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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/636

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buffet ou petit orgue, qu’on appelle positif, pour le distinguer de l’autre buffet qu’on appelle grand orgue. Ce positif est ordinairement à trois tourelles, & le grand orgue à cinq, sept, neuf, ou davantage, auquel cas le positif est à cinq. La figure CDFE, qui est le plan du positif, fait voir sa situation par rapport au grand orgue ; & c’est entre ces deux buffets que se place l’organiste.

La situation des orgues dans les églises est sur un lieu élevé, comme par exemple, sur quelque tribune, au-devant du balustre de laquelle, le positif avance en saillie.

Derriere la face du buffet d’orgue sont placés horizontalement deux sommiers abc, au-dessus desquels sont placés les faux sommiers delg, percés d’autant de trous qu’il y en a dans le sommier. Ces trous, au-travers desquels passent les tuyaux dont le pié répond sur le sommier, servent à les maintenir dans la siiuation verticale qu’ils ont tous. Voyez l’article Sommier, où sa construction & son usage sont expliqués fort au long, & les fig. 2. jusqu’à 14. qui en font voir tous les développemens. Nous dirons seulement ici que les gravures ou conduits KL, fig. 2. sont horizontaux, & que leur direction est perpendiculaire à la face du fût d’orgue, que les registres MN, fig. 10. croisent en angles droits les gravures, & par conséquent qu’ils sont paralelles à la face du buffet. Le nombre des gravures est égal à celui des touches du clavier. On saura aussi qu’il y a autant de sommiers qu’il y a de claviers ; ainsi si un orgue a deux, trois, quatre, cinq claviers, le nombre des sommiers est le même, & ils sont placés dans le buffet ainsi que nous dirons ci-après.

Des claviers. Les claviers des orgues n’ont ordinairement que quatre octaves, auxquelles on ajoute quelquefois un d la ré en haut & un a mi la en bas. Voyez l’article Clavier ; leur facture & usage est expliqué, & les fig. 15, 16, 17, 18, 19.

Des abrégés. Les claviers communiquent aux sommiers par des abrégés, ainsi leur nombre est égal à celui des claviers. Voyez Abregé. Il en faut pourtant excepter le clavier & le sommier du positif qui communiquent l’un à l’autre par le moyen des bascules, appellées par cette raison, bascules du positif, & des pilotis. Voyez ces mots à leurs articles ; & celui des cornets qui communiquent ordinairement par des bascules brisées, voyez Bascules brisées.

L’abrégé du grand orgue est placé dans l’intérieur entre le clavier & les sommiers ; sa planche est adossée à la face du buffet, en sorte que les targettes qui descendent de l’abrégé au clavier, & celles qui montent de l’abrégé au sommier soient toutes dans un même plan paralelles à la face du fût d’orgue : l’abrégé du clavier de pédales est entre ce clavier & le clavier du grand orgue ; quelquefois il est double, c’est-à-dire que les rouleaux de cet abrégé font mouvoir les rouleaux d’un autre abrégé qui communique par ses targettes ou fil de fer, aux soupapes des sommiers des pédales.

Le vent sorti des soufflets (voyez Soufflets), est porté aux laies des sommiers par de grands tuyaux de bois, qu’on appelle porte-vents : il ne peut en sortir que lorsque l’on baisse une touche du clavier, qui fait ouvrir la soupape correspondante ; alors il entre dans la gravure du sommier : cependant il ne fera parler aucun tuyau, si aucun des registres n’a du vent. Ainsi l’on voit qu’il est nécessaire d’avoir quelque machine qui puisse ouvrir ou fermer les registres à volonté. La méchanique qui accomplit cette indication s’appelle mouvement, voyez Mouvement, quoiqu’il y ait bien d’autres parties mobiles dans l’orgue.

