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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/603

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de plusieurs commanderies en Espagne. Voyez Calatrava, Ordre de. (D. J.)

Ordre du Chardon ou de S. André, (Hist. mod.) est un ordre militaire d’Ecosse, institué, à ce que disent quelques-uns, par Hungus ou Hungo, roi des Pictes, après la victoire qu’il remporta sur Athelstan. Voyez Chevalier.

La légende porte, que pendant la bataille, une croix de S. André, patron d’Ecosse, apparut à Hungus qui en conçut un bon augure, décora son étendart de la figure de cette croix ; & après le gain de la bataille, institua un ordre de chevaliers, dont le collier est d’or entrelacé de fleurs de chardons & de branches de ruë.

Au bas du collier pend une médaille sur laquelle on voit l’image de S. André, ayant sa croix sur la poitrine avec cette devise, nemo me impunè lacesset, personne ne me défie impunément.

D’autres racontent differemment l’origine de cet ordre, & nous assurent qu’il fut institué après la conclusion d’une paix entre Charles VII, roi de France, d’une part, & le roi d’Écosse de l’autre.

L’abbé Justiniani remonte plus haut, & prétend qu’il fut institué par Achaius I, roi d’Écosse en 809, lequel après avoir conclu une alliance avec Charlemagne, prit pour sa devise le chardon avec ces mots, nemo me impunè lacesset, laquelle devise est effectivement celle de l’ordre : il ajoute que le roi Jacques IV. renouvella cet ordre, & le mit sous la protection de S. André.

L’ordre n’est composé que de douze chevaliers, & du roi qui en est le chef & le souverain ; ils portent un ruban verd au bas duquel pend un chardon d’or couronné dans un cercle d’or, avec l’inscription de la devise. (H)

Ordre de d’Eléphant, est un des ordres militaires des rois de Dannemark ; on l’appelle ainsi, parce que ses armes sont un éléphant. Il y a bien des sentimens sur l’origine de l’institution de cet ordre. Mennenius & Hocpingius l’attribuent à Christien IV. qui fut elu roi en 1584 ; Selden & Imhof à Frederic Il elu en 1542 ; Gregorio Leti à Frederic I. qui regna vers 1530, Berhard Rebolledus à Jean I. qui commença à regner en 1478 ; Bechman & Ianus Bicherodrus soutiennent que Camit VI. en est le premier instituteur, & que c’est aux croisades qu’il en faut rapporter l’origine. Il est certain qu’en 1494. l’ordre de l’éléphant subsistoit. Cet ordre s’appella d’abord l’ordre de sainte Marie, & celui de l’éléphant sous Christien I. ce qui donna occasion à son institution, fut une action courageuse de quelques-uns des Danois qui tuerent un éléphant dans une guerre que Canut soutint contre les Sarrasins. Cet ordre a toujours été sous la protection de la sain e Vierge, & s’appelle encore à présent l’ordre de sainte Marie. Au dessous de l’éléphant pend une image de la sainte Vierge, environnée de rayons. Plusieurs princes augmenterent cet ordre. Frederic II. créa beaucoup de chevaliers à la cérémonie de son couronnement. Christien V. en fit autant, & l’orna beaucoup : les chevaliers portent un collier d’où pend un éléphant d’or, émaillé de blanc, le dos chargé d’un château d’argent, maçonné de sable. L’éléphant est porté sur une terrasse de sinople, émaillée de fleurs. Les rois de Dannemark ne font point de chevaliers de l’éléphant que le jour de leur couronnement.

Ordre du S. Esprit, est un ordre de chevalerie institué par Henri III. en 1579, il devoit être composé de cent chevaliers seulement. Pour y être admis, il falloit faire preuve de trois races de noblesse. Le grand maître & les commandeurs sont revétus les jours de cérémonies, de longs manteaux, faits à la façon de ceux qui se portent le jour de S.

Michel. Ils sont de velours noir, garnis tout-autour d’une broderie d’or & d’argent qui représente des fleurs de lis, & forme des nœuds d’or entre trois divers chiffres d’argent, & au-dessus de ces chiffres, de ces nœuds & de ces fleurs de lis, il y a des flammes d’or semées de part en part. Ce grand manteau est garni d’un mantelet de toile d’argent verte, couverte d’une broderie semblable à celle du grand manteau, excepté qu’au lieu de chiffres, il y a des colombes d’argent. Ces manteaux & mantelets sont doublés de satin jaune orangé, ils se portent retroussés du côté gauche, & l’ouverture est du côté droit. Le grand maître & les commandeurs portent des chausses & des pourpoints blancs, façonnés à leur discrétion ; ils ont un bonnet noir surmonté d’une plume blanche, & mettent à découvert sur leurs manteaux le grand collier de l’ordre qui leur a été donné lors de leur réception.

Le chancelier est vétu de même que le commandeur, excepté qu’il n’a pas le grand collier, mais seulement la croix cousue sur le devant de son manteau, & celle d’or pendante au col. Le prevôt, le grand trésorier & le greffier ont aussi des manteaux de velours noir & le mantelet de toile d’argent verte, qui ne sont brodés que de quelques flammes d’or. Ils portent aussi la croix de l’ordre cousue & celle d’or pendante au col ; le héraut & huissiers ont des manteaux de satin & le mantelet de velours verd, bordé de flammes comme ceux des autres officiers. Le héraut porte la croix de l’ordre avec son émail pendue au col, & l’huissier une croix de l’ordre, mais plus petite que celle des autres officiers.

Les prélats, commandeurs & officiers portent la croix cousue sur le côté gauche de leurs manteaux, robes & autres habillemens de dessus. Le grand maître qui est le roi la porte aux habillemens de dessous, au milieu de l’estomac quand bon lui semble, & en ceux de dessus au côté gauche de même grandeur que les commandeurs. Elle est faite en forme de croix de malte en broderie d’argent, au milieu il y a une colombe figurée, & aux angles des rais & des fleurs de lis brodées en argent. C’est un des statuts irrévocables de l’ordre, de porter toujours la croix aux habits ordinaires avec celle d’or au col pendante à un ruban de soie, de couleur bleu céleste, & l’habit aux jours destinés. Les cardinaux, prélats, commandeurs & officiers portent aussi une croix de l’ordre pendante au col & au même ruban. La croix est de la forme de celle de malte, toute d’or, émaillée de blanc par les bords, & le milieu sans émail : dans les angles il y a une fleur de lis ; mais sur le milieu ceux qui sont chevaliers de l’ordre de S. Michel, en portent la marque d’un côté, & de l’autre une colombe. Les cardinaux & les prélats qui ne sont point de cet ordre portent une colombe des deux côtés.

Le collier de l’ordre du S. Esprit est d’or fait à fleurs de lis avec trois différens chiffres entrelacés de nœuds de la façon de la broderie du manteau. Il est toujours du poids de deux cens écus ou environ, sans être enrichi de pierreries ni d’autres choses. Les commandeurs ne le peuvent vendre, engager ni aliéner, pour quelque nécessité ou cause que ce soit, parce qu’il appartient à l’ordre & lui revient après la mort de celui qui le portoit. Avant que de recevoir l’ordre du S. Esprit, les commandeurs reçoivent celui de S. Michel ; c’est pourquoi leurs armes sont entourées de deux colliers. En 1664. le roi fixa le nombre des chevaliers à cent. Les officiers sont le chancelier & garde des sceaux, le prévot & grand maître des cérémonies, le grand trésorier, le greffier, les intendans, le généalogiste de l’ordre, le roi d’armes, les hérauts & les huissiers.