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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/403

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cosité qui le rend glissant, se nomme œsophage. Il prend, comme on sait, son origine dans le gosier, & va se terminer dans l’estomac, où il fait passer tout ce qu’on doit avaler ou rejetter. Quoique ce canal soit également fort & musculaire, cependant il est sujet à plusieurs maladies.

Son défaut d’humidité produit le desséchement, & rend la déglutition plus difficile ; on y remédie par le fréquent usage des mucilagineux & des humectans. Son acrimonie qui vient moins des alimens qu’on a pris que de la mucosité elle-même devenue trop âcre, & qui est quelquefois la cause du hoquet, s’adoucit par les émolliens balsamiques. Il faut chasser dehors cette mucosité, & en changer la nature par le secours des détersifs. Les aphthes qui ont coutume d’affecter l’œsophage, trouveront la guérison dans l’application des remedes appropriés à cette maladie.

Si la corrosion, le frottement, ou l’excoriation vient à enlever la surpeau de cette partie, il en résulte une déglutition difficile & douloureuse : si elle est produite par des corps âpres qu’on a avalé, elle se guérira par la boisson des adoucissans & des mucilagineux ; mais si elle doit sa naissance à une mucosité acrimonieuse, il faut recourir en même tems aux antisceptiques. L’ulcere qui survient à l’œsophage demande l’usage des balsamiques, joint à l’abstinence de tous les alimens d’une déglutition pénible. (D. J.)

Œsophage, corps étrangers dans l’œsophage, maladie de Chirurgie. L’introduction des corps étrangers dans le conduit des alimens, occasionne des accidens plus ou moins pressans, suivant la nature & la figure de ces corps. On ne peut pas réduire cette matiere à des principes dont le seul développement puisse fournir une théorie capable de nous conduire dans la pratique ; c’est à l’expérience à nous instruire exactement sur ces cas. Le premier volume des mémoires de l’académie royale de Chirurgie, contient une collection très-étendue de faits relatifs à ce sujet. M. Hevin les a rangés sous quatre classes : dans la premiere, on voit les cas où on peut enfoncer les corps étrangers dans l’estomac sans danger : dans la seconde classe sont compris les corps qu’il faut retirer : on examine dans la troisieme les circonstances où l’on est obligé d’enfoncer les corps qu’il faudroit retirer : & enfin dans la quatrieme, on expose les cas où les corps étrangers ne peuvent être retirés, ni enfoncés, ni rejettés par les voies naturelles.

Nous renvoyons à cet ouvrage le détail de tous ces faits, qui tiendroient trop de place dans ce Dictionnaire, & qui perdroient par abréviation leur principal mérite, qui est d’instruire fidellement & complettement. Nous nous sommes contenté de faire graver quelques instrumens nouveaux, qu’on peut employer pour retirer les corps étrangers arrêtés dans l’œsophage.

Pour éviter les inconvéniens de la pointe du crochet dont quelques praticiens se sont servi, M. Petit en a imaginé un qui est formé d’une tige ou stilet d’argent flexible, ou de deux fils d’argent tournés l’un sur l’autre en spirale ; l’extrémité est recourbée & forme un petit anneau propre à engager le corps étranger. Voyez la fig. 3. Pl. V.

Le même auteur a encore inventé dans les mêmes vûes un instrument dont le succès est beaucoup plus sûr, à cause de la multiplicité d’anneaux dont il est fourni, lesquels peuvent les uns ou les autres se présenter du côté du corps étranger & l’engager. Cet instrument est formé d’une tige d’argent flexible ou de baleine, à l’extrémité de laquelle sont attachés plusieurs petits anneaux, de maniere qu’ils peuvent se mouvoir librement en différens sens, & se présenter de tous côtés à la surface des parois de l’œsophage. Voyez Pl. V. fig. 2.

On peut aussi se servir d’une canule flexible armée d’une éponge. Voyez Pl. V. fig. premiere, & sa description au mot Canule.

Le balai de l’estomac, gravé Pl. XXVIII. fig. 2, & décrit au mot Balai, est aussi fort propre à repousser des corps étrangers arrêtés dans l’œsophage, à les retirer, s’il est possible, & à changer au-moins leur mauvaise détermination en une meilleure.

Nous avons parlé des corps étrangers arrêtés dans l’œsophage au mot Bronchotomie, qu’il est à-propos de consulter pour completter cet article.

Les instrumens que nous venons de décrire sont bien préférables à la tige de porreau, dont se servent les gens qui ne sont pas de l’art, avec plus d’envie d’être utiles que de discernement ; car le porreau peut se casser dans l’œsophage, & augmenter les accidens. Il n’y a rien de mieux qu’une bougie longue & grosse comme le bout du petit doigt : on peut au défaut d’instrumens s’en servir utilement après l’avoir trempé dans de l’huile d’amandes douces, & maniée un peu pour la rendre souple & flexible.

On peut & l’on doit dans quelques circonstances faire une opération pour tirer les corps étrangers engagés dans l’œsophage : on lui a donné le nom d’œsophagotomie. Voyez cet article.

Plaies de l’œsophage, voyez au mot Plaie. (Y)

ŒSOPHAGOTOMIE, terme de Chirurgie, opération qu’on fait à l’œsophage pour tirer les corps étrangers qui y sont arrêtés, qui ne peuvent être ni retirés ni enfoncés, & dont le séjour dans cette partie seroit une cause d’accidens funestes. Voyez dans l’article précédent les secours qu’on peut donner contre les corps étrangers de l’œsophage ; & l’article Bronchotomie, où l’on voit que la ponction de la trachée artere ayant rétabli la respiration, très gênée par un corps étranger dans l’œsophage, on a pu enfoncer ce corps étranger dans l’estomac par des moyens ordinaires, ce qui a dispensé de l’œsophagotomie.

M. Guattani, chirurgien de l’hôpital général de Rome, & premier chirurgien de sa sainteté en survivance, a communiqué en 1747 à l’académie royale de Chirurgie, dont il est associé, une dissertation imprimée dans le troisieme tome de ses mémoires, dans laquelle il établit la possibilité de l’incision de l’œsophage, d’après plusieurs dissections anatomiques, & plusieurs expériences sur des animaux vivans. Il fait observer que l’incision doit toujours se faire à gauche, parce que l’œsophage, suivant la remarque de M. Winslow, n’est point couché sur le milieu des vertebres, mais est situé à la gauche de la trachée-artere. (Y)

ŒSOPHAGIEN, en Anatomie, un des muscles du pharinx, décrit par M. Albinus sous le nom de constricteur du pharinx. On donne ordinairement ce nom au petit plan de fibres demi-circulaires qui se remarque au-dessous des cricopharingiens, & qui s’attache de même qu’eux aux parties latérales externes du cartilage cricoïde.

ŒSTRE, voyez Huitre.

ŒSTRYMNIS, Promontorium, (Géogr. anc.) Festus Avienus parle d’un promontoire, d’un golfe & d’îles qu’il nomme Œstrymnides. Il dit que le promontoire a le sommet de roche ; que le golfe commence à ce promontoire, & que les îles sont riches en plomb & en étain. Ce dernier trait ressemble bien à l’idée que les anciens ont eu des îles Cassitérides : en ce cas le golfe peut être le golfe de France. (D. J.)

ŒSYPE, s. m. (Commerce.) c’est cette espece de graisse ou axonge que l’on nomme plus communément suint, qui est adhérente à la laine de moutons & de brebis, sur-tout à celle d’entre les cuisses & de dessous la gorge.