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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/6

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la tête de l’homme s’enfonçant par sa propre gravité dans l’eau, celle-ci ne tarde gueres à remplir le nez & les oreilles, & que le fort ou le pesant emportant le foible ou le leger, l’homme se noie, & périt en peu de tems.

Mais dans les bêtes brutes, comme leur tête ne renferme que très-peu de cervelle, & que d’ailleurs il s’y trouve beaucoup de sinus, ou cavités pleines d’air, sa pesanteur n’est pas proportionnée au reste de leurs corps, de sorte qu’elles n’ont aucune peine à soutenir le nez au-dessus de l’eau, & que suivant les principes de la statique pouvant ainsi respirer librement, elles ne courent aucun risque de se noyer.

En effet, l’art de nager, qui ne s’acquiert que par l’expérience & par l’exercice, consiste principalement dans l’adresse de tenir la tête hors de l’eau, de sorte que le nez & la bouche étant en liberté l’homme respire à son aise, le mouvement & l’extension de ses piés & de ses mains lui suffisent pour le soutenir vers la surface de l’eau, & il s’en sert comme de rames pour conduire son corps. Il suffit même qu’il fasse le plus petit mouvement, car le corps de l’homme est à-peu-près de la même pesanteur qu’un égal volume d’eau, d’où il s’ensuit par les principes de l’hydrostatique que le corps de l’homme est déja presque de lui-même en équilibre avec l’eau, & qu’il ne faut que peu de forces pour le soutenir.

M. Bazin, correspondant de l’académie royale des Sciences de Paris, a fait imprimer il y a quelques années à Strasbourg un petit ouvrage dans lequel il examine pourquoi les bêtes nagent naturellement, & pourquoi au contraire l’homme est obligé d’en chercher les moyens. Il en donne des raisons prises dans la différente structure du corps de l’homme & de celui des animaux, mais ces raisons sont différentes de celles que nous avons apportées ci-dessus. Selon lui les bêtes nagent naturellement parce que le mouvement naturel qu’elles font pour sortir de l’eau quand elles y sont jettées, est un mouvement propre par lui-même à les y soutenir : en effet, un animal à quatre piés qui nage est dans la même situation, & fait les mêmes mouvemens que quand il marche sur la terre ferme. Il n’en est pas de même de l’homme ; l’effort qu’il feroit pour marcher dans l’eau, en conservant la même situation que quand il marche naturellement, ne serviroit qu’à le faire enfoncer, ainsi l’art de nager ne lui peut être naturel.

Nager, l’action de nager, (Médecine.) il y a peu de maladies chroniques dans lesquelles la nage soit bienfaisante, aussi l’ordonne-t-on rarement ; on prend cet exercice seulement en été ; il maigrit les personnes pléthoriques, facilite la transpiration, échauffe, attenue, & rend ceux qui y sont accoutumés moins sensibles aux injures de l’air, la nage ou le bain dans la mer est salutaire à ceux qui sont attaqués d’hydropisie, de gales, de maladies inflammatoires, d’exanthemes, d’élephanthiasis, de fluxion sur les jambes, ou sur quelqu’autre partie du corps.

La nage, soit dans l’eau douce, soit dans l’eau salée, qui est trop fraîche, porte à la tête ; & si on y demeure trop longtems, sa fraicheur attaque les nerfs.

La nage dans l’eau naturellement chaude peut être aussi préjudiciable, cependant bien des gens s’y exposent sans en être endommagés.

La nage se faisoit anciennement en se précautionnant & se préparant contre tous les accidens, soit par les onctions, soit par les frictions, & en se précipitant de quelque lieu élevé. Oribase, liv. VI. ch.xxvij.

La nage a les mêmes avantages les & mêmes inconveniens que le bain, ainsi on peut la considérer comme un exercice ; car on s’y donne de grands mouvemens qui sont fort salutaires. Voyez Gymnase & Gymnastique. Quant à son avantage comme bain, voyez Bain. C’est la meilleure façon de se laver & nettoyer le corps quand on peut la supporter.

Nager à sec, (Maréchall.) opération que les Maréchaux ont inventée pour les chevaux qui ont eu un effort d’épaule ; elle consiste à attacher la jambe saine en faisant joindre le pié au coude, au moyen d’une longe qu’ils passent par-dessous le garot, & dans cet état ils contraignent le cheval à marcher à trois jambes, & par conséquent à faire de nouveaux efforts sur la jambe malade, sous prétexte que par ce moyen il s’échauffe l’épaule, & qu’ainsi les remedes pénetrent plus avant les pores étant plus ouverts ; mais il est aisé de voir que cet expédient ne fait qu’irriter la partie, augmenter la douleur, & rendre par conséquent le mal plus considérable qu’il n’étoit.

NAGERA, autrement NAXERA, (Géog.) ville d’Espagne, dans la nouvelle Castille, au territoire de Rioja, avec titre de duché. Elle est fameuse par la bataille de 1369, & est située dans un terrein très-fertile, sur le ruisseau de Nagerilla, à 12 lieues N. O. de Calahorra, 53 N. E. de Madrid. Long. 15. 15. lat. 42. 25. (D. J.)

NAGIA, (Géog. anc.) ville de l’Arabie heureuse, dans le pays des Gébanites selon Pline, liv. VI. chap. xxviij. qui ajoûte que cette ville étoit très-grande ; on n’en connoît pas même aujourd’hui les ruines.

NAGIADE ou NÉGED, (Géog.) petite province de l’Arabie, dans laquelle la ville de Médine est située. Voyez Médine.

NAGIAGAH, (Géog.) petite ville du pays de Nabaschac, qui est l’Ethiopie. Elle est à huit journées de Giambita, sur une riviere qui se décharge dans le Nil. On dit qu’au-delà de ce bourg en tirant vers le midi on ne trouve plus de lieu qui soit habité.

NAGIDOS, (Géog. anc.) ville située entre la Pamphylie & la Cilicie selon Strabon, liv. XIV. & selon Etienne le géographe.

NAGNATA, (Géog. anc.) ville de l’ancienne Hibernie, que Ptolomée, liv. XI. chap. j. qualifie de ville considérable, & qu’il place sur la côte occidentale : quelques savans pensent que c’est aujourd’hui Lemerik.

NAGRACUT-AYOUD, (Géog.) royaume des Indes, dans les états du grand-mogol. Il est borné au nord par le royaume du petit Tibet, à l’orient par le grand Tibet, au midi par les royaumes de Siba & de Pengat, à l’occident par ceux de Bankich & de Cachemir.

Nagracut, (Géog.) ville des Indes, capitale du royaume de même nom, dans les états du grand mogol, avec un temple où les Indiens vont en pélerinage. Elle est sur le Ravi, à 120 lieues N. d’Agra. Long. 96. lat. 32.

NAGRAN ou NEDGERAN, (Géog.) petite ville de la province d’Iémen en Arabie, dont le terroir est couvert de palmiers contre l’ordinaire de ce pays-là. Elle est habitée par des familles des tributs de l’Iémen, de qui l’on tire des maroquins.

NAHAR, (Géog. arabe.) ce nom signifie en arabe un fleuve, ou une riviere ; de-là vient qu’il se trouve joint au nom de quelques villes situées sur des rivieres ; ainsi Nahar-Al-Malek est le nom d’une ville de l’Iraque arabique, située sur ce bras de l’Euphrate, que les anciens ont appellé Fossa-regia, ou Basilicus-fluvius ; de même Nahar-Al-Obolla, est le nom d’un vallon des plus délicieux de l’Asie, coupé par une petite riviere. (D. J.)