Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/503

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cun en particulier pour appuyer leur conjecture, ce seroit le sujet d’un gros volume.

La classe des interpretes qui ont cherché Ophir en Amérique doit être mise à part, comme de gens qui ont enfanté une opinion dénuée de toute vraissemblance.

Celle des savans qui ont cherché Ophir en Asie, n’a rien qui choque les idées de la navigation. C’est le sentiment de Ribera, Maffé, Grotius, Bochart, Reland, Prideaux, dom Calmet, & de quantité d’autres, mais ils ne s’accordent pas ensemble sur le lieu. Ceux-ci veulent que ce soit Ormus, ceux-là le Pega, d’autres Malaca, & d’autres Sumatra. Grotius conjecture que c’est Saphar, que Ptolomée nomme Saphera. Bochart place Ophir dans l’Arabie, au pays des Sabéens, & lui substitue pour supplément un autre Ophir dans la Tapobrane, qui est l’ile de Ceylan. M. Reland met le pays d’Ophir dans la presqu’île de l’Inde, en deçà du Gange ; dom Calmet met Ophir dans l’Arménie.

Parmi les auteurs qui ont cherché Ophir en Afri que, quelques-uns l’ont placé à Carthage ; d’autres, comme Cornélius à lapide, trouvent ce pays à Angola. M. Huet donne principalement le nom d’Ophir à la contrée de Sophala ; il en apporte plusieurs raisons étayées de beaucoup de savoir.

Il est certain que l’opinion qui met Ophir sur la côte orientale de l’Ethiopie, entre le pays de Sophala inclusivement & le détroit de la mer Rouge, paroît une des plus vraissemblables. Il est du-moins certain par les passages de l’Ecriture, III. Reg. c. jx. v. 26. 27. 28. c. x. v. 11. II. liv. des Paralipom. c. viij. v. 17 & 18. & c. jx. v. 10 ; il paroît, dis-je, par tous ces passages qu’il faut qu’Ophir soit maritime, que la course soit aisée, de sorte qu’on la puisse faire tous les ans ; que ce soit un pays fertile en or ; & qu’enfin un flotte puisse y arriver sans avoir besoin de la boussole. Tout cela quadre assez bien à la côte de Sophala, dont après tant de siecles les richesses ne sont pas encore épuisées. Une mousson y menoit la flotte, l’autre semestre lui donnoit le vent propre pour revenir à la mer Rouge. Point de golfe ni de cap dangereux qui interrompent la course d’une flotte qui rase la côte. Ce sentiment est au reste celui des Navigateurs & des Géographes ; savoir d’Ortelius, de Lopès dans sa navigation de, Indes, de Barros dans ses décades, & autres. (D. J.)

OPHITES, s. m. (Hist. culte.) est le nom d’une secte d’anciens hérétiques sortis des Gnostiques. Leur nom dérive d’ὄφις, serpent, parce qu’ils adoroient le serpent qui avoit séduit Eve. Ils croyoient que ce serpent avoit la science universelle, & ils le regardoient comme le pere & l’auteur de toutes les sciences. Sur ce fondement ils bâtirent une infinité de chimeres, dont on peut voir les principales dans saint Epiphane. Voyez Gnostiques. Ils disoient que ce serpent étoit le Christ, qui étoit fort différent de Jesus né de la vierge Marie ; que le Christ descendit dans Jesus, & que ce fut Jesus & non pas le Christ qui fut mis à mort. En conséquence ils obligerent ceux de leur secte à renoncer à Jesus & à suivre le Christ.

Les Séthiens ou Séthiniens dont il est fait mention dans Théodoret, étoient les mêmes que les Ophites, ou du-moins leur doctrine ne différoit pas beaucoup de celle de ces derniers.

Les Peres ajoutent que les chefs ou prêtres des Ophites en imposoient aux peuples par cette espece de prodige. Lorsqu’ils célébroient leurs mysteres, un serpent qu’ils avoient apprivoisé sortoit de son trou à un certain cri qu’ils faisoient, & y rentroit après s’être roulé sur les choses qu’ils offroient en sacrifice. Ces imposteurs en concluoient que le Christ les avoit sanctifiées par sa présence, & les distribuoient aux

assistans comme des dons sacrés & divins. S. Iren. liv. I. ch. xxxiv. Tertull. de præscript. c. xlvij. Baronius, ad ann. Christ. cxlv.