Il faut bien remarquer que les tuyaux qui cou-

vrent un sommier sont rangés dans deux directions ;

l’une, selon celle du registre ; la suite des tuyaux prise en ce sens, constitue ce qu’on appelle un jeu, & que leur nombre est égal à celui des touches du clavier ; que la suite des tuyaux étant prise dans le sens de la gravure, n’est composée que d’un tuyau de chaque jeu ; ainsi sur la même gravure répondent tous les ut des différens jeux ; sous une autre gravure tous les des différens jeux, &c.

On a entendu ci devant comment le vent porté des soufflets dans la laie entre dans une gravure ; on peut entendre à présent qu’il ne fera parler qu’un seul tuyau d’un seul jeu, s’il n’y a qu’un seul registre d’ouvert ; qu’il fera parler deux tuyaux de deux jeux différens, s’il y a deux registres ouverts, ainsi du reste.

De la fabrique des jeux de l’orgue. Premierement des jeux qui se font de bois. Tous les tuyaux de bois qui entrent dans la composition d’un orgue sont tous semblables ; ils ne different les uns des autres que par leur grandeur, que l’on regle sur le diapason, voyez Diapason. Un tuyau de bois, tel que celui qui est représenté, fig. 30. Pl. d’orgue, est composé de quatre planches de bois d’Hollande assemblées, à rainure & languettes, ainsi que la fig. 52. le fait voir. Ces quatre planches sont fortement collées, & d’une épaisseur proportionnée à la grandeur du tuyau : elles doivent former un quarré parfait dans leur intérieur, que l’on ferme par le bas par une piece de bois quarrée 22, percée en son milieu d’un trou pour recevoir le pié A, qu’on appelle contre biseau, parce qu’elle est opposée au biseau C, qui est une autre planche qui traverse le tuyau, & qui est ébiselée en-dessous, comme la figure le fait voir. La piece 3 s’appelle levre inférieure, & le petit vuide qui est entre le biseau & la levre inférieure s’appelle lumiere ; l’ouverture 34 entre la levre inférieure & la supérieure 4 5, taillée en biseau, qu’on appelle bouche, doit être le quart de la largeur b b fig. 30. n°. 1. On forme la levre supérieure o par deux traits de scie xyxy, qui vont en diminuant de profondeur de y en x ; on enleve avec le ciseau tout le bois superflu, en sorte que cette levre bxxb soit un quarré parfait, & qu’elle aille en biseau 5 4, comme le profil le fait voir. Cette opération se fait avant que de coller le tuyau, que l’on ferme par le haut avec un tampon EF, qui est une piece de bois quarrée couverte de peau de mouton, le côté velu en-dehors afin de fermer exactement l’ouverture ; ce tampon a un manche ou poignée F, pour pouvoir le retirer ou enfoncer facilement dans le tuyau pour accorder.

Reste maintenant à expliquer la formation du son dans les tuyaux soit ouverts ou fermés : nous commencerons par celle des tuyaux ouverts, en supposant seulement que le son ne consiste que dans les ondulations élastiques des parties de l’air, ainsi que cela est universellement reconnu ; que l’air est un corps qui peut être plus ou moins condensé, & qu’il a une force d’inertie, voyez l’article Air. L’air chassé par les soufflets, & qui est chargé de tout leur poids, entre dans le tuyau DE par le pié A placé dans le sommier, passe dans la chambre B, sort ensuite par la lumiere 3 c, ensuite se partage en deux parties ; l’une sort hors du tuyau & se perd en F, l’autre entre dedans, passe par D vers E, où nous supposerons que le tuyau est ouvert.

L’air qui vient des soufflets dans le sommier est beaucoup plus condensé que l’air extérieur, en vertu de son élasticité, fait effort en tout sens pour se dilater, mais il ne le peut que par l’ouverture du pié A ; ainsi il sort par cette ouverture & agit sur l’air contenu dans la chambre B, qu’il condense à son tour ; celui-ci condensé fait effort pour se rétablir, mais il ne peut se dilater qu’en sortant par la lumiere