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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/499

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reux si l’on fait l’opération suivant la méthode que je vais prescrire. La femme étant en situation, on fera l’incision dans le lit désigné, & l’on ne coupera d’abord que la peau & la graisse, ensuite on pénétrera dans le bas-ventre en incisant seulement dans le tiers inférieur de la premiere division, par ce moyen on ne rencontrera que la matrice, dont le fond soutient les intestins, l’on incise la matrice, & l’on étend son incision entre deux doigts de bas en haut, en achevant de couper ce qui reste des parties contenantes à diviser dans la longueur de la premiere incision, de dedans en dehors ; par ce moyen la matrice est toujours soutenue, les intestins ne se présentent point dans la plaie, & ne sont point exposés à être blessés : cette méthode rend l’opération plus prompte, plus sure, & moins embarrassante. (Y)

Opérations chimiques ; elles sont définies dans l’article Chimie, pag. 417. col. 1. en ces termes : « nous appellons opérations tous les moyens particuliers employés à faire subir aux sujets de l’art les deux grands changemens énoncés dans la définition de la Chimie, même page, même colonne, c’est-à-dire à effectuer des séparations & des unions.

» Ces opérations, est-il dit tout-de-suite, ou sont fondamentales, & essentiellement chimiques, ou elles sont simplement préparatoires & méchaniques ».

Les opérations proprement & essentiellement chimiques sont celles qui s’exécutent par les instrumens proprement & essentiellement chimiques, savoir la chaleur & les menstrues, & qui operent l’union ou la séparation des sujets proprement & essentiellement chimiques, savoir des corpuscules des parties primitives, & chimiquement constitutives des corps ; & les opérations simplement préparatoires & méchaniques sont celles qui s’exécutent à l’aide de divers instrumens méchaniques & qui n’agissant que sur l’aggrégation des corps, unissent ou séparent des molécules. Voyez Feu, Menstrues, Union, Séparation, Mixte, Principes, l’article Chimie, & la suite de cet article.

M. Cramer observe dans la premiere partie de sa Docimastique, qu’il est difficile de construire un système régulier & philosophique des opérations chimiques. Tous les auteurs d’institutions chimiques, sans en excepter Juncker, qui est d’ailleurs très-méthodique ; tous ces auteurs, dis-je, ou conviennent expressément de cette difficulté, ou l’annoncent en ce qu’ils y ont évidemment succombé.

La division la plus naturelle, la plus simple & la plus réelle, est celle qu’on en fait en opérations divisantes ou diacritiques, & en opérations unissantes ou syncritiques ; car tous les effets, toutes les actions, toutes les passions chimiques se ramenent à ces deux évenemens généraux, séparer & unir, diacrise & syncrise.

Mais ce qui a arrêté ou embarrassé les chimistes qui ont considéré le plus attentivement & le plus philosophiquement les divers changemens introduits dans les corps par les diverses opérations chimiques ; c’est cette considération très-fondée & très grave en soi, qui est rapportée à l’article Chimie, pag. 417. col. 2. savoir, « qu’il est très-peu d’opérations chimiques qui appartiennent exactement à la diacrise ou à la syncrise : la plûpart au contraire sont mixtes, c’est-à-dire qu’elles produisent des séparations & des unions, qui sont entre elles dans un rapport de cause & d’effet ».

Mais cette considération n’empêche point qu’on ne puisse diviser très-exactement & très-utilement, & par conséquent qu’on ne doive diviser les opérations chimiques en unissantes & en séparantes ; car premierement on ne peut douter qu’il ne soit essen-

tiel à un art philosophique d’avoir un système régulier

& scientifique d’instrumens ou de moyens d’action. Voyez l’article Art. 2°. Il est tout aussi évident que ces moyens doivent être co-ordonnés par leur identité d’effets. 3°. Il est clair que quelques opérations chimiques ne produisent que des séparations ; ou des unions pures & simples ; & que dans la plûpart de celles qui produisent les deux effets, il en est un si évidemment principal relativement à l’intention de l’ouvrier, que l’autre n’est absolument que secondaire ou purement instrumental. Or c’est uniquement à l’intention de l’artiste qu’on doit avoir égard en évaluant l’effet direct & externe d’une opération ; la considération des effets intermédiaires & cachés appartient à la théorie de cette opération, mais est vraiement étrangere à la connoissance de cette opération considérée comme instrument de l’art, comme moyen d’action ; car il est tout aussi indifférent au chimiste qui se propose de séparer l’acide nitreux de l’alkali fixe, par le moyen de l’acide vitriolique, que ce dernier acide agisse en s’unissant à l’alkali fixe, & que par conséquent la séparation d’un principe soit dûe dans ce cas à l’union qu’a contractée l’instrument employé, cet événement est aussi indifférent, dis-je, à l’effet principal & direct de l’opération, ou ce qui est la même chose, à l’objet unique de l’artiste, qu’il est indifférent à l’ouvrier qui a dessein de soulever une masse, à l’aide d’un levier, que cette machine reste après l’opération collée ou non à son point d’appui ; ce n’est pas que l’artiste ne soit obligé de connoître ces événemens cachés & intermédiaires, & que lorsqu’il emploie, du-moins dans des vûes philosophiques, des agens qui sont également enclins, prompts à subir des unions & à opérer de séparations, il ne doive prévoir & modifier les circonstances dans lesquelles ces agens se trouveront pendant le cours des opérations : mais on voit bien que cette connoissance qui constitue la théorie fondamentale & pratique de l’art, est d’un tout autre ordre que cette notion unique & positive, que ce point de vûe simple & distinct, d’après lequel on doit dresser la table ou le système des opérations.

D’après cette vûe nous divisons d’abord très-généralement les opérations chimiques, tant essentielles que préparatoires, en unissantes, en divisantes ou séparantes, & en mixtes ou plutôt complexes.

Secondement, nous renvoyons à la fin de cet article la considération des opérations complexes & des opérations préparatoires, & nous subdivisons les opérations chimiques, tant unissantes que divisantes, en celles qui attaquent la seule aggrégation des corps & en celles qui portent jusques sur leurs mixtions. Cette subdivision nous fournit quatre chefs, savoir les opérations aggrégatives, les opérations disgrégatives, les opérations combinantes ou mixtives, & les opérations résolvantes.

Opérations aggrégatives. Ce sont celles qui rapprochent les particules des corps simplement raréfiés, ou qui ramassent en une seule masse des particules dispersées : on doit rapporter à cette classe,

1°. Le refroidissement des vapeurs, par lequel on les réduit en état de liqueur, qui fait une partie essentielle de la distillation. Voyez la suite de cet article, & l’article Distillation.

2°. La fusion par laquelle les régules, soit simples, soit composés, rapprochent les particules des corps simplement raréfiés (car l’union que contractent les différentes matieres métalliques dans les régules composés, & dans les alliages, doit être rapportée à l’aggrégation), où la limaille des métaux, ou même des masses considérables & distinctes, sont réduites par le secours d’un feu violent en une seule masse liquide qui devient consistante par le