Ophite, s. f. (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à la pierre connue sous le nom de serpentine, dont la couleur a assez de ressemblance avec celle de la peau de quelques serpens. Voyez Serpentine.

Les anciens naturalistes ont donné le nom d’ophites à des marbres gris tachetés de noir ; ils en distinguoient trois especes, le noir, le blanc & le cendré ou gris. Ils ont aussi appellé ophite une espece de porphyre que Pline a nommé ophites nigricans durus & memphites, lib. XXXVI. cap. vij. dont une espece se nommoit tephrias, ou ophites cinereus. Voyez Em. Mendès d’Acosta, Hist. nat. of. fossils. (—)

OPHIUCUS, s. m. se dit dans l’Astronomie d’une constellation de l’hémisphere boréal, appellée aussi & plus communément serpentaire. Voyez Serpentaire.

OPHIUSA, (Géogr. anc.) nom commun à plusieurs îles ; 1°. à une île de la Propontide, selon Pline, l. IV. 2°. à une île de la Méditerranée, dans le voisinage d’lvica : c’est aujourd’hui Moncolibré ; 3°. à l’île de Cypre, ou du-moins à un canton particulier de cette île. Ophiusa arva, dit Ovide, en parlant de cet endroit ; 4°. Ophiusa est un ancien nom d’un ville de la Scythie en Europe ; 5°. de Cythnus ; 6°. de la Lybie ; 7°. de Thénos, l’une des Cyclades, aujourd’hui l’ile de Tine. (D. J.)

OPHRYNIUM, (Géog. anc.) lieu d’Asie dans la Troade, près de Dardanum. Strabon en parle liv. XIII. page 598. C’étoit-là qu’étoit le bois d’Hector, & ensuite le lac Ptelée.

OPHIRIS, (Botan.) ou ophrys, en anglois tuyblade, en françois double-feuille ; genre de plante dont voici les caracteres selon Linœus. La fleur n’a point de calice particulier, & est composée de six pétales oblongs. La couronne de la fleur est plus longue que les pétales, fendue en deux, & pend en bas. Les étamines sont deux filets très-courts ; les bossettes sont droites & couvertes par le bord interne de la couronne de la fleur. Le germe du pistil est oblong & tortillé ; le stile est adhérant à la partie interne de la couronne de la fleur. Le fruit est une capsule ovale, contenant une quantité de graines aussi fines que de la poussiere.

Hill compte quatre especes d’ophiris, dont il suffira de décrire la plus commune, the common tuyblade. Sa racine est fibreuse & traçante ; elle pousse une seule tige dont les feuilles sont opposées l’une à l’autre. Ses fleurs sont composées chacune de six pétales oblongs ; quand la fleur est passée, le calice devient un fruit qui contient des semences aussi menues que de la sciure de bois. Cette plante croît dans les lieux ombrageux, & fleurit en Juin. Elle n’est pas d’usage ordinaire en Médecine. (D. J.)

OPHTHALMIE, s. f. (Chirurgie.) terme de Médecine, maladie des yeux. C’est proprement une inflammation à la tunique appellée conjonctive, accompagnée de rougeur, de chaleur & de douleur. Voyez Œil, & Xérophthalmie.

Ce mot est formé du grec ὀφθαλμος, œil. Celse nomme l’ophthalmie lippitudo, parce que dans cette maladie il s’attache de la chassie aux yeux, que les Latins appellent lippa.

Il y a une ophthalmie humide & une seche : la premiere est celle où il y a écoulement de larmes, la seconde est celle où il n’en sort point du tout.

Il arrive quelquefois dans l’ophthalmie que les paupieres sont tellement renversées, que l’œil demeure ouvert sans pouvoir se fermer : on l’appelle chemosis, χεμωσις. D’autre fois les paupieres tiennent tellement ensemble, que l’œil ne peut s’ouvrir, &