avoit permis à un candidat de se mettre sur les rangs pour quelque emploi, alors le candidat se rendoit sur la place en robe blanche lustrée, pour se faire voir & flatter le peuple ; cela s’appelloit prensare honores, parce qu’il ne manquoit pas de prendre les mains de chaque citoyen, & de lui faire mille caresses ; c’est pourquoi Ciceron nomme les candidats, les gens les plus polis du monde, officiosam nationem candidatorum.

Le candidat courtisoit ainsi le peuple deux ans avant que la charge qu’il desiroit fût vacante. Le jour des comices arrivé, il faisoit sa demande dans les formes ; & conduit par ses amis, il se plaçoit sur un monticule, appellé collis hortulorum, vis-à-vis le champ de Mars, afin d’être vu de toute l’assemblée. Comme c’étoit une marque d’estime de nommer chacun par son nom en le saluant, & que les candidats ne pouvoient pas eux mêmes savoir le nom de tous les Romains qui donnoient leurs suffrages, ils menoient avec eux des esclaves, qui, n’ayant eu d’autre occupation toute leur vie que d’apprendre les noms des citoyens, les savoient parfaitement, & les disoient à voix basse aux candidats. Ces esclaves étoient appellés nomenclateurs : c’est d’eux qu’Horace parle dans son épit. 6. l. L. v. 49.

Si fortunatum species & gratia præstat,
Mercemur servum qui dictet nomina, lœvum
Qui fodicet latus, & cogat transpondera dextram
Porrigere, hic multum in fabia valet, ille velind.

Si c’est le faste & le crédit qui puissent vous rendre heureux, achetez un esclave qui vous apprenne les noms de ceux qui se présentent, & qui vous tire doucement par le bras, pour vous avertir de tendre la main à ceux qui passent, même au milieu des plus grands embarras, & qui vous dise tout bas, celui-ci dispose des suffrages dans la tribu fabienne, celui-là est tout puissant dans la tribu véline.

Disons tout aussi, puisque nous en sommes sur cette matiere. Les candidats, pour mieux réussir dans leurs projets, avoient, outre les nomenclateurs, d’autres gens à eux appellés distributeurs, divisores, qui distribuoient de l’argent à chacun, pour obtenir sa voix. Ils avoient encore des hommes intelligens appellés sequestres ou entremetteurs, en grec, μεσογενύοι, qui se chargeoient de gagner les suffrages du peuple, & tenoient en dépôt chez eux les sommes d’argent promises. Enfin, il y avoit des gens appellés interpretes, dont on se servoit préalablement pour traiter des conventions du prix des suffrages. C’est ainsi que sur la fin de la république, les charges & les magistratures se vendoient au plus offrant. O ville vénale, s’écrioit Jugurta, pour qui pourroit t’acheter ! (D. J.)

NOMENTE, (Géog. anc.) Nomentum, ancienne ville d’Italie chez les Latins. Tite-Live, l. I. ch.