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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/605

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& embrasserent la réformation : les autres transfererent le siege du grand-maître à Margentheim ou Mariendal en Franconie, où le chef-lieu de l’ordre est encore aujourd’hui.

Ils y élurent pour leur grand-maître Walter de Cromberg, intenterent un procès contre Albert, que l’empereur mit au ban de l’empire : cependant l’ordre ne put jamais recouvrer ses domaines ; & aujourd’hui les chevaliers ne sont tout-au-plus que l’ombre de ce qu’ils étoient autrefois, n’ayant que trois ou quatre commanderies, qui suffisent à-peine pour faire subsister le grand-maître & ses chevaliers.

Pendant que l’ordre teutonique étoit dans sa splendeur, ses officiers étoient le grand-maître, qui faisoit son séjour à Mariendal, & qui avoit sous lui le grand-commandeur, le grand-maréchal, résidant à Conigsberg, le grand-hospitalier, résidant à Elbing, le drapier, chargé de fournir les habits, le trésorier vivant à la cour du grand maître, & plusieurs autres commandeurs, comme ceux de Thorn, de Culm, de Brandebourg, de Conigsberg, d’Elbing, &c.

L’ordre avoit aussi des commandeurs particuliers dans les châteaux & dans les forteresses, des avocats, des pourvoyeurs, des intendans, des moulins, des provisions, &c.

Waisselms, dans ses annales, dit que l’ordre avoit 28 commandeurs de villes, 46 de châteaux, 81 hospitaliers, 35 maîtres de couvens, 40 maîtres d’hôtels, 37 pourvoyeurs, 93 maîtres de moulins, 700 freres ou chevaliers pour aller à l’armée, 162 freres de chœur ou prêtres, 6200 serviteurs ou domestiques, &c.

Les armes de l’ordre teutonique sont une croix partie de sable chargée d’une croix potencée au champ d’argent. Saint Louis, roi de France, avoit permis d’y joindre quatre fleur-de-lis d’or ; & anciennement elles faisoient partie de leur blason, mais peu-à-peu ils ont négligé & enfin abandonné cette marque d’honneur.

Ordre de la toison d’or, (Hist. mod.) order of the golden fleece, est un ordre militaire institué par Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne en 1429. Voyez Ordre.

Il a pris son nom de la représentation de la toison d’or, que les chevaliers portent au bas d’un collier, composé de fusils & de pierres à feu. Le roi d’Espagne est le chef & grand-maître de l’ordre de la toison, en qualité de duc de Bourgogne. Le nombre des chevaliers est fixé à trente & un. On dit qu’il fut institué à l’occasion d’un gain immense que le duc de Bourgogne fit sur les laines. Les Chimistes prétendent que ce fut pour un mystere de chimie, à l’imitation de cette fameuse toison d’or des anciens, qui, selon les initiés dans cet art, n’étoit autre chose que le secret de l’élixir écrit sur la peau d’un mouton.

Olivier de la Marche dit qu’il remit en mémoire à Philippe I. archiduc d’Autriche, pere de l’empereur Charles V. que Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, son aïeul, avoit institué l’ordre de la toison d’or, dans la vue de celle de Jason, & que Jean Germain, évêque de Châlons sur Saône, & chancelier de l’ordre, étant venu sur ces entrefaites, le fit changer de sentiment, & déclara au jeune prince que cet ordre avoit été institué en mémoire de la toison de Gédéon. Mais Guillaume, évêque de Tournai, qui étoit aussi chancelier de l’ordre, prétend que le duc de Bourgogne eut pour objet la toison d’or de Jason, & celle de Jacob ; c’est-à-dire, ces brebis tachetées de diverses couleurs que ce patriarche eut pour sa part, suivant l’accord qu’il avoit fait avec son beau-pere Laban ; ce qui a donné lieu à ce prélat de faire un gros ouvrage en deux parties. Dans la premiere,

sous le symbole de la toison de Jason, il parle de la vertu de magnanimité dont un chevalier doit faire profession ; & sous le symbole de la toison de Jacob, de la vertu de justice.

Paradin a suivi ce sentiment, en disant que le duc voulut insinuer que la conquête fabuleuse que l’on dit que Jason fit de la toison d’or, n’étoit autre chose que la conquête de la vertu, qu’on ne peut acquérir sans vaincre les monstres horribles, qui sont les vices & les affections désordonnées.

Dans la premiere institution, les chevaliers portoient un manteau d’écarlate fourré d’hermine. Maintenant leur habit de cérémonie est une robe de toile d’argent, un manteau de velours cramoisi rouge, & un chaperon de velours violet. La devise est, pretium non vile laborum, qui semble faire allusion aux travaux que Jason & ses compagnons surmonterent pour enlever la toison, & dont elle fut le prix.

Ordre de bataille, c’est la disposition ou l’arrangement des troupes de l’armée pour combattre. Voyez Armée.

On a donné (article Armée) l’ordre ordinaire sur lequel les troupes sont mises en bataille, c’est-à-dire, sur deux lignes avec des reserves, la cavalerie également distribuée aux aîles, & l’infanterie au centre. Dans cet ordre les bataillons & les escadrons forment des lignes tant pleines que vuides ; les troupes de la seconde ligne sont placées derriere ou en face des intervalles de celle de la premiere.

Comme ces intervalles, lorsqu’ils sont égaux au front des bataillons & des escadrons, augmentent considérablement le front de l’armée, M. le maréchal de Puysegur prétend qu’il faut les réduire à dix toises pour les bataillons, & à six pour les escadrons. Voyez Intervalle. Dans cet état, toutes les parties de l’armée étant plus réunies, il en résulte plus de force pour l’ordre de bataille. Mais on peut encore le rendre plus formidable en combattant en ligne pleine. Voyez Armée & Ligne pleine. Ce dernier ordre a cependant un inconvénient, c’est que si la ligne pleine est rompue, il est presque impossible de rétablir le désordre : mais en formant derriere une seconde ligne, comme une espece de reserve partagée en plusieurs grandes parties propres à soutenir la premiere dans les endroits où elle peut être forcée, ou a de cette maniere, l’avantage d’attaquer l’ennemi dans un ordre plus fort, & celui de pouvoir remédier, comme dans l’ordre en lignes tant pleines que vuides, aux accidens qui peuvent arriver à la premiere ligne.

L’usage ordinaire de mettre la cavalerie aux aîles, & l’infanterie au centre, n’est pas généralement approuvé, parce qu’alors chaque armée, ou chaque espece de troupe est abandonnée à sa propre force ; c’est-à-dire, que la cavalerie ne soutient point l’infanterie, & celle-ci la cavalerie. Voyez Infanterie.

Montecuculi, le chevalier Folard, M. de Santa-Crux, M. de Puysegur & plusieurs autres militaires habiles, auxquels cet inconvénient n’a point échappé, ont proposé différentes manieres d’y remédier. Suivant le célébre commentateur de Polybe, il faut mêler dans l’ordre de bataille la cavalerie & l’infanterie, de maniere que ces différentes troupes occupent alternativement des parties de chaque ligne ; que la cavalerie de la seconde soit derriere l’infanterie de la premiere, & cette même troupe de la seconde ligne derriere la cavalerie qui est en premiere ligne. Par cet arrangement les deux différentes especes de troupes de l’armée se soutiennent réciproquement. Ce mélange devient d’autant plus important, que la cavalerie de l’ennemi est en plus grand nombre & meilleure que celle qu’on peut lui opposer. Voyez sur ce sujet les élémens de Tactique, où