Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/621

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amer. Il s’éleve d’entr’elles des tiges qui portent à leurs sommités des fleurs jaunes, exhalant une odeur douce & mielleuse. Chaque fleur est un tuyau évasé en entonnoir, à pavillon découpé en cinq ou six parties. Ses semences sont menues, de couleur brune, renfermées dans un fruit presque rond. Sa racine est grosse, garnie de fibres blanches. Le suc qu’on tire de sa fleur est un fort bon cosmétique. Elle croît naturellement sur les montagnes dans la Styrie, le Tirol, la Savoie, la Suisse, & autres lieux ; on la cultive beaucoup dans nos jardins. Voyez donc Oreille d’ours, Jardin. (D. J.)

Les oreilles d’ours sont très-précieuses aux curieux, tant par leurs variétés, que par l’excellence de leur odeur. Elles fleurissent en Avril, & sont pendant ce mois dans toute leur force. Les Hollandois en font leurs délices, & les Anglois ont décoré leurs nombreuses especes par les noms des personnes de la premiere qualité ; mais comme il arrive que telle espece d’oreille d’ours aujourd’hui fort recherchée, le soit peu l’année suivante, à cause qu’il en paroît sans cesse de nouvelles especes, je vais indiquer les marques estimables de cette fleur.

Une belle oreille d’ours doit, selon Miller & Bradley, se connoître à ces marques : 1°. la tige à fleur doit être forte & de résistance ; 2°. les pédicules des fleurs doivent être courts, & capables de soutenir la fleur bien droite ; 3°. le tuyau ou col de chaque fleur doit être bien court ; 4°. les fleurs doivent être grandes & régulieres ; 5°. leurs couleurs doivent être vives & bien mêlées ; 6°. leur œil doit être grand, rond, & d’un beau blanc ; 7°. leurs fleurs doivent s’étendre à plat, & ne jamais former le godet ; 8°. il faut qu’il y ait une bonne quantité de fleurs également étendues sur la tige.

Une oreille d’ours qui a ces perfections est toûjours belle ; ce n’est que de celles-là dont il s’agit de conserver la graine pour en semer & perpétuer d’autres, si on veut bien réussir. Les graines de cette fleur doivent être recueillies aussi-tôt que les tiges sont jaunes, & les gousses parvenues à leur grosseur. Lorsque l’on veut conserver leurs graines, aussi-bien que celles de toutes les autres plantes, Bradley conseille d’arracher toutes les gousses avec la tige, & de les garder dans cet état jusqu’au moment de les semer. Rien ne contribue tant à la force & à la vigueur des plantes qu’on veut multiplier de graine, que la bonne méthode de conserver les graines jusqu’au tems de la semaille, & rien ne peut nous donner de meilleures instructions, à cet égard, que la nature elle-même.

La graine d’oreille d’ours doit être recueillie dans une matinée seche, & être exposée pendant un couple de mois au soleil, quelques heures par jour, sur des feuilles de papier, jusqu’à ce qu’elle soit hors d’état de moisir. Pour-lors on la tient dans des en droits fort secs jusqu’au mois de Février, auquel tems il faut la nettoyer & la semer de la maniere suivante.

Préparez une caisse de bois de chêne ou de sapin de quatre piés de longueur, de deux de largeur, & de six de profondeur, dont le fond soit percé de trous éloignés de six pouces les uns des autres. Mettez dans cette caisse de la terre de potager bien criblée & du terreau de couche, autant de l’un que de l’autre, & mêlez-les bien. Ensuite on seme la graine sans la recouvrir de terre, on se contente de la presser sur la terre avec un bout de planche, afin de l’affaisser de maniere que la terre soit au-dessus des bords de la caisse ; alors, dans les arrosemens, la graine qui est légere ne passe point par dessus les bords. Cette pépiniere ne doit jamais être seche, car sans une continuelle humidité la graine ne leveroit pas. On couvrira cette caisse avec un réseau,

afin que les oiseaux ne viennent pas la détruire. Depuis le tems qu’on la seme jusqu’au commencement d’Avril, il faut placer la caisse dans un endroit à l’ombre, de peur que le soleil ne desseche les jeunes plantes. S’il arrivoit faute d’arroser que la graine ne levât pas la premiere année, il faudroit conserver la caisse jusqu’à l’année suivante, & on en aura surement une bonne récolte.

Ces plantes venues de graine, seront assez fortes pour être transplantées aux mois de Juillet ou Août suivans, à environ quatre pouces de distance dans des carreaux de terre légere bien criblée, à un endroit où elles n’aient que le soleil du matin. Il est à propos même de les défendre de la chaleur pendant quinze jours après les avoir plantées. Au mois d’Avril suivant, on peut espérer que quelques-unes commenceront à fleurir. Pour-lors si elles ont les qualités dont on a parlé, on les transplante dans des pots, remplis ou d’une demi-charge de sable de mer, d’une charge de terre franche, & d’une charge de terre à melon, le tout passe par le crible ; ou d’une terre franche sablonneuse à laquelle on ajoute une égale quantité de terre à melon, le tout mêlé ensemble & criblé. Au reste, toutes les terres composées & les mêlanges doivent rester quelque tems en monceaux, afin que leurs différentes parties puissent s’incorporer bien ensemble avant que l’on en fasse usage. Il nous reste à parler de la maniere de faire fleurir les oreilles d’ours : la voici.

Mettez des pots sur des tablettes les uns au-dessus des autres, dans un endroit du jardin où ils ne puissent avoir que le soleil du matin ; à mesure que ces fleurs se couvrent d’une espece de duvet velouté, qui contribue beaucoup à en augmenter la beauté, il faut les couvrir pendant les pluies, qui seroient capables de détruire ce duvet & de fanner leurs couleurs. La saison favorable pour diviser leurs racines, est lorsqu’elles sont en fleur, ou vers la fin du mois de Juillet.

Les curieux fleuristes sont avertis de ne pas donner trop d’humidité en hiver aux oreilles d’ours, d’en enlever sans cesse les feuilles pourries, de ne pas laisser passer à ces fleurs le mois de Janvier, sans ôter la terre usée d’autour des racines, & de remplir les pots de nouvelle terre préparée. Enfin, on peut consulter dans ce pays un traité fort détaillé sur la culture de l’oreille d’ours. Il est imprimé à Paris, en 1745, en 2 vol. in-12. (D. J.)

Oreille de rat, (Botan.) voyez Piloselle, (Botan.)

Oreille de souris, myosotis, genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposées en rond. Le pistil sort du calice & devient dans la suite un fruit qui ressemble à une corne de bœuf, & qui s’ouvre par la pointe ; il renferme de petites semences, le plus souvent arrondies & attachées à un placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Oreille de souris (Mat. médic.) oreille de rat, piloselle, est très-amere ; elle est comptée parmi les plantes astringentes, vulnéraires, & détersives. Les Medecins botanistes vantent beaucoup son extrait & son suc pour la guérison des ulceres internes, & sur tout de la phthisie & de la dissenterie. Ils recommandent aussi ce remede comme capable de nettoyer les reins & la vessie des petits graviers qui occasionnent plusieurs maladies graves de ces organes, & pour guérir la jaunisse, les obstructions, les rétentions de regles, &c. Ils donnent pour un remede éprouvé contre la fievre tierce une forte infusion de cette plante dans le vin blanc prise à la dose d’environ huit onces, une heure avant l’accès.

Les feuilles d’oreille de souris entrent dans le bau-