Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en disant patriarche œcumenique ou universel, ou peut entendre celui dont la jurisdiction s’étend universellement par tout le monde en ce qui regarde le gouvernement général de l’église, ou celui qui seroit seul évêque & patriarche dans le monde, tous les autres n’étant dans l’Église que ses vicaires ou substituts ; ou enfin celui qui a pouvoir sur une partie considérable de la terre, en prenant la partie pour le tout, par une figure assez commune à l’Ecriture, qui par cette expression οἰϰουμένη n’entend quelquefois que tout un pays. Le premier de ces trois sens, qui est le plus naturel, est celui qu’adopta le concile de Chalcédoine, quand il permit qu’on donnât ce titre à S. Léon, à cause de sa primauté d’honneur & de jurisdiction sur toute l’Église. Les patriarches de Constantinople le prenoient dans le troisieme sens, en qualité de chefs de l’Église d’Orient, mais après le pape, de la même maniere que le premier docteur de l’église de Constantinople s’appelloit docteur pneumonique. Pour le second sens, ce n’a été ni celui des péres du concile de Chalcédoine, ni celui des patriarches de Constantinople. Il semble pourtant que saint Grégoire, par une erreur de fait, le leur attribue, puisqu’il n’appelle le titre de patriarche œcumenique un blaspheme contre l’évangile & contre les conciles, que parce que, selon lui, quiconque se disoit patriarche œcumenique, se disoit seul évêque, & privoit tous les autres de leur dignité, qui est d’institution divine. Il est aussi fort probable que les Grecs ou n’expliquerent point ou expliquerent mal leur intention, ce qui fit prendre aux papes cette expression en mauvaise part. Aujourd’hui tous les patriarches grecs prennent le titre d’œcumeniques, ce qui n’emporte qu’une universalité partielle & restreinte à leurs patriarchats respectifs. Ducange, glossar. lat.

ŒDÉMATEUX, adj. terme de Chirurgie, qui est de la nature de l’œdeme, voyez Œdeme. L’on dit un bras œdémateux, des jambes œdémateuses, &c.

Les tumeurs œdémateuses sont rarement dangereuses d’elles-mêmes. Quand elles sont invétérées, elles sont difficiles à guérir ; & elles sont absolument incurables, si elles sont causées & entretenues par des maladies qu’on ne puisse guérir. Le gonflement œdémateux d’un bras est symptomatique dans l’hydropisie de poitrine, & annonce concurremment avec d’autres signes de quel côté est l’épanchement. La dissipation de cette œdématie ne peut dépendre que de la destruction de la cause qui y donne lieu. Le gonflement œdémateux d’un bras à l’occasion d’un cancer de la mamelle, est ordinairement l’effet de l’engorgement des glandes de l’aisselle ; de-là on peut juger que ce symptome résistera à tous les secours qu’on pourroit donner à l’enflure œdémateuse. Les piés & les mains restent longtems œdémateuses, à la suite des plaies d’armes à feu considérables, qui ont produit de longues suppurations, & pendant le traitement desquelles les membres ont resté long-tems dans l’inaction ; ce sont là des sucs lymphatiques & séreux croupissant dans les cellules du tissu cellulaire, qui causent cette enflure : elle est assez ordinaire après la cure des fractures qui ont exigé le repos du membre, & l’application continuée de bandes par lesquelles la circulation du sang & des humeurs a été gênée. Dans ces cas, le fomentations résolutives discutent la lymphe stagnante, & donnent du ressort aux parties solides : telles sont les lotions avec la lessive de cendres de sarment, ou de solution de sel ammoniac, ou de nitre dans l’eau commune. Un bandage bien méthodiquement appliqué & qui comprime mollement & également les parties œdémateuses de la circonférence vers le centre, favorise beaucoup la résolution de l’enflure œdémateuse consécutive. Il y a beaucoup de cas où on la pré-

viendroit par la situation convenable de la partie malade. Une écharpe mal mise qui laisseroit la main pendante, & qui ne la soutiendroit pas, de façon qu’elle fût un peu plus haut que le coude, donneroit lieu à l’engorgement œdémateux du poignet, de la main & des doigts.

Lorsqu’un chirurgien intelligent connoît la cause d’une enflure œdémateuse, il juge si elle sera curable ou non, & il est en état de faire choix des moyens les plus convenables pour remplir l’indication que présente la nature de la maladie. Dans l’administration des remedes résolutifs, il faut employer d’abord ceux qui sont incisifs, & employer successivement ceux qui ont le plus d’activité. On ne doit pas perdre de vûe le degré d’épaississement de la lymphe & d’atonie des solides. Quand les lotions & fomentations ne suffisent pas, on a recours aux cataplasmes faits avec les quatre farines, où l’on joint les fleurs de camomille & de mélilot, les semences carminatives, les baies de genievre & de laurier, les plantes aromatiques seches. Toutes ces choses pulvérisées, & cuites dans le vin, donnent du ressort aux vaisseaux, & en excitant leur action, sur une humeur lente & visqueuse, la font rentrer dans le torrent de la circulation : il est à propos souvent d’aider les remedes topiques, par l’usage des purgatifs & des remedes apéritifs, tels que les boissons nitrées.

Si la tumeur œdémateuse est accompagnée d’inflammation, & qu’elle dépende de causes permanentes qu’on ne peut détruire, il est à craindre qu’elle ne tombe en gangrene : il faut alors rendre les cataplasmes moins actifs, de peur que la vertu stimulante n’irrite l’inflammation : la farine de graine de lin, ajoutée aux cataplasmes susdits, & la précaution de les faire avec de l’eau de sureau au lieu de vin, seront des moyens de calmer la chaleur de la partie. L’eau de chaux est un excellent antisceptique dans l’œdeme qui menace de gangrene ; l’eau-de-vie camphrée & ammoniacée a aussi son utilité, quand il faut augmenter fortement le ressort de la partie. Si les dispositions gangréneuses se manifestent malgré les soins, il faut se conduire en conséquence. Voyez Gangrene.

Dans le gonflement œdémateux, si la partie conseve du ressort, & se releve après qu’on l’a comprimée, c’est une simple bouffissure : quand la partie œdémateuse est molle & sans ressort, & que les sucs & stagnation sont au-dessous de la peau dont le tissu n’est pas abreuvé, c’est un empatement. L’œdeme est une autre espece de la même maladie ; & les soins tant internes qu’externes, doivent être variés relativement aux indications qui prescrivent ces différens états, aux causes qui les ont produits, au tempérament des personnes qui en sont attaquées, &c. (Y)

ŒDEME, s. f. ou m. en terme de Chirurg. tumeur molle, lâche, sans douleur, sans changement de couleur à la peau, & qui retient l’impression du doigt qui la comprime. Ce mot est dérivé du grec, d’un terme qui signifie enflure ; ce qui fait qu’Hippocrate a donné le nom d’œdeme à toute tumeur en général.

L’œdeme est produite par l’engorgement de la lymphe dans les cellules du tissu adipeux ; & comme la peau n’est formée que par la réunion de plusieurs membranes folliculeuses qui composent ce tissu, la lymphe dans le progrès de l’œdeme écarte peu-à-peu ces feuillets membraneux, & se porte enfin jusque sous l’épiderme immédiatement, qu’il suffit d’effleurer, pour procurer l’écoulement des sucs stagnans. Cette éthiologie est sûre & donne les vûes les plus salutaires pour la guérison de cette maladie.

Quand l’œdeme occupe une grande partie du corps,