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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/313

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trachée artere & à en faire la fonction, Sydenh. opér. sect. VI. cap. iv. On pourroit mettre au même rang quelques médecins estimables qui se sont appliqués à des observations particulieres, à constater la valeur de certains signes, à en déterminer la signification, à les classer, &c. De ce nombre sont Prosper Alpin ; Bellini pour les urines ; Solano, Nihell & Bordeu pour le pouls, &c.

On voit par-là combien le nombre des médecins observateurs est petit ; cependant la flatterie, l’abus, l’ignorance avoient avili ce titre honorable on le prodiguant indifféremment à l’ignorant empirique, au praticien routinier, au systématique préoccupé, au compilateur d’observations, au descripteur de maladie, &c. mais on n’est pas observateur pour avoir inséré deux ou trois observations dans quelques journaux, collections ou mémoires d’academie ; pour avoir rassemblé, abregé & défiguré des observations, & en avoir composé des suites de volumes sans choix & des gros in folio. On n’est pas non plus observateur, parce qu’on a vu bien des malades ; il faut voir des maladies. On l’est encore moins quand on n’a vu ni l’un ni l’autre, quoiqu’on donne des descriptions fort méthodiques ; c’est ce qui est arrivé au fameux Bœrhaave, qui a composé ses aphorismes dans un tems ou quelques mauvais succès lui avoient ôté la confiance du public, & l’avoient relegué dans son cabinet : il lui est arrivé aussi de décrire les maladies, plutôt comme il imaginoit qu’elles devoient être, que comme elles étoient en effet. De-là cette division multipliée à l’infini, ces regles toujours générales, & jamais des particularités : de-là aussi cette grande méthode à classer les maladies, à y rapporter toutes les causes avec une extrême facilité, cet ordre si bien soutenu dans cet ouvrage, qui décele toujours le travail du cabinet, & qui est si différent de l’irrégularité qu’on observe au lit du malade, qui est si bien peinte dans les ouvrages d’Hippocrate & de Sydenham, & dont la description affiche & caracterise infailliblement le médecin observateur. (m)

OBSERVATIONS CÉLESTES, (Astron. pratiq.) sont les observations des phénomenes des corps célestes faites avec les instrumens d’Astronomie, afin de déterminer les situations, les distances, les mouvemens, &c. de ces corps.

Les observations se font avec différens instrumens, dont les principaux sont le télescope, le quart de cercle, l’instrument des passages, le secteur, la machine parallactique, &c. Voyez ces mots, voyez aussi Astronomique & Astronomie.

Les observations faites de jour ont cet avantage que les fils du micrometre qui sont placés au foyer de l’objectif du télescope, s’apperçoivent sans aucun secours ; au lieu que dans celles qu’on fait la nuit, il faut les éclairer.

Pour y parvenir on se sert d’une lumiere dont on fait tomber obliquement les rayons sur l’objectif, afin que la fumée n’interprete pas ceux de l’astre qu’on observe, & lorsqu’on en a la commodité, on fait une ouverture à la lunette auprès du foyer de l’objectif, & c’est alors vis-à-vis de cette ouverture qu’on place la lumiere afin d’éclairer les fils.

M. de la Hire, par un moyen fort simple, a beaucoup perfectionné la premiere de ces deux méthodes : il veut qu’on couvre le bout du tube vers l’objectif d’une piece de gase ou de crepe fin de soye bianche, avec cette seule précaution, il suffit de placer le flambeau à une bonne distance du tube pour rendre visible les fils du micrometre.

Les observations du soleil demandent absolument qu’on place entre l’œil & l’oculaire du télescope,

un verre noirci par la fumée d’une chandelle ou d’une lampe, afin d’intercepter par ce moyen la plus grande partie des rayons du soleil qui troubleroient la vue & endommageroient l’œil.

Les observations astronomiques se font ordinairement avec des lunettes à deux verres qui renversent les objets ; parce qu’il importe peu pour l’astronomie que les astres soient renversés, & qu’on gagne beaucoup à n’avoir que deux verres.

On peut observer les corps célestes dans toute l’étendue du ciel visible ; mais on distingue ordinairement les observations en deux sortes, celles qui sont faites à leur passage par le méridien, ou à leur passage dans les autres verticaux. Voyez Méridien & Vertical.

Les observations des anciens étoient beaucoup moins exactes que les nôtres, faute d’instrumens suffisans & convenables. L’invention du télescope, l’application de la lunette ou quart de cercle, & celle du micrometre à la lunette ; enfin la perfection de l’horlogerie pour la mesure du tems, ont rendu les observations astronomiques modernes d’une precision qui semble ne laisser plus rien à desirer. Voyez Micrometre, Horloge, Pendule &c. (O)

Observation, s. f. en termes de mer, signifie l’action de prendre la hauteur méridienne du soleil, d’une étoile, & principalement du soleil, afin de déterminer la latitude. Voyez Hauteur, & Latitude.

Trouver la latitude par l’observation de la hauteur méridienne, s’appelle chez les marins faire l’observation.

Observation, (Gram. Physiq. Méd.) c’est l’attention de l’ame tournée vers les objets qu’offre la nature. L’expérience est cette même attention dirigée aux phénomenes produits par l’art. Ainsi, l’on doit comprendre sous le nom générique d’observation l’examen de tous les effets naturels, non-seulement de ceux qui se présentent d’abord, & sans intermede à la vue ; mais encore de ceux qu’on ne pourroit découvrir sans la main de l’ouvrier, pourvu que cette main ne les ait point changés, altérés, défigurés. Le travail nécessaire pour parvenir jusqu’à une mine, n’empêche pas que l’examen qu’on fait de l’arrangement des métaux qu’on y trouve, de leur situation, de leur quantité, de leur couleur, &c. ne soit une simple observation ; c’est aussi par l’observation qu’on connoît la géographie intérieure, qu’on sait le nombre, la situation, la nature des couches de la terre, quoiqu’on soit obligé de recourir à des instrumens pour la creuser & pour se mettre en état de voir ; on ne doit point regarder comme expérience les ouvertures des cadavres, les dissections des plantes, des animaux, & certaines décompositions, ou divisions méchaniques des substances minérales qu’on est obligé de faire pour pouvoir observer les parties qui entrent dans leur composition. Les lunettes des Astronomes, la loupe du Naturaliste, le microscope du Physicien n’empêchent pas que les connoissances qu’on acquiert par ce moyen ne soient exactement le produit de l’observation : toutes ces préparations, ces instrumens ne servent qu’à rendre plus sensibles les différens objets d’observation, emporter les obstacles qui empêchoient de les appercevoir, ou à percer le voile qui les cachoit ; mais il n’en résulte aucun changement, pas la moindre altération dans la nature de l’objet observé ; il ne laisse pas de paroître tel qu’il est ; & c’est principalement en cela que l’observation differe de l’expérience qui décompose & combine, & donne par-là naissance à des phénomenes biens différens de ceux que la nature présente ; ainsi, par exemple, si lorsqu’on a ouvert une mine, le chimiste prend un morceau